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ÈRE DES SÉLEUCIDES — ERHARD


qu’à partir de l’année 3Il avant J.-C. Les Grecs de Syrie commençaient l’année au mois de septembre, et ce début est encore usité chez les catholiques du Liban. Plusieurs villes avaient leur jour particulier : Séleucie, le 1° juillet ; Ëphèse, le 24 septembre ; Gaza, le 27 octobre ; Tyr, le 18 novembre. Les tribus arabes la dataient, les unes du 1 er septembre, les autres du 1 er octobre. Cf. H. Waddington, Les ères employées en Syrie, dans les Comptes rendus de l’Académie des inscriptions et belles - lettres, nouv. série, t. i, 1865, p. 39-40.

Les Juifs durent l’adopter après leur soumission aux rois de Syrie, et ils la conservèrent jusqu’au xie siècle, époque à laquelle ils comptèrent les années à partir de la création du monde. Les rabbins l’appelèrent t>jd

nlTc*, « ère des contrats, » parce qu’on leur imposa

l’obligation de s’en servir dans les actes publics. Elle est mentionnée dans les deux livres des Machabées sous le nom d’  « années du règne des Grecs », ett] p<z<nXei<z ?’EXXrjva >7, et les événements y sont datés d’après les années des rois de Syrie. Mais il se présente cette particularité que ces deux livres, tout en suivant l’un et l’autre l’ère des Séleucides, datent les mêmes faits d’une année de différence. Ainsi la mort d’Antiochus Épiphane est rapportée, I Mach., vi, 16, à l’an 149, alors qu’une lettre crite au nom de son fils et successeur est datée, II Mach., xi, 21 et 33, de 148. Le siège de la citadelle de Sion par Judas Machabée est attribué à l’an 150, I Mach., v’i, 20, et à l’an 149, II Mach., xiii, 1. Le commencement du règne de Démétrius est fixé à "151, I Mach., vii, 1, et à 150, II Mach., xiv, 4. Les chronographes ont depuis longtemps constaté cette divergence, et ils ont cherché à en donner l’explication. Tous reconnaissent que les deux écrivains ne font pas partir du même point le commencement de l’ère des Séleucides, dont ils se servent ; mais ils attribuent à ces points de départ divergents des dates différentes. Avec Sanclemente, De vulgaris serse emendatione, Rome, 1793, ii, 6, Welte, Einleitung in die deuterokanonischen Bûcher des Alten Testament, Fribourg-en-Brisgau, 1844, p. 58, prétend que l’auteur du premier livre compte les années comme le faisaient les Syriens, à partir de l’automne 312 avant J.-C, tandis que l’auteur du second livre a suivi le calcul des Babyloniens et des Ghaldéens, qui commençaient l’ère des Séleucides un an plus tard, à l’automne de 311. Mais cette explication paraît peu vraisemblable, car l’auteur du second livre n’a fait qu’un abrégé des cinq livres de Jason de Gyrène. Or Cyrène est située en Afrique, et il est peu probable qu’un Cyrénéen ait suivi la méthode des Babyloniens, dont il était si éloigné. Il est plausible qu’il a adopté plutôt la chronologie des Syriens, dont il était plus rapproché, et que son abréviateur n’a pas changé les dates de l’ouvrage qu’il résumait. Ideler, Handbuch der Chronologie, Berlin, 1825, 1. 1, p. 530, et Riess, Dos Geburtsjahr Christi, Fribourg-en-Brisgau, 1880, p. 233, pensent que l’auteur du premier livre des Machabées place, comme les Syriens, le début de l’ère des Séleucides en l’année 312 avant J.-C., mais qu’il le transporte, comme le faisaient les Juifs, au mois de nisan ; tandis que l’auteur du second suit l’ère des Babyloniens, et qu’il la fait commencer à l’automne de 311, au mois de tisri. Cf. H. Weiss, Judas Makkabâus, Fribourg-en-Brisgau, 1897, p. 70 et 115, note 1. L’explication qui paraît la plus naturelle est celle de Pétau, De doctrina temporum, Paris, 1627, t. ii, p. 220-226 ; de Noris, Annus et epochse Syromacedonum, Leipzig, 1696, p. 67-144 ; de Patrizi, De consensu utriusque libri Machabseorum, Rome, 1856, p. 15-44. Selon eux, les deux écrivains ont adopté l’ère des SyroMacédoniens, qui date de l’année 312 ; mais le premier la fait partir du printemps, i" de nisan, et le second de l’automne, 1 er de tiiri. Celui-ci prend l’année civile des Syriens ; celuilà, l’année religieuse des Juifs. De la sorte il n’y a entre les dates de

