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GOÊL — GOÏM

gôêl des siens : Dieu veut bien accepter, en faveur des justes et du peuple qu’il s’est choisi, les charges qui incombent au gôêl, les traiter, par conséquent, comme ses proches, les défendre et revendiquer leurs droits contre ceux qui les oppriment. Jacob, Gen., xlviii, 16, appelle son gôêl (Vulgate : émit) l’ange qui l’a sauvé des dangers auxquels il avait été exposé. Dieu lui-même déclare dans l’Exode, vi, 6, qu’il sera le gôêl (Vulgate : redimam) de son peuple contre les Égyptiens, et il tint parole ; aussi Moïse le remercie-t-il, dans son cantique après le passage de la mer Rouge, d’avoir racheté (gâ’âlṭâ ; Vulgate : redemisti), son peuple. Expd., xv, 13. Le Psalmiste, lxxvii (lxxvi), 16, fait de même. Cf. Is., li, 10. C’est Dieu également qui a racheté comme gôêl (gâ’âlṭâ ; Vulgate : redemisti) le mont Sion pour son héritage. Ps. lxxiv (lxxiii), 2. — De même que Dieu remplit ses devoirs de gôêl en rachetant l’héritage de son peuple, il les remplira aussi en le rachetant lui-même quand il sera captif. « Ne crains pas, lui dit-il par la bouche d’Isaïe, xliii, 1, je suis ton gôêl (Vulgate : redemi te), je t’ai appelé par ton nom ; tu es à moi. » Voir également Is., xltv, 22, 23. Il le délivre donc (gâ’al) de la captivité de Babylone. Is., xlviii, 20 ; lii, 9 ; lxii, 12 ; lxiii, 9 ; Jer., xxxi, 11. Cf. Os., xiii, 14. Aussi se donnet-il le titre de « Gôêl d’Israël » (Vulgate : Redemptor Israël). Is., xlix, 7. Il aime à prendre ce nom dans Is., xli, 14 ; xliii, 14 ; xliv, 24 ; xlviii, 17 ; xlix, 26 ; lix, 20 ; liv, 5, 8 ; lx, 16. — Dans plusieurs de ces passages, le gôêl qui sauve son peuple, c’est le Messie, cf. Is., xxxv, 9, etc., qui rachètera les hommes d’une captivité plus dure que celle de Babylone, celle du péché. — Ce que Dieu fait pour son peuple, il le fait aussi pour les justes. C’est lui qui vengera Job de la malice du démon, et c’est ce que proclame le saint patriarche dans son épreuve, quand il s’écrie : « Je sais que mon gôêl (Vulgate : redemptor) est vivant. » Jbb, xix, 25. Voir sur ce passage Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 596-601. — Dieu est le gôêl de tous ceux qui lui sont fidèles et qui sont opprimés. Ps. lxxii (lxxi), 14 ; cm (en), 4 ; cvi (cv), 10 ; cvn (cvi), 2 ; Lam., iii, 58. — Voir J. G. Stickel, In Jobi locum, xix, 25-27, de Geôle, in-8°, Iéna, 1832 ; J. D. Michælis, Mosaisches Recht, G in-8°, Francfort-sur-le-Main, 1771, t. ii, §131-138, p. 385-429 ; 1775, t. vi, §274-276, p. 32-50 ; J. Jahn, Biblische Archäologie, Vienne, 1802, Th. ii, t. ii, §2 10, p. 372-378 ; O. Procksh, Ueber die Blutrache bei den vorislamischen Arabern, in-8°, Leipzig, 1899.

F. Vigouroux.

GŒRRE Wilhem, érudit hollandais, protestant, né à Middelbourg le Il décembre 1635, mort à Amsterdam le 3 mai 1711. Après avoir été forcé dans sa jeunesse d’abandonner ses études, il se livra au commerce de la librairie et réussit à acquérir une science étendue ; il publia divers ouvrages qui, malgré bien des hors-d’œuvre, témoignent d’une réelle érudition. Parmi ceux-ci : Voorbereidselen tôt de Bybelsche wysheid, en gebruik der heilige en Kerklyre Historien…, in-P, Utrecht, 1700 ; Mozaize Historié der Hebreeuwse Kerke, 4 in-f°, Amsterdam, 1700. — Voir Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, t. iv, p. 262.

B. Heurtebize.

GÔFER, GOPHER (BOIS DE). Gen., vi, 14. Voir Cyprès, 3°, t. ii, col. 1175.


GOG (hébreu : Gôg ; Septante : Γούγ, I Par., v, 4 ; Γῶγ, Ezech., xxxviii, 2, 3, 14, 16, 18 ; xxxix, 1, 11, 15), nom d’un descendant de Ruben et d’un roi.

