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soi

GRAND-PRÊTRE

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de Jésus-Christ rendant à son Père ses devoirs d’adoTation, d’action de grâces, de supplication et d’expia110n. Cf. Bâhr, Symbolik des mosaischen Cultus, t. ii, p. 156-160. Par la majesté de sa fonction, il frappait l’esprit de l’Hébreu d’une admiration religieuse et maintenait la foi en l’unité, la sainteté et la puissance. de Dieu. Son influence n’allait pas au delà. Entre l'époque de Josué et celle de Saùl, sauf Héli dans une certaine mesure, on ne voit aucun pontife prendre la direction de la nation. Sa place est au sanctuaire et le texte sacré ne dit nulle part que Dieu lui en ait attribué une autre. — 2. De temps en temps cependant, les grandsprêtres de cette première période se font remarquer par des interventions publiques funestes ou heureuses. Héli, par sa lamentable faiblesse paternelle, fut cause de la prise de l’arche par les Philistins et du désastre de son peuple. I Reg., IV, 1-18. Ce ne fut pas le grand-prêtre qui sacra Saül et David, mais un simple lévite, Samuel, dont Dieu fit le guide de son peuple pendant le passage de la théocratie pure à la royauté. I Reg., x, 1 ; xvi, 43. Achimélech favorisa la cause de David et périt, victime de son dévouement, par l’ordre de Saùl. I Reg., xxil, 16-18. Son fils Abiathar servit d’abord David avec fidélité ; mais ensuite il travailla à assurer la royauté à Adonias, au détriment de Salomon, III Reg., i, 7, 8, qui lui ôta sa dignité pour l’attribuer à Sadoc, ii, 26, 27, 35. Celui-ci assista à la consécration du Temple, mais ce fut Salomon qui eut la part principale à cette solennité. III Reg., viii, 1-66. Les prophètes Élie et Elisée prirent plus tard la direction morale de la nation, sans que les

grands-prêtres sortissent de leurs attributions purement

liturgiques. Cependant le grand-prêtre Joïada joua le principal rôle dans la révolution politique qui substitua sur le trône de Jérusalem le jeune Joas, fils d’Ochosias, à l’usurpatrice Athalie. IV Reg., xi, 1-20. Une mésentente ne se produisit pas moins ensuite entre le roi et le grand-prêtre, au sujet des offrandes et des travaux d’entretien du Temple, xii, 4-16. Quand Achaz voulut introduire dans le Temple un autel et des ustensiles assyriens, à la place de ceux qu’avait établis Salomon, le .grand-prêtre Urie s’y prêta docilement. IV Reg., xvi, 10-18. Mais déjà les grands prophètes étaient apparus pour annoncer la captivité et intimer les ordres du Seigneur. Sous Josias, le grand-prêtre Helcias découvrit dans le Temple le livre de la Loi, ce qui fut l’occasion d’une rénovation religieuse. IV Reg., xxii, 3-xxiii, 24. Enfin arrivèrent la ruine du Temple et la captivité. Durant toute cette période de la royauté, le souverain pontificat resta donc à peu près toujours confiné dans un rôle relativement secondaire, au-dessous du roi qui commandait, à côté des prophètes qui parlaient au nom de Dieu et exerçaient une influence prépondérante sur le mouvement des idées dans la nation.

Après la captivité.

1. Le dernier grand-prêtre,

Josédec, avait été emmené en captivité et mourut à Babylone. I Par., vi, 14, 15. Son fils Josué fut élu à sa place et travailla avec Zorobabel à la reconstruction du Temple. I Esdr., iii, 2 ; Agg., i, 1, 14 ; Eccli., xlix, 14. Le petit-fils de Josué, Éliasib, y travailla à son tour. II Esdr., iii, 1. Le fils d'Éliasib, Jonathan, II Esdr., xii, 23, eut pour successeur son fils Jeddoa, II Esdr., xii, 11, ou Jaddus, qui, d’après Josèphe, Ant. jud., XI, viii, 4, 5, se présenta en habits pontificaux devant Alexandre à la porte de Jérusalem, comme fera plus tard saint Léon devant Attila aux portes de Rome, montra au conquérant la prophétie de Daniel qui concernait son empire et concilia à sa nation la bienveillance du roi macédonien. Les pontifes suivants se trouvèrent aux prises avec les rois de Syrie. Les successeurs immédiats de Jaddus, Onias 1° et Simon le Juste, Eccli., l, 1, furent à Sa hauteur de leur mission, continuant ainsi la série des dignes grands-prêtres qui avait commencé avec le iils de Josédec. Onias II, fils de Simon le Juste, fut sur

le point d’attirer la vengeance de Ptolémée Evergète contre son peuple par son avarice. Josèphe, Ant. jud.,

