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ESAU — ESCABEAU


voulutil établir une distinction entre le droit d’aînesse, seul objet d’après lui de son marché avec son frère, et la bénédiction qu’il revendiquait comme son bien. Isaac, qui voyait les desseins du Seigneur, Gen., xxv, 22-23, accomplis dans ce qui venait d’avoir lieu, demeura inébranlable. Cependant, touché par les cris et les larmes de son fils, il lui accorda une bénédiction toute temporelle, Gen., ’xxvii, 30-40, consistant en ce qu’il recevrait en abondance les produits de la terre et que sa postérité, d’abord soumise à celle de Jacob, recouvrerait plus tard son indépendance et serait puissante par la guerre. Gen., xxvii, 30-40. Beaucoup cependant traduisent ainsi le texte hébreu, jL 39 : « Ta demeure n’aura ni la rosée du ciel ni la graisse de la terre, s ce qui est l’opposé de la Vulgate, mais désigne plus exactement l’Idumée, le pays destiné aux enfants d’Ésaù.

Les larmes qu’Ésaû avait répandues n’étaient pas les pleurs de la vraie pénitence, Hebr., xii, 17, mais l’effet de la colère et du dépit. Au lieu de s’en prendre à lui-même du malheur qui lui arrivait et de reconnaître qu’il n’avait plus de droits sur un bien qu’il avait vendu, il conçut pour son frère une haine mortelle et résolut de se venger de lui en le tuant aussitôt que son père serait mort. Gen., xxvii, 41. Mais Rébecca, qui eut connaissance de ses projets, mit Jacob à l’abri de ses coups en obtenant d’Isaac pour celui-ci la permission d’aller chercher une épouse en Mésopotamie. Elle pensait que la fureur et la haine d’Ésaù s’apaiseraient avec le temps. Gen., xx vii, 42-46.

Rébecca connaissait bien son fils Ésaû ; il y avait dans cette nature impétueuse et indomptée plus d’ardeur et d’emportement que de malice réfléchie et durable. Il ne garda pas rancune à Isaac de la bénédiction donnée à son frère, dans laquelle il dut reconnaître bientôt un effet de la volonté de Dieu ; bien plus, la recommandation faite à Jacob de n’épouser aucune fille de Chanaan, Gen., xxviii, 1, lui fit sentir plus vivement le « iéplaisir qu’il avait causé à ses parents en épousant autrefois deux Chananéennes, et il choisit pour se l’unir par un troisième mariage sa cousine Mahéleth, fille d’Ismaël. Gen., xxviii, 6-9. D’autre part, son ressentiment contre Jacob s’affaiblit et disparut pour faire place à l’amitié fraternelle ; et lorsque son frère, qui ne connaissait pas ce changement et tremblait au souvenir de sa colère, lui envoya, en revenant de Mésopotamie, des messagers, avec l’annonce de riches présents pour l’apaiser et se le rendre favorable, Ésaû accourut à sa rencontre, se jeta dans ses bras et le pressa tendrement sur son cœur en le couvrant de ses baisers et de ses larmes. Gen., xxxii, 3-6, 13-21 ; xxxiii, 3-4. Il ne reçut que malgré lui les dons de Jacob et lui proposa de se faire son compagnon de route ; sur le refus de son frère, il voulut au moins lui laisser une escorte ; mais, cette offre n’étant pas non plus acceptée, il revint au pays de Séir, d’où il était venu. Gen., xxxiii, 9-16. Nous ne retrouvons plus les deux frères à côté l’un de l’autre que longtemps après, à l’époque de la mort d’Isaac ; ils ensevelirent ensemble leur père et se séparèrent ensuite. Gen., xxxv, 9 ; xxxvi, 6.

La réconciliation de Jacob, la sépulture d’Isaac et la séparation qui la suivit, sont les seuls faits que la Genèse nous fait connaître au sujet d’Ésaû durant l’espace des quarante - trois ans écoulés depuis la bénédiction d’Isaac et le mariage avec Mahéleth ; mais elle nous dit incidemment qu’à l’époque de sa rencontre avec Jacob il possédait de grands biens, et les quatre cents hommes qu’il amène avec lui le font apparaître à nos yeux comme une sorte de scheik puissant. Gen., xxxii, 6 ; xxxiii, 9 ; cf. xiv, 14. Nous savons aussi, par ce passage de la Genèse, qu’il habitait alors au pays de Séir ; c’est là, en effet, que les envoyés de Jacob vinrent le trouver, et il y retourna après avoir quitté son frère. Gen., xxxii, 3 ; xxxiii, 16. On ne nous dit pas à quelle époque il était allé demeurer dans cette contrée ; mais il est vraisemblable que ce fut vers le temps