leurs récits qu’une différence de six mois, et dès lors qu’on défalqué cette différence des chiffres du premier livre, on aboutit exactement aux mêmes dates. Cf. Gillet, Les Machabées, Paris, 1884, p. 16-17 ; E. Mahler, Chronologische Vergleichungs-Tabellen, in-4°, Vienne, Hefti, 1888 ; E. Schûrer, GeschichtedesjûdischenVolkes, 2e édit., t. i, part, i, 1889, p. 26-33 ; J. Epping et J. N. Strassmaier, Astronomisches aus Babylon, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1889, p. 177 ; Vigoureux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, Paris, 1890, t. iv, p. 170-171.

Tableau chronologique des rois de Syrie.

Ère des Séleucides. Avant J.-C.

Séleucus I" Nicator. 1-32 312-280

Antiochus I" Soter 32-51 280-261

Antiochus II Théos 51-66 261-246

Séleucus II Gallinicus 66-86 246-226

Antiochus Hiérax 85 227

Séleucus III Céraunus. …….. 86-90 226-222

Antiochus, fils de Séleucus III. … 90 222

Antiochus III le Grand, frère de Séleucus III 90-126 222-187

Molon, satrape révolté.. 92 220

Aclueus, satrape révolté 98 214

Séleucus IV Philopator, fils d’Antiochus III.. 120-138 187-175

Antiochus IV Épiphane, fils d’Antiochus III 138-149 175-164

Antiochus V Eupator 149-151 164-162

Démétrius I" Soter. 151-162 162-150

Timarque, satrape révolté 15$1-$251 162

Alexandre I" Bala 162-167 150-144

Démétrius II Nicator 166-175 146-138

Antiochus VI Dionysos 167-170 145-142

Tryphon, usurpateur 170-174 142-139

Antiochus VII Sidétès 174-183 138-129

Démétrius II rétabli. 182-187 130-125

Alexandre II Zébina 184-190 128-123

Séleucus V 187 125

Gléopâtre Théa, reine 187-192 125-121

Antiochus VIII Grypus 187-216 125-96

Antiochus IX Gyzicène 196-217 116-95

Séleucus VI Épiphane. …….. 216-217 96-95

Antiochus X Eusèbe 218-229 94-83

Antiochus XI Philadelphe 220 92

Philippe Philadelphe 220-229 92-83

Démétrius III Philopator 217-225 95-88

Antiochus XII Dionysos 224-228 ? 89-84 ?

Tigrane d’Arménie 229-243 83-69

Antiochus XIII l’Asiatique 243-247 69-65

Pompée réduit la Syrie en province

romaine. 247 65

Cf. Vigouroux, Manuel biblique, 10e édit., 1898, t. ii, p. 255-257. E. Mangenot.

    1. ERHARD Thomas##

ERHARD Thomas, religieux bénédictin de l’abbaye de "Wessobrunn, en Bavière, mort dans ce monastère le 8 janvier 1743. Parmi ses écrits, on remarque : Die Bibel lateinisch und deutsch mit theologischen und chronologischen Anmerkungen, in-8°, Vienne, 1723 ; Manuale biblicum, in-4°, Vienne, 1724 ; Isagoge et commentarius in universa Biblia sacra illustrans et explicans Sacram Scripturam per clara prolegomena in omnes et singulos libros ; per selectas annotationes, brèves paraphrases, et exégèses in loca et versus paulo difficiliores ex optimis catholicis interpretibus, preesertim a SS. Patribus. desumptis, 2 in-f°, Vienne, 1735. Il entreprit l’ouvrage intitulé Concordantise Bibliorùm Wessofontame, 2 in-f°, Vienne, 1751, que continuèrent et achevèrent après sa mort Maur Luz, Veremond Eisvogel et Célestin Leutner,