1. GOG, un des descendants de Ruben, mentionné seulement I Par., V, 4.

2. GOG, roi dont il est question dans une célèbre et difficile prophétie d’Ézéchiel, xxxviii, xxxix, et dans l’Apocalypse, xx, 7. Il habitait la terre de Magog, et est appelé « prince de Rȱ’š (Vulgate : caput ; Septante : ʿΡώς), de Mosoch et de Thubal », c’est-à-dire des Scythes, des Mosques et des Tibaréniens. Ezech., xxxviii, 2 ; xxxix, 1. Quelques auteurs pensent que le nom de Gog a été arbitrairement formé par le prophète d’après le nom du pays, Magog. Cf. Keil, Der Prophet Ezechiel, Leipzig, 1882, p. 372 ; Trochon, Ézéchiel, Paris, 1880, p. 261. Mais il se trouve dans les généalogies bibliques, I Par., v, 4, et dans les inscriptions cunéiformes. On rapproche, en effet, ce nom de celui d’un roi de Lydie, Gygès, en assyrien : Gu-gu, Gu-ug-gu. Cf. E. Schrader, Die Keilinschriften und das Alte Testament, Giessen, 1883, p. 427. Il n’y a donc pas lieu de recourir à une fiction. D’autres supposent que c’est un titre comme celui de pharaon, désignant d’une façon générale la dignité royale : Kuk, Khon, King, König. Cf. Le Hir, Les trois grands prophètes, Paris, 1877, p. 346. Mais si Gog, dans Ézéchiel, comme dans l’Apocalypse, xx, 7, est la figure des ennemis, des persécuteurs du peuple de Dieu et de l’Église, ce n’est pas une raison pour qu’il ne soit pas un personnage historique. M. F. Lenormant, Les origines de l’histoire, Paris, 1882, t. ii, p. 461, n’hésite même pas à le reconnaître dans le Gâgu bel er Sa’hi. « Gôg, chef des Saces ou Scythes, » qui figure dans les récits des guerres d’Assurbanipal. « Dans les dernières années du VIIe siècle avant J.-C, les Scythes avaient, fait dans l’Asie occidentale une invasion formidable qui avait rendu leur nom redouté et exécré. Chassés des montagnes du Caucase, qu’ils habitaient, par les Massagètes, ils étaient descendus dans l’Asie-Mineure ; armés de l’arc et montés sur des chevaux, comme nous les représente Ézéchiel, xxxix 3, et xxxviii, 15, ils avaient pris Sardes ; puis, se tournant vers la Médie, ils défirent Cyaxaré, roi de ce pays ; de là ils se dirigèrent vers l’Égypte. Psammétique parvint à les éloigner, à force de présents ; revenant donc sur leurs pas, ils pillèrent le temple d’Ascàlon ; mais ils furent enfin battus et détruits, non pas cependant sans laisser leur nom après eux comme un synonyme de terreur et d’épouvante. La tradition rattache le nom de Scythopolis, l’ancienne Bethsan, à la scène de leur désastre ; Le souvenir de leurs ravages et de leurs cruautés était encore récent et présent à toutes les mémoires quand écrivait Ézéchiel ; voilà pourquoi Dieu lui inspira de prendre les Scythes comme l’emblème de la violence contre le peuple de Dieu et de montrer dans leur défaite le signe prophétique de la défaite de tous les ennemis de son nom. » F. Vigouroux, Manuel biblique, 10e édit., Paris, 1896, t. ii, p. 748. Le prophète nous représente Gog réunissant une armée formidable dans laquelle on voit des Perses, des Éthiopiens, des Libyens, des Cimmériens et des Arméniens, puis, sur l’ordre de Dieu, la conduisant du nord contre la Palestine. Ezech., xxxviii, 1-9. Le but de l’envahisseur est de dévaster la Terre-Sainte redevenue prospère. v. 10-16. Mais Dieu, pour montrer aux païens quelle est sa puissance, anéantira tous ces barbares, v. 17-23, qui périront sur les montagnes d’Israël, xxxix, 1-8. Les bêtes fauves et les oiseaux de proie se rassasieront de la chair des-morts. v. 9-20. La victoire de Jéhovah contribuera ainsi à procurer la gloire de son nom parmi tes gentils ; car s’il a puni son peuple, parce qu’il avait péché, il s’est maintenant réconcilié avec lui pour ne plus l’abandonner, v. 21-29. Voir Magog.

A. Legendre.

GOÏM (hébreu : בּלים, Gôîm), mot hébreu qui signifie : — 1° « peuples, nations, » et qui se dit spécialement des nations autres que les Israélites, c’est-à-dire des peuples idolâtres ou polythéistes, les Gentils. II Esd., v, 8 ; Jer., xxxi, 10 ; Ezech., xxiii, 30 ; xxx, 10, etc. Cf. Luc, ii, 32. Voir Gentils, col. 189. — 2° Dans un sens plus restreint, Gôim est un nom propre qui désigne