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GABAA — GABAATH DE PHINÉES

U

nulle part ailleurs. Le grec porte : « Et il vint devant Esdrelon, près de Dothaîa, qui est en face de la grande Scie de la Judée, et il campa entre Gaba et Scythopolis. » Judith, iii, 9, 10. Esdrelon est la plaine bien connue, qui coupe la Palestine aux deux tiers de sa longueur ; Dothaîa est Dothatn, aujourd’hui Tell Dôthân, au sud du Sâhel 'Arrabéh ; Scythopolis n’est autre que Béisan, l’ancienne Bethsan. Dans ces conditions, Gabaa peut donc avoir pour représentant le village actuel de Djéba', au sud de Tell Dothân, sur la route de Sébastiyéh ou Samafie à Djéntn. Bâti sur le flanc d’une colline, ce bourg florissant est entouré de beaux bouquets d’oliviers. C’est apparemment un site antique, avec des grottes sépulcrales taillées dans le roc, à l’est. Cf. Survcy of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 155, 185 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament,

Londres, 1889, p. 67.

A. Legendre.

8. GABAA HACHILA (hébreu : Gib’af ha-Ifâkildh ; Septante : èv tù flouvôi t<û 'Ey_0.â). I Reg., Xxvi, 3. Il s’agit ici de « la colline d’Hachila », comme la Vulgate a mieux traduit. I Reg., xxiii, 19. Voir Hachila.

    1. GABAATH##

GABAATH (hébreu : Gib’af, état construit/ de Gib’dh), nom de plusieurs villes de Palestine.

1. GABAATH (Septante : Codex Vaticanus, Vtx6au>81apeï[i. ; Codex Alexandrinus, Ta6aà8 xai 7t<Sài « 'lapin), ville de la tribu de Benjamin. Jos., xviii, 28. Elle fait partie du dernier groupe et doit être cherchée dans les environs de Jérusalem ; mais son identification donne lieu à plusieurs difficultés. Comme Gib’af en hébreu est à l'état construit et n’est pas distingué par la conjonction et du mot suivant, Qiryaf (Cariath), on a supposé que les deux noms ne désignaient qu’une seule ville, Gib’af Qiryaf. Cf. R. J. Schwarz, Das heilige Land, 1852, p. 98, 102. Mais il faut remarquer que les plus anciennes versions ont admis la conjonction : nous la trouvons dans le manuscrit alexandrin des Septante, dans la Vulgate et dans la Peschito, qui porte : et Gebeath et Qurialhin. Ajoutons que le vav manque plus d’une fois, dans certaines énumérations, entre des villes certainement distinctes, comme Adullam et Socho, Jos., xv, 35 ; Accaïn et Gabaa. Jos., xv, 57. Il est juste enfin de dire que le mot Qiryaf étant lui-même à l'état construit suppose un complément ; voilà pourquoi on a conjecturé que la lecture primitive pouvait être Qiryaf Ye’drîm, « la ville des forêts, » Cariathiarim. On peut, il est vrai, même dans ce cas-là, regarder Gib’af comme un quartier spécial ou un faubourg de Cariathiarim, celui où fut transportée l’arche d’alliance, I Reg., vii, 1 (voir Gabaa 6), en sorte que Gib’at-Qiryaf signifierait Gabaa de Cariatl>[iarim]. Mais d’abord il n’est pas sûr que Gabaa de I Reg., vii, 1 ; II Reg., vi, 3, 4, soit un nom propre ; il "est plus probable même qu’il faut, avec les Septante, le prendre pour le nom commun « colline », [Joûvoc. Ensuite il paraît singulier qu’on ait fait passer la frontière de Juda et de Benjamin juste entre la ville et son faubourg, bien^que celle-ci soit sur la limite extrême des deux tribus et puisse à la rigueur avoir appartenu à l’une et' à l’autre. Voir pour plus de détails ce que nous avons dit à propos de Cariath, t. ii, col. 268.

