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ESCALIER — ESCLAVAGE


passer de la cour des Femmes à la cour des Israélites, on gravissait quinze marches, disposées en hémicycle, à la porte de Nicanor. C’est sur ces marches que les lévites chantaient les quinze psaumes graduels. Josèphe, Bell, jud., V, v, 3 ; Middôth, ii, 5. À l’extrémité occidentale de la cour des Israélites s’élevait une estrade, du haut de laquelle les prêtres prononçaient la bénédiction sur le peuple ; on montait à cette estrade par trois marches, hautes chacune d’une demi-coudée. Middôth, ii, 6. La cour des Prêtres n’était pas de même niveau que celle des Israélites, et pour y pénétrer il fallait monter une marche d’une coudée. Le Temple proprement dit était plus élevé encore que la cour des Prêtres, et on gravissait douze degrés, dont chacun avait une demi-coudée de hauteur, pour arriver à l’entrée du vestibule. Adossés au Temple, couraient au nord, au midi et à l’ouest, trois étages de chambres. On accédait aux étages supérieurs par un seul escalier tournant, dont la construction a été décrite par les rabbins du moyen âge. Josèphe, Ant. jud., XV, xi, 3 ; Bell, jud., V, v, 5 ; Middôth, i, 8 ; iv, 3 et 5. — Deux escaliers conduisaient des portiques du parvis des Gentils à la porte de la tour Antonia, et c’est du haut d’un de ces escaliers que saint Paul, arrêté par les soldats romains, fit à la foule la justification de sa conduite. Act., xxi, 35 et 40. E. Mangenot.

    1. ESCARBOUCLE##

ESCARBOUCLE (hébreu : nôfék ; Septante : i’v9(3xE ; Exod., xxviii, 18 ; xxxix, 11 ; Ezech., xxviii, 13 ; omis dans Ezech., xxvii, 16 ; Vulgate : carbunculus, Exod., xxviii, 18 ; xxxix, 11 ; Ezech., xxviii, 13 ; gemma, Ezech., xxvii, 16), pierre précieuse.

I. Description. — Il est difficile de préciser la pierre que les auteurs de l’antiquité appelaient escarboucle. Les lapidaires anciens ne sont nullement d’accord sur sa nature, comme en témoigne en particulier le Pseudo-Aristote. (Édité dans.Zeilschrift fur deutsclies Alterthum, 1875.) C’est surtout en ce qui concerne l’escarboucle magique que l’indétermination existe ; mais, restreignant le champ des recherches, nous n’avons à nous occuper ici que de la pierre précieuse. C’est l « v9p « Ç de Théophraste, De lapid., 18 ; le carbunculus de Pline, H. N., xxxvii, 25 ; le charchedonius de Pétrone, Yardjouani des Arabes. Tous ces auteurs sont d’accord pour admettre que c’est une pierre rouge, éclatante, très probablement le rubis, notre rubis oriental. Quant aux feux qu’elle lancerait, on peut trouver l’origine de cette légende occidentale dans ce passage de Théophraste : « Sa couleur est rouge et telle que, quand on tient la pierre contre le soleil, elle ressemble à un charbon ardent. » Cet auteur nous. apprend encore que tes plus parfaites escarboucles venaient de Carthage, de Marseille, d’Egypte, près des cataractes du Nil, et des environs de Syène. Celles d’Orchomène en Arcadie, de Chio, de Corinthe, étaient de mauvaises espèces et peu estimées. On distinguait les espèces ou variétés d’escarboucles par les noms de leur lieu d’origine. Pline, H. N., xxxvil, 25, cite encore les lithizontes ou escarboucles indiennes, les améthystizontes, c’est-à-dire celles dont les feux tirent sur le violet de. l’améthyste, et les sitites. Il ajoute que les plus belles étaient mâles, et les inférieures femelles : sans nul doute ces dernières étaient des grenats. Hill croit y voir les arnandines, d’une couleur variée de rouge et de blanc, à présent très peu connues. L’escarboucle des anciens comprenait donc un certain nombre de pierres rouges, principalement le rubis et le grenat. Le rubis oriental est un corindon hyalin d’un beau rouge écarlate dont la pesanteur spécifique de 4, 2833 ne le cède qu’au saphir et au diamant. Sa dureté, sa transparence, son beau poli en font la première des pierres de couleur. Le grenat oriental ou syrien est d’un beau rouge violacé, très transparent et

  • elouté. Sa pesanteur spécifique est 4. F. DE Mély.

