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ERHARD — ÉSAÙ


religieux du même monastère. (Voir Concordances, col. 898-899.) — Cf. Ziegelbauer, Historia rei litter. Ord.

S. Benedicti, t. iv, p. 15, 23.

B. Heurtebize.
    1. ERIOCH##

ERIOCH (Septante : Eïpitix ; Codex Alexandrinus : ’Ap(o^), roi des Éliciens, c’est-à-dire des Élymiens. Judith, i, 6. Il est difficile de savoir exactement ce qu’était Érioch. Son nom paraît altéré. On l’a identifié avec divers rois de Perse et de Médie. L’hypothèse la plus vraisemblable qu’on ait émise à son sujet paraît être celle de M. Robiou. Ce savant a supposé qu’Érioch ou Arioch était un roi d’Élam, appelé dans les documents cunéiformes Urtaki. Ce fut le premier adversaire contre lequel eut à lutter dans ce pays le roi de Ninive Assurbanipal. Celui-ci a raconté sa campagne contre Urtaki sur un de ses cylindres. Voir le texte dans G. Smith, History of Assurbanipal, 1871, p. 100-107. L’Érioch de Judith était un roi d’Elam comme Urtaki. « Si l’on admet qu’un copiste grec ait omis le petit trait transversal d’un t, le texte grec (’Aptw-/) et Ie texte syriaque (Ariuc) qui en dérive, reproduiront fidèlement le nom du roi Urtaki, » dit M. Robiou, Deux questions de chronologie et d’histoire éclaircies par les Annales d’Assurbanipal, dans la Revue archéologique, juillet 1875, t. xxx, p. 29. — La plaine d’Érioch (heSi’ov Ap : a>x> campus Erioch), dont il est parlé dans ce même passage du livre de Judith, I, 6, doit s’entendre des possessions en plaine du roi d’Élam, par opposition à la partie montagneuse de ses Etats.

F. Vigouroux.

    1. ÉSAAN##

ÉSAAN (hébreu : ’Ês’ân ; Septante : Codex Vaticanus, 20(j, à ; Codex Alexandrinus, ’Eaâi), ville de la tribu de Juda, mentionnée une seule fois dans l’Écriture, Jos., xv, 52. Citée entre Ruma et Janum, elle fait partie du deuxième groupe de « la montagne », principalement déterminé par Hébron. Jos., xv, 52-54. Van de Velde, Memoir to accompany Ihe Map of the Holy Land, Gotha, 1858, p. 310, tout en la distinguant d’Asan de Jos., xv, 42, voudrait l’assimiler à l’Asan de I Par., iv, 32, et à la Kôr-’Asân (Vulgate : lacus Asan) de 1 Reg., xxx, 30. Mais l’orthographe des noms ne

permet pas de confondre jyj&x, ’És’ân, avec pinr, ’Asân ;

puis la situation des localités n’est pas la même. Voir Asan, t. i, col. 1055. L’emplacement d’Esaan pourrait être déterminé d’après Celui des deux villes précédentes : Arab correspond probablement à Khirbet Er-Rabîyéh, au sud-ouest d’Hébron, et Ruma, d’après l’hébreu Dûmâh, à Khirbet Daouméh, un peu à l’ouest d’Er-Rabiyêh. Voir Arab, t. i, col. 819. Mais aucun site, dans ces parages, ne rappelle l’antique dénomination hébraïque. Cependant, comme le texte grec du Vatican porte Sojiâ, quelques exégètes ont pensé qu’Es’ân était une leçon fautive pour Sâma’(Septante : Sajiaâ ; Vulgate : Samma), 1 Par.j ii, 43, et, d’après cela, ont cru reconnaître la cité dont nous parlons dans Es-Simîâ, lieu ruiné, situé à peu de distance au sud d’Er-Rabîyéh. Cf. Keil, Josua, Leipzig, 1874, p. 134. Telle est l’identification adoptée, au moins comme possible, par les explorateurs anglais. Cf. Survey of Western Palestine, Memoirs, Lcdres, 1881-1883, t. iii, p. 313, 378 ; G. Armstrong, W. Wilson et Conder, Names and places in the Old and New Testament, Londres, 1889, p. 62. L’emplacement répond bien aux données scripturaires ; mais il faut avouer que l’opinion repose sur une base très fragile, une supposition que n’appuient ni le texte hébreu, dont les manuscrits n’offrent aucune variante, ni les anciennes versions, à part le grec du Codex Vaticanus.