Nous sommes ici dans les conjectures. Il est permis toutefois de suivre l’autorité des anciennes versions et de prendre Gabaath pour une ville distincte. Mais dans ce cas où la placer ? Faut-il l’identifier avec Gabaa de Benjamin ou Gabaa de Saûl, qu’on croit généralement retrouver à Tell eUFoul, au nord de Jérusalem ? Voir Gabaa 3, 4, 5. Le voisinage de la ville sainte fait pencher M. V. Guérin, Samarie, t. i, p. 191, vers cette opinion. On peut néanmoins se demander pourquoi alors,

dans l'énumération de Josué, xviii, 21-28, la cité en question n’est pas mentionnée avant Jébus, dans le même groupe que Gabaon, Rama et Mesphé. Voir Benjamin 4, t. i, col. 1589. La place qu’elle occupe ici semble la mettre plutôt à l’ouest de Jérusalem, du côté de Cariathiarim (Qariet el-'Enab). Les explorateurs anglais l’assimilent à DjibVa, localité située à près de cinq kilomètres au nord de cette dernière. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. iii, p. 43 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 70. L’ordre d'énumération conduirait plus exactement à Khirbet el-Djubéi’ah, à gauche de la route qui va de Jérusalem à Qariet el-'Énab, et près de

Qastal.

A. Legendre.

2. GABAATH DE PHINÉES (hébreu : Gib’af Pinelyâs ; Septante : Codex Vaticanus, Taëaàp *EtvEéc ; Codex Alexandrinus, ra60t « 6 ♦iveéc), lieu de la sépulture d'Éléazar, fils d’Aaron. Jos., xxiv, 33. Il se trouvait dans la montagne d'Éphraïm, sur un terrain donné à Phinées. Josèphè, Ant. jud., V, I, 29, place « le monument et le tombeau » du grand-prêtre « dans la ville de Gabatha ». Eusèbe et saint Jérôme, Onomastica sacra, Gœttingue, 1870, p. 128, 246, appellent la ville de Planées Gabiath, raëotac, et l’assignent à la tribu de Benjamin. Saint Jérôme, Epist. cvni, t. xxii, col. 888, rapporte que sainte Paule, montant de la vallée du Jourdain vers Béthel et Naplouse, vénéra sur la montagne d'Éphraïm les tombeaux de Josué et d'Éléazar, situés, l’un à Thamnath-Saré au nord du mont Gaas, l’autre à Gabaa de Phinéès. V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 106109, s’est appuyé sur ce passage pour identifier Gabaath avec Djîbî'a, au nord-ouest de Djifnéh. Voir la carte de la tribu d'ÉpHRAi’M, col. 1876. Ce village, en effet, n’est qu'à quelques kilomètres de Khirbet Tibnéh, où le savant explorateur croit avoir retrouvé le tombeau de Josué. Voir Thamnathsaré. Les deux monuments vénérés par l’illustre Romaine se répondaient ainsi en quelque sorte sur deux hauteurs voisines, au milieu du massif d'Éphraïm. Le nom arabe, tel que l'écrit V. Guérin, g-s^Aù-, Djîbî'a, peut représenter l’hébreu nyaa, Gib'âh.

Il y a difficulté cependant pour l’orthographe. Cf. G. Kampffmeyer, Alte Namen im heutigen Palàstina, dans la Zeitschrift des Deutschen Palâstina-Vereins, t. xvi, 1893, p. 28-31. Djîbî'a ne renferme actuellement qu’un fort petit nombre d’habitants ; on y remarque une dizaine de citernes et un birket ou réservoir antique, creusé dans le roc, qui mesure treize pas de long sur autant de large. À cinq minutes à l’est, et sur le même plateau élevé dont ce village occupe la partie occidentale, s'étendent, au milieu d’un petit bois de vieux oliviers ou de hautes broussailles, des ruines appelées Khirbet Seîà. À côté de maisons renversées, qui paraissent avoir été bâties avec des pierres assez régulièrement taillées et de dimension moyenne, on observe les vestiges encore reconnaissantes d’une ancienne église chrétienne. Plusieurs tronçons de colonnes séparés de leurs bases et de leurs chapiteaux sont gisants sur le sol. — La tradition juive place le tombeau d'Éléazar plus haut, à 'Auerlah, au sud de Naplouse, sur les bords du Sahel Makhnah. Telle est celle des rabbins dont les écrits et témoignages ont été recueillis par E. Garmoly, Itinéraires de la Terre Sainte, in-8°, Bruxelles, 1847, p. 186, 212, 386, 445. Tel est aussi le sentiment de R. J. Schwarz, Das heilige Land, 1852, p. 118, 355. Des auteurs modernes ont accepté cette opinion. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Londres, 1881-1883, t. ii, p. 288 ; Conder, Handbook to the Bible, Londres, 1887, p. 256, 412. D’autre part, on a contesté, ces derniers temps, l’emplacement du tombeau de Josué à Khirbet Tibiiéh, et l’on