XII, IV, 1. D’après III Mach., ii, 1-24, son fils Simon II aurait empêché le roi Ptolémée Philopater de pénétrer dans l’intérieur du Temple, tentation qui dut venir à plus d’un prince. Onias III, fils de Simon II, fut un saint et énergique pontife, qui eut la gloire de défendre le Temple contre l’agression d’Héliodore. II Mach., iii, 1-35 ; Eccli., L, 1. Ces pontifes furent donc presque tous remarquables par leur zèle pour la maison de Dieu et par leurs vertus. — 2. Avec la période suivante commença la décadence, que ne put enrayer l’héroïsme des grands-prêtres machabéens. Josué, frère d’Onias III, changea son nom en celui de Jason, pour lui donner une tournure grecque, et s’appliqua à introduire chez les Juifs les coutumes païennes. II Mach., iv, 7, 13, etc. Onias qui, en lui succédant, prit le nom grec de Ménélas, poussa encore plus loin sa fureur de paganisme. II Mach., iv, 23-29. Alcime, primitivement appelé Joachim, fut un homme de trahison, de sang et d’impiété. Les grands-prêtres descendants de Mathathias, Jonathas, Simon et Jean Hyrcan, relevèrent noblement le prestige de la dignité pontificale ; leur religion fut égale à leur bravoure et ils assurèrent pour quelque temps l’indépendance de leur nation. Pendant près de soixante-dix ans, ces princes asmonéens et leurs successeurs unirent dans leurs mains le pouvoir civil et la dignité pontificale. Mais les choses ne restèrent pas longtemps en bon état. Le fils même de Jean Hyrcan, Aristobule, fut le meurtrier de sa mère et de son frère. Josèphe, Ant. jud.,

XIII, xi, 1-3. Alexandre Jannée, son autre frère, qui lui succéda, fut plutôt un guerrier ambitieux qu’un grandprêtre. Josèphe, Ant. jud., XIII, xii, 1-3. Hyrcan II, fils du précédent, ne fut d’abord que grand-prêtre pendant que régnait sa mère Alexandra. Devenu roi et soutenu par les pharisiens, il fut attaqué par son frère Aristobule et forcé d’abdiquer la royauté. Josèphe, Ant. jud.,

XIV, I, 2. Au cours de la lutte entre les deux frères, Pompée arriva en Judée, prit Jérusalem et pénétra jusque dans le Saint des Saints. La Judée fut alors réduite à l'état de simple ethnarchie sous la dépendance des Romains. Les discordes fraternelles des derniers princes asmonéens furent ainsi l’occasion de l’asservissement définitif de la nation. C’est à cette première catastrophe qu’aboutit l’action d’un pontificat devenu oublieux de sa mission nationale et religieuse. — 3. Nous avons vu qu’Hyrcan II était passé de la secte des pharisiens, « qui avaient pour eux la faveur populaire, » à celle des sadducéens, « qui constituaient le parti des riches. » Josèphe, Ant. jud., XIII, x, 6. Les grands-prêtres sadducéens firent tomber le souverain pontificat au dernier degré de l’avilissement. Matérialistes, ils ne croyaient ni à l'âme ni à la vie future. Grands seigneurs, ils traitaient avec mépris le peuple et les simples prêtres, vivaient dans un luxe insolent, Pesachim, 57 a, allant jusqu'à mettre des gants de soie pour toucher les victimes des sacrifices. Midrasch Ech-a, 1, 16 ; Pesachim, t. 57 a. Avides d’argent, ils commençaient par acheter leur dignité, comme avaient fait jadis Jason, II Mach., IV, 7-17, et Ménélas. II Mach., iv, 43-50. Pour rentrer dans leurs avancés, ils vendaient aux marchands et aux agioteurs l’autorisation de profaner le Temple par leur trafic et changeaient à la lettre la maison de Dieu en « caverne de voleurs ». Joa., ii, 16 ; Matth., xxi, 13 ; Marc, xi, 17 ; Luc, XIX, 46. Ils en vinrent, raconte Josèphe, Ant. jud., XX, viii, 8, « à ce degré d’impudence et d’audace qu’ils envoyaient sans honte leurs serviteurs dans les greniers pour saisir et emporter les dîmes dues aux simples prêtres. » À cette époque, le pouvoir civil s’efforçait de tenir les grands-prêtres sous sa dépendance, en gardant les vêtements pontificaux dans la tour Antonia et en ne les livrant qu’aux grandes fêtes. Il en fut ainsi depuis l’avènement d’Hérode. Ce fut le légat de Syrie, Vitellius succès-