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GERBE — GERGÉSÉEN

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paille, yàpxas, fcenum, au lieu de « gerbes ». Dans un songe, Joseph voit les gerbes liées par ses frères adorer sa propre gerbe : image prophétique de sa puissance future. Gen., xxxvii, 7.

III. Usages égyptiens.

Les Hébreux furent souvent témoins durant leur séjour en Egypte de la façon dont les habitants de la vallée du Nil coupaient les épis et les rassemblaient pour en former des gerbes. Peut-être la coutume hébraïque, qui n’est pas asseV explicitement décrite dans les textes, se rattache-t-elle sur ce point à la pratique égyptienne. Celle-ci est clairement révélée par les textes : il n’est donc pas inutile de la connaître. « L’épi coupé, on le ramassait et on en formait des gerbes sur place. La gerbe, qui paraît s’être appelée quelquefois

| a, pohit, est assez courte et ne dépasse guère

40 centimètres en moyenne. On l’assemblait, non pas comme chez nous, en entassant tous les épis dans la même direction, mais en couchant chaque javelle dans un sens différent, si bien que la gerbe achevée présentait l’aspect d’un paquet terminé à chaque bout par une couronne d’épis. Une forte corde, passée au milieu, maintenait la botte en place. Cette opération est, représentée assez souvent, et l’on voit(fig. 4-3) l’ouvrier appuyer du genou sur la gerbe, tandis qu’il serre le nœud coulant afin de tasser les tiges davantage… (voir aussi fig.45, t. i, col. 278). Les gerbes étaient empilées méthodiquement dans un coin du champ, en attendant qu’on vînt les chercher. » G. Maspero, La culture et les bestiaux d’après les tom beaux de l’ancien Empire, dans Études égyptiennes, in-8°, Paris, 1888, t. ii, fasc. i, p. 86-78. Cf. Lepsius, Denkmàlér, Abth. ii, pl. 43, 47, 106, 107 ; Mariette,

43 — Égyptiens mettant le blé en gerbes

VI" dynastie. Tombeau de Sauiet el-Meitin. D’après Lepsius,

Denkmâler, Abth. ii, pl. 106.

Les Mastabas de l’Ancien Empire, in-¥J ?iiTs, 1889, p.212, 288, 325, 347. « Les tas étaient parfois très gros ; au tombeau 4e Nofiriritnif, on définit l’un d’eux : « gerbes entassées pour le magasin, 602, » et le nombre de gerbes à enlever dans les différents tas était de 2300. G. Maspero, La culture, p. 90, 92. On chargeait les gerbes sur des ânes portant le bât à double poche, et on les menait au grenier où elles devaient être déchargées. Voir Grenier, Moisson. E. Levesque.

    1. GERBOISE##


GERBOISE, rongeur de la taille du rat, avec de larges oreilles, un pelage fauve en dessus et blanc en dessous, une longue queue terminée par une touffe de poils, deux pattes de devant assez courtes, tandis que les pattes postérieures sont fort longues. Les premières servent à l’animal pour porter à la bouche les aliments, graines ou racines. Avec les pattes postérieures, la gerboise exécute des sauts de près de trois mètres, surtout quand elle est poursuivie. C’est ce qui fait donner à l’animal le nom général de dipus, comme s’il n’avait que deux pieds (fig. 43). Les Arabes l’appellent jarbu, d’où son

nom en français, et regardent sa chair comme un mets succulent. La gerboise vit surtout en Arabie, en Syrie et dans les déserts sablonneux de l’Afrique. Les différentes espèces, dipus gerbo, dipus segyptius, àlactaga jaculus, appelée aussi scirtetes et dipus sagitta, se rencontrent

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44. — La gerboise.

fréquemment sur les côtes méridionales de la Méditerranée et en Syrie. Plusieurs auttfors, Hasselquist, Itiner. Palsest., Stockholm, 1757, p. 277 ; Bochart, Hierozoicon, Leipzig, 1873, t. ii, p. 409 ; Rosenmùller, Scholia in Levitie. , Leipzig, 1798, p. 61 ; Fillion, Atlas d’hist. nat. de la Bible, Paris, 1884, p. 95, ont pensé que la gerboise pouvait être désignée dans le texte du Lévitique, xi, 5, qui défend de manger la chair du sâfân. De fait, le Targum traduit Sâfân par tafza’, de tafâz, « sauter, » ce qui conviendrait bien à la gerboise. Cf. de Hummelauer, Exod. et Levit., Paris, 1897, p. 426. Mais le mot Sâfân ne peut désigner que le daman. Voir Chærogrylle, t. ii, col. 713. Il reste donc à conclure que la gerboise, bien que connue en Palestine, et même redoutée pour les ravages qu’elle cause dans les moissons,

n’est pas nommée dans la Bible.

H. Lesêtre.
    1. GERGÉSÉEN##

GERGÉSÉEN (hébreu : hag-Girgâ’sî, toujours au singulier et avec l’article ; Septante : ô Tep-feo-aîo ;), peuple chananéen qui habitait la Palestine avant la conquête des Israélites. Gen., x, 16 ; xv, 21 ; Deut., vii, 1 ; Jos., iii, 10 ; xxiv, 11 ; I Par., i, 14 ; II Esd., îx, 8. Il est donné, Gen., x, 16 ; I Par., i, 14, comme le cinquième descendant de Chanaan. Dans les autres passages, il est simplement mentionné parmi les autres tribus du pays. Voir Chananéen, t. ii, col. 539. Il n’en reste plus que le nom, suivant le mot de Josèphe, Ant. jud., i, vt, 2, et sa position à l’ouest du Jourdain ne nous est indiquée que par Josué, xxiv, 11. On a cependant cfu qu’il subsistait encore au temps de Notre-Seigneur dans les repYe(rnvoi ou Gergéséniens dont parle le « texte reçu » de saint Matthieu, viii, 28, à propos des démoniaques guéris et des pourceaux précipités dans la mer. Leur capitale aurait été Gergêsa, aujourd’hui Kersa, sur le bord oriental du lac de Tibériade, à l’embouchure de l’ouadi Semak. Mais cette opinion, basée principalement sur l’autorité d’Origène, est tout à fait problématique. Voir Géraséniens (Pays des). Un fragment de tablette assyrienne, conservé au British Muséum, a peut-être gardé le souvenir des Gergéséens dans les KirkiMti qu’il mentionne plus d’une fois, et qu’il qualifie, dans un cas en particulier, de rabbâti, « nombreux. » Cf. A. Pinches, dans J. Hastings, Dictionary of the Bible, Edimbourg