Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome II.djvu/992

Cette page n’a pas encore été corrigée

d905

ÉRASME — ÈRE DES SËLEUCIDES

d906

surtout les notes qui accompagnaient le texte grec soulevèrent contre les hardiesses de la critique d’Érasme de vives polémiques, que l’on peut suivre dans sa correspondance et dans ses apologies. Pour connaître toute la pensée d’Érasme, il faut lire ses répliques à Le Fèvre d’Étaples, à Edouard Lee, à Jacques Lopez Stunica, à Sanchez Garanza, au carme d’Egmont et à la Sorbonne. Elles sont toutes réunies dans le tome ix des Opéra, Leyde, 1706. Voir, sur un point particulier, E. Mangenot, Les erreurs de mémoire des évangélistes d’après Érasme, dans La science catholique, t. vii, 15 février 1893, p. 193-220 ; A. Loisy, Histpire du Canon du Nouveau Testament, in-8°, Paris, 1890, p. 226-230.

Érasme publia, de 1517 à 1524, une Paraphrase de tous les livres du Nouveau Testament, hormis l’Apocalypse, qu’il n’en jugeait pas digne. Il commença par les Epitres de saint Paul, continua par les lettres des autres Apôtres, les Évangiles, et termina par les Actes. Il a lui-même, dans la préface de sa Paraphrase de l’Épltre aux Romains, défini son art et sa méthode. Il voulait « relier les pensées détachées, adoucir les expressions dures, mettre de l’ordre dans ce qui est confus, développer les constructions embarrassées, défaire les nœuds du discours, apporter de la lumière dans les passages obscurs, donner à l’esprit hébreu l’urbanité romaine ; en un mot, faire parler Paul, l’orateur céleste, en d’autres mots sans lui faire dire autre chose ». Il chercha donc à rendre avec fidélité et énergie la pensée des écrivains sacrés et à faire sortir des mots tout ce qu’ils contiennent. La paraphrase de l’Épltre aux Romains est un modèle du genre. Les autres n’ont pas le même mérite. Plus Érasme avançait dans son œuvre, plus il se fatiguait et se perdait dans des longueurs inutiles. Les Paraphrases du Nouveau Testament remplissent le tome vil des Opéra, Leyde, 1706. Noël Béda, syndic de la Sorbonne, publia Contra Erasmi paraphrases lib. i, in-f », Paris, 1526. Érasme répliqua, Opéra, t. ix, col. 453-496.

On doit encore à Érasme l’explication de onze psaumes, I, II, iii, IV, XIV, XXII, XXVIII, xxxui, xxXvm, LXXXIII et lxxxv. Elle a paru sous divers titres : Enarratio, commentarius, paraphrasis, concio, expositio concionalis, et en des lieux différents, de 1515 à 1536, suivant les circonstances. On la trouve au tome v des Opéra, Leyde, 1704. Le commentaire du Psaume i est fait selon la tropologie, qui est le sens naturel du poème. En commentant les autres psaumes, Érasme suit de moins près la pensée du Psalmiste et verse dans l’allégorie ; son interprétation n’est souvent qu’une amplification sans originalité et sans valeur. Cf. S. Berger, La Bible au xvi’siècle, Paris, 1879, p. 40-69 ;

Bibliographie. — Les Vies d’Érasme en tête de ses Œuvres ; Paul Merula, Vita Des. Erasmi ex ipsius manu fideliter reprsesentata, in-4°, Leyde, 1607 ; Pierre Scriverius, Des. Erasmi vita, in-12, 1615 ; Jean Leclerc, Vie d’Érasme tirée de ses lettres, dans la Bibliothèque choisie, t. v et vi, 1703 et 1713 ; La Bizardière, Histoire d’Érasme, sa vie, ses mosurs, sa mort et sa religion, in-12, Paris, 1721 ; Samuel Knight, Life of Erasmus, in-8°, Cambridge, 1726 ; de Burigny, Histoire de la vie et des ouvrages d’Érasme, 2 in-12, Paris, 1757 ; J. Jortin, Life of Erasmus, 2 in-4°, Londres, 1758 ; Ch. Butler, Life of Erasmus, in-8°, Londres, 1825 ; A. Mùeller, Leben des Erasmus von Rotterdam, in-8°, Hambourg, 1828 ; Slichard, Erasmus von Rotterdam, in-8°, Leipzig, 1870 ; Durand du Laur, Érasme précurseur et initiateur de l’esprit moderne, 2 in-8°, Paris, 1872 ; Drummond, Erasmus, 2 in-8°, Londres, 1873 ; Gaston Feugère, Érasme, in-8°, Paris, 1874. E. Mangenot.

    1. ÉRASTE##

ÉRASTE (grec : "Epauro ; , « aimable » ), nom de deux chrétiens.

1. ÉRASTE, disciple que saint Paul envoie avec Timo thée en Macédoine, tandis que lui-même se proposait de rester encore quelque temps à Éphèse avant de se rendre dans ce pays. Act., xix, 22. Il paraît être le même personnage que le disciple dont il est dit, II Tim., iv, 20 : « Éraste est resté à Corinthe. »

2. ÉRASTE, nommé dans l’Épltre aux Romains, xvi, 23, parmi les personnages influents de l’Église de Corinthe dont saint Paul envoie les salutations aux fidèles de Rome. Il était trésorier (tùxovonoi ; , arcarius) de la ville de Corinthe. Cette fonction l’obligeait évidemment à une résidence habituelle dans la cité : c’est ce qui ne permet guère de l’identifier, comme l’ont fait plusieurs, avec le disciple du même nom, qui accompagna l’Apôtre dans plusieurs de ses voyages et auquel il confia diverses missions. Act., xix, 22 ; II Tim., iv, 20. D’après les Menées grecques, Éraste aurait été économe de l’Églif ! le Jérusalem, et puