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GENTILS — GENUFLEXION

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xxvi, 106, t. i, col. 432. Après Auguste, les Juifs continuèrent à leurs frais les sacrifices pour l’empereur et pour le peuple romain. Josèphe, Cont. Ajnon., ii, 6. Ce fut seulement au début de la dernière guerre qu'Éléazar fit supprimer ces sacrifices et défendit de recevoir les dons des étrangers, ce qui fut considéré comme un acte d’hostilité envers les Romains. Josèphe, Bell, jud., II, xvii, 2. — 4. Les sacrifices offerts par les Gentils ne pouvaient être que des holocaustes d’oiseaux ou de quadrupèdes, présentés soit comme dons votifs, nédér, Lev., xxii, 18, soit comme dons spontanés, nédâbdh. Lev., xxii, 23 ; Siphra, ꝟ. 239, 1. Les Gentils pouvaient encore offrir des oiseaux, des gâteaux, du viii, de l’encens et du hois. On ne leur permettait ni le sacrifice expiatoire, ni le sacrifice pour le délit. Siphra, ꝟ. 87, 2. S’ils présentaient des victimes pour d’autres espèces de sacrifices, on les offrait en holocaustes, toujours à condition que ces victimes fussent conformes aux exigences de la loi. On n’imposait pas les mains aux victimes des Gentils et l’on omettait plusieurs autres formalités. Zebæhim, iv, 5 ; Eieland, Antiquit. sacr., p. 171, 172. — 5. Le premier-né des animaux appartenait de droit au Seigneur et devenait chose sacrée. S’il avait quelque défaut, on ne pouvait l’offrir en sacrifice. Deut., xv, 19-22. Dans le principe, les Israélites pouvaient le manger comme un animal ordinaire ; par la suite, les prêtres furent autorisés par l’usage à le vendre ou à le donner à manger aux Gentils. Maaser scheni, i, 1, 2.

II. Dans le Nouveau Testament.

1° La distinction subsiste encore entre les Gentils, e6v7], gentes, et le peuple d’Israël, ).ab{ 'lapa.r, plebs Israël, mais le Messie vient précisément pour la faire disparaître. Luc, n, 32. Sans doute, lui-même n’est envoyé personnellement qu’aux brebis de la maison d’Israëlqui ont péri. Matth., xv, 24. Mais par ses paraboles, Matth., xiii, 47 ; xxii, 9, 10, par l’accueil qu’il fait à des Grecs, Joa., xii, 20, 23, et surtout par les ordres qu’il donne à ses Apôtres, Matth., xxviii, 19 ; Marc, xii, 15 ; Luc, xxiv, 47, il indique que l'Évangile et le salut sont pour les Gentils aussi bien que pour les Juifs. Il parle cependant des Gentils, èOvtxof, en tant qu’idolâtres, comme d’hommes dont lès pratiques religieuses ne doivent pas être imitées, Matth., vi, 7, et qui, malgré quelques bons sentiments, Matth., v, 47, sont légitimement tenus à distance en quelques circonstances. Matth., xviii, 17. — 2° Cette entrée des Gentils dans le royaume spirituel fondé par le Messie avait été très formellement annoncée par les propriétés. Ps. ii, 8 ; xxi, 28 ; lxxxv, 9 ; Is., lx, 3, 5 ; Mal., i, 11, etc. Les Apôtres eurent quelque peine à se faire à cette idée. Act., x, 28, 45. Certains chrétiens, convertis du judaïsme, ne l’admirent même pas du tout et formèrent une secte qui apporta toutes sortes d’entraves à l'évangélisalion des Gentils. Voir Judaïsants. — 3° Les Apôtres se trouvèrent bientôt dans la nécessité de s’adresser aux Gentils pour remplir leur mission. On les voit prêcher l'Évangile à ces derniers aussi bien qu’aux Juifs. Act., xi, 20 ; xiv, 1, 5 ; xvi, 1, 3 ; xvii, 4, 12 ; xviii, 4 ; xix, 10, 17 ; xx, 21 ; xxi, 28, etc. Saint Paul prend même le titre spécial d’apôtre des Gentils, Rom., xi, 13 ; Gal., ii, 9 ; II Tim., i, 11, titre auquel lui donne droit sa vocation. Act., ix, 15. — 4° La doctrine chrétienne sur la vocation des Gentils est plus particulièrement exposée par saint Paul. En droit, depuis la rédemption, il n’existe plus de distinction entre les Juifs et les Gentils. I Cor., xii, 13 ; Col., iii, 11 ; Eph., ii, 14 ; m, 6 ; Gal., iii, 28. La gratuité de la rédemption fait que les uns n’y ont pas plus de droit que les autres. Rom., i, 14, 16 ; ii, 9, 10 ; iii, 9 ; x, 12 ; I Cor., i, 22, 24. Les Gentils ont le même Dieu que les Juifs. Rom., iii, 29. Les chrétiens seront donc pris parmi les Gentils aussi bien que parmi les Juifs, Rom., ix, 24, et pour aller de la gentilité au christianisme, il ne sera nullement nécessaire de passer par le judaïsme. I Cor., xii, 2. Voir

Hellénistes. — 5° Le développement de l'Église fit encore mieux comprendre par la suite le rôle que le Sauveur avait réservé aux Gentils. En fait, le christianisme, « sémitique par son origine historique, est grécoromain par son développement. » Duchesne, Les origines chrétiennes, Paris, 1881, lithograph., p. 1-10.

H. Lesêtre.

GENUBATH (hébreu : Genubaf ; Septante : ravr)6(18), fils d’Adad (Hadad), ce prince de la race royale d’Idumée qui, au temps de l’expédition des armées de David en ce pays, s’enfuit en Egypte. Voir Adad, t. i, col. 166. Ayant épousé la sœur de Taphnès, la femme du Pharaon, d’abord, il en eut un fils, Genubath, qui fut élevé à la cour, avec les propres enfants du roi. III Reg., xi, 20. Quant à l’origine et à la signification de ce mot, on l’a rapproché du nom trouvé dans les inscriptions pal myréniennes, CV_ioX, Genubâ'. De Vogué, Inscriptions sémitiques, in-4°, Paris, 1868, n° 137, p. 82. D’autres y ont vu un nom dérivé de l'égyptien L& I « " », genbt, qui signifie « mèche de cheveu, tresse ». C'était le nom de la tresse que portait sur le côté de la tête le prince héritier. Voir fig. 535, t. ii, col. 1617-1618. H. G. Tomkins dans les Proceedings of the Society of Biblical archssology, t. iii, mai 1888, p. 72. E. Levesque.

    1. GÉNUFLEXION##


GÉNUFLEXION, acte qui consiste à plier un ou deux genoux et à s’en servir pour s’appuyer à terre. Dans cette posture, l’homme diminue sa taille de toute la longueur de la jambe et s’abaisse devant celui qu’il veut honorer ou implorer. L’habitude de prier à genoux, si commune aujourd’hui, était assez rare autrefois. Un bas-relief de Paros, sculpté à l’entrée d’une grotte (fig. 36), représente une foule d’adorateurs rendant leurs hommages à Cybèle assise sur son trône, à Pan, aux nymphes et à d’autres divinités. Seule, une femme est agenouillée, au milieu de tous les autres adorateurs debout. Les Grecs regardaient cette posture comme peu digne d’un Ijomme libre et convenable seulement pour les Barbares. Théophraste, Char., xii, 1 ; Plutarque, De superstit., B ; Diogène Lærte, Vi, 37. Voir O. Mùller’et Frd. Wieseler, Denkmaler der alten Kunst, 2 in-f », Gœttingue, 1856, t. ii, p. ll ; Boeckh, Corpus inscript, grée, t. ii, n° 2387, p. 347-348. On n’a pas découvert dans les catacombes un seul monument où un chrétien soit représenté priant à genoux. L’usage de se prosterner est néanmoins mentionné dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament, quoiqu’il fût moins ordinaire parmi les Juifs qu’il ne l’est devenu parmi les chrétiens. On fléchit le genou : — 1° Devant Dieu. On voit se mettre à genoux pour prier Dieu le roi Salomon, III Reg., viii, 54 ; II Par., VI, 13 ; Ézéchias et les chefs du peuple, II Par., xxix, 30 ; le prophète Daniel qui, trois fois le jour, prie dans cette posture en se tournant du côté de Jérusalem, Dan., vi, 10 ; saint Etienne, Act., vii, 59 ; saint Pierre, Act., ix, 40, et saint Paul. Act., xx, 36 ; xxi, 5 ; Eph., iii, 14. Les malheureux qui attendent une faveur de Notre-Seigneur fléchissent le genou devant lui pour le prier. Matth., xvii, 14 ; Marc, i, 40 ; x, 17 ; Luc, v, 8. Notre-Seigneur lui-même prie à genoux pendant son agonie. Luc, xxii, 41. Le Seigneur prescrit qu’on fléchisse le genou devant lui. Is., xlv, 24. Les pieux Israélites le font. Ps. xciv, 6. Les habitants du désert le feront un jour, Ps. lxxi, 9, et au nom de Jésus tout genou fléchira au ciel, sur terre et dans les enfers, en signe d’adoration et de dépendance. Rom., xiv, 11 ; Phil., ii, 10. — Chez les premiers chrétiens, on se tenait ordinairement debout pour prier. Cependant, à l’exemple de Notre-Seigneur et des Apôtres, on priait aussi à genoux, quoique les monuments figurés primitifs ne nous en, aient pas conservé le souvenir. Voir Martigny, Dictionnaire des antiquités chrétiennes, Paris, 1877, p. 666-668. Saint Jacques le Mineur