où il épousa Mahéleth. La vie errante des Ismaélites était faite pour plaire à ce chasseur, et rien de plus naturel pour lui que de se livrer aux entreprises aventureuses des enfants du désert. Les Horréens, dont les montagnes et les rochers étaient si favorables à cette nouvelle existence, durent donc sentir sans retard les premiers coups de celui qui allait inaugurer à leur détriment la vie que son père lui avait prédite, la « vie par l’épée », Gen., xxvii, 40, en les chassant pour prendre la place réservée par Dieu à sa postérité. Deut., ii, 5, 12.

La résidence d’Ésaû en pays de Séir ne doit pas toutefois s’entendre dans un sens rigoureux et exclusif. Il ne s’éloigna tout à fait et définitivement de Chanaan qu’après la mort d’Isaac. Gen., xxxvi, 5-8. En quittant alors la Terre Promise sans esprit de retour, il laissait tout entier à Jacob l’héritage de la race bénie et reconnaissait ainsi, de la manière la plus explicite, la primogéniture de son frère et les droits que lui conférait la bénédiction paternelle. Il avait à cette époque cent vingt ans, et l’Écriture ne nous dit pas à quel âge il mourut. Elle ne nous apprend plus rien non plus sur les derniers événements de sa vie ; elle nous le montre seulement comme le père d’une nombreuse et glorieuse postérité, dont les tableaux généalogiques se lisent Gen., xxxvi, 1-5, 9-43 (cf. xxvi, 34 ; xxviii, 9), et I Par., i, 35-54.

Le nom d’Ésaù revient assez souvent dans l’Ancien Testament, mais à peu près toujours c’est une simple mention qui est faite de lui comme père des Iduméens. Les paroles que Malachie, i, 2, met dans la bouche du Seigneur : « J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Ésaû, » doivent s’entendre des deux peuples issus des deux fils d’Isaac ; ce qui rappelle, il est vrai, la destinée des deux ancêtres, dont le sort personnel et l’opposition figuraient le sort et l’opposition de leur postérité respective. — Dans le Nouveau Testament, saint Paul seul parle d’Ésaù, Rom., ix, 11-13, et Hebr., xi, 20 ; xii, 16-17. L’Apôtre, Rom., , ix, 11-13, applique le texte de Malachie à la personne môme de Jacob et d’Ésaû, et il montre dans le choix que fait Dieu de l’un au détriment de l’autre, sans aucun égard aux qualités, aux œuvres ou aux droits naturels, le type et la preuve en même temps de la gratuité de la grâce et de la foi, l’inutilité des mérites naturels pour la collation de cette grâce et pour le salut qu’elle opère. Il fait voir, Hebr., xi, 20, que l’exclusion d’Ésaù de la bénédiction messianique fut un effet de la foi d’Isaac aux promesses divines. Il rappelle, Hebr., xii, 16-17, la légèreté sacrilège d’Ésaù, vendant son droit d’aînesse pour un plat de lentilles, et l’inefficacité de son repentir et de ses larmes pour reconquérir ses privilèges perdus.

E. Paus.

    1. ESBAAL##

ESBAAL (hébreu : ’ÉSba’al ; Septante : ’A<râ6a>. ; Codex Alexandrinus : ’IeêaaX), quatrième fils de Saûl, I Par., viii, 33 ; ix, 39 ; le même qu’Isboseth. Voir Isbo-SETH.

    1. ESBON##

ESBON (hébreu : ’Éfbôn ; Septante : ’Aaeéiiv ; Codex Vaticanus : Se611v), descendant de Bêla, l’aîné des enfants de Benjamin. I Par., vii, 7. Ce verset contient non des fils, mais des descendants éloignés, qui, au temps où la liste fut rédigée, étaient chefs de cinq familles principales àe la race de Bêla. Cf. I Par., viii, 3-4, et Num., xxvi, 40.

    1. ESCABEAU##

ESCABEAU (hébreu : hâdôm ; Septante : ûnonôSiov ; Vulgate : scabellum), 1° petit siège sans dossier ni bras, 2° marchepied (hébreu : kébés ; traduit invariablement par les Septante).

I. L’escabeau, pris dans sa signification littérale de petit siège, n’est pas mentionné dans l’Ancien Testament ; mais l’emploi des métaphores, que nous expliquerons plus loin, permet d’affirmer que l’escabeau était connu des Juifs, quoique la coutume générale en Orient soit de s’asseoir par terre ou sur un divan. — 1° Saint