II. Exégèse. — La première pierre du second rang

sur le pectoral ou rational du grand prêtre est appelée nôfék. Exod., xxviii, 18 ; xxxix, 11. Dans la prophétie contre Tyr, Ézéchiel, xxviii, 13, énumérant les pierres précieuses qui ornent le vêtement du prince, nomme au huitième rang le nôfék. Dans le chapitre consacré à la description du commerce de Tyr, Ezech., XXVli, 16, parmi lès objets que les marchands syriens ont coutume d’apporter sur les marchés de la cité, figure le nôfék. Or le nôfék est traduit par les Septante av6pa5, et par la Vulgate carbunculus, sauf, pour cette dernière version, dans le dernier des quatre passages cités, où elle emploie le mot général gemma. Josèphe, Ant. jud., III, vu, 5, et Bell, jud., V, v, 7, rend également par av8poc£ la pierre nôfék du rational. Tout porte à croire que dette pierre est, non pas l’émeraude, t. ii, col. 1731, mais l’escarboucle. Car l’avOpocÇ des Septante et le carbunculus de la Vulgate, correspondant au nôfék hébreu, ne paraissent pas différents de l’av9pa£ de Théophraste, De lapid., 18, et du carbunculus de Pline, H. N., xxvii, 25, pierre d’un rouge brillant, comme un charbon ardent : ressemblance qui lui a valu son nom. De plus, nous rencontrons dans Eccli., xxxii, 7, 8, l’avOpaÇ, carbunculus, mis en parallèle avec l’émeraude, comme servant également à faire des cachets montés sur or. Théophraste, De lapid., i, 8 ; iv, 23, 31, nomme de même l’av8pa£ à côté de l’émeraude parmi les pierres précieuses qu’on employait à la fabrication des sceaux. L’escarboucle des anciens comprenait plusieurs pierres modernes : c’était surtout le rubis oriental, Yyaqout rouge, ou ardjouani des Arabes ; mais aussi d’autres gemmes rouges, comme le grenat syrien. J. Braun, Vestitus sacerdotum Hebrseorum, in-8°, Leyde, 1860, p. 060-669. Suivant plusieurs auteurs, le x^X^iv de l’Apocalypse, xxi, ’14, serait en réalité un xàp"/r, Swv ou escarboucle et non pas une calcédoine, t. ii, col. 56. E. Levesque.

ESCARGOT. Certains commentateurs rendent par escargot le mot hébreu sabbelûl, dans le Ps. lviii, 9 (Vulgate, lvii, 9, cera). On le traduit plus généralement par limaçon. Voir Limaçon.

ESCHATOLOGIE. Voir Fin du monde,

    1. ESCLAVAGE##

ESCLAVAGE (hébreu : ’âbodâh ; Septante : SbuXeîa ; Vulgate : servilus), état de celui qui n’a plus la liberté de sa personne et vit au service d’un maître.

I. Dans l’Ancien Testament. — 1° -L’esclavage chez les anciens peuples. — L’esclavage existait chez tous les peuples de l’antiquité et y paraissait une chose toute naturelle. Aussi n’est-il pas étonnant que, dès les premières pages de la Sainte Écriture, les patriarches nous apparaissent entourés d’esclaves. Abraham en a un bon nombre. Gen., xiv, 14. Il se conforme ainsi aux coutumes de son pays d’origine. En Chaldée, les esclaves étaient nombreux, recrutés surtout parmi les étrangers devenus prisonniers de guerre, et les victimes des razzias que les Bédouins faisaient en Syrie et en Egypte. On les employait aux plus rudes travaux, aux constructions et à l’exploitation des domaines. La loi les traitait comme un simple bétail, et le maître avait sur eux droit de vie et de mort. Il ne sévissait pourtant qu’en cas de désobéissance, de révolte ou de fuite. Ces esclaves chaldéens pouvaient être autorisés à se marier et à fonder une famille. S’ils étaient intelligents, ils arrivaient même à s’amasser un pécule., à se libérer et à s’établir honorablement. Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, 1895, t. i, p. 742-745. Pendant la captivité, beaucoup de Juifs furent traités dans ces conditions au pays même d’où était sorti leur ancêtre. Voir col. 228, 233, 234. — En Egypte, l’esclavage était également en vigueur. Les esclaves étrangers devaient leur sort à la guerre ou aux razzias. Les gens du pays vivaient en servage, sous la tutelle des seigneurs et des propriétaires. Le fellah d’alors