A. Legendre.

ÉSAU (hébreu : ’Êiâv ; Septante : ’Ho-aû), fils aîné d’Isaac et de Rébecca. Son histoire commence dans le sein même de sa mère, où les deux enfants jumeaux de Rébecca s’entre-choquaient : c’était une sorte de prophétie en action, révélant par avance l’opposition qui devait dans

la suite exister entre les deux frères et les luttes futures entre leurs descendants. Gen., xxv, 22-23. Cf. Rom., ix, 11-13. Il vint le premier au monde ; « il était roux et velu comme un manteau de poils, cf. xxvii, 16, et on lui donna [à cause de cela] le nom d’Ésaû, » qui signifie « velu ». Gen., xxv, 25. Cette particularité, que les médecins désignent par le terme d’hypertrichose, semblerait indiquer un tempérament robuste et vigoureux, tel du reste qu’il se révéla plus tard par les goûts d’Ésaû pour les exercices violents de la chasse et la vie libre au grand air. Gen., xxiv, 27. Le mot que la Vulgate a rendu par « laboureur » a plutôt le sens <T « homme des champs » ; aypoixo ; , disent les Septante, traduction qui répond mieux au caractère d’Ésaû, dont les habitudes de chasseur ne convenaient guère au calme d’une existence vouée à l’agriculture.

Un jour qu’il revenait des champs accablé de fatigue, il vit un plat de lentilles que Jacob avait préparé. Ces légumes sont un mets fort apprécié des Orientaux, particulièrement en Egypte et en Syrie, même de nos jours. Cf. II Reg., xvil, 28. « Fais-moi, lui dit-il, je te prie, manger de ce [mets] roux, parce que je suis las. » Gen., xxv, 30. On ne saurait douter que Rébecca n’eût fait connaître à Jacob, son enfant de prédilection, l’oracle divin qui le concernait. Gen., xxv, 23. Jacob voulut donc profiter des dispositions où il voyait Ésaû pour prévenir les résistances que celui-ci pourrait opposer plus tard à l’accomplissement des promesses de Dieu, et il demanda à son frère de lui vendre, en échange du plat convoité, son droit d’aînesse : « Je me meurs, répondit Ésaù, et à quoi me servira mon droit d’aînesse ? » Il y consentit donc et confirma même ce marché par un serment, que pour plus de sûreté Jacob exigea de lui, mais qu’il devait violer ; ensuite « il prit du pain, le plat de lentilles, mangea, but et s’en alla, sans se soucier d’avoir ainsi vendu son droit d’aînesse ». Gen., xxv, 29-31. Saint Paul a qualifié Ésaû de profane et de sacrilège. Hebr., XII, 16. Ce mot est justifié par le mépris que fit Ésaû de la bénédiction paternelle. Il distinguait, il est vrai, entre le droit de primogéniture et cette bénédiction, Gen., xxvii, 36 ; mais on voit par les réponses d’Isaac que ces deux privilèges étaient inséparables. Gen., xxvii, 33, 35-37, 39-40. — Ce pacte honteux valut à Ésaû le surnom d’Édom, « roux, » en souvenir des lentilles qu’il avait payées de son droit d’aînesse. Toutefois cette appellation ne s’applique généralement, dans les Livres Saints, qu’au peuple formé par ses descendants et à la région qu’ils habitèrent.

Le fils aîné d’Isaac épousa ensuite, lorsqu’il eut atteint sa quarantième année, deux Héthéennes, Judith, fille de Béeri, et Basemath, fille d’Élon, quoique « elles eussent affligé le cœur d’Isaac et de Rébecca ». Gen., xxvi, 34. Mais, malgré ses torts, il restait toujours le fils aîné et conservait ses droits de primogéniture aux yeux de son père. Aussi, lorsque Isaac eut cru voir dans l’affaiblissement de sa vue un signe de sa fin prochaine, le vieux patriarche appela-t-il Ésaù pour lui donner sa bénédiction. Gen., xxvii, 1-4. Il n’avait pas compris sans doute toute la portée de la réponse de Dieu à Rébecca, Gen., xxv, 23, et il devait, d’ailleurs, regarder comme nulle la vente qu’Ésaû avait faite à Jacob. Il lui ordonna donc de prendre ses armes et de lui apporter ensuite le gibier, quand il l’aurait apprêté de la manière qu’il savait être de son goût ; après ce repas, il lui donnerait sa bénédiction. Or, pendant qu’Ésaû était à la chasse, Rébecca revêtit Jacob des habits de son frère, prépara un repas à Isaac, et le patriarche, trompé par les apparences et par l’affirmation de Jacob, lui donna solennellement la bénédiction de l’aîné. Gen., xxvii, 5-29. Ésaû arriva bientôt après ; il rugit de colère et de douleur en apprenant ce qui s’était passé, et demanda à son père de le bénir lui aussi. Mais Isaac lui déclara que Jacob avait bien reçu cette bénédiction, qu’il venait réclamer trop tard. Vainement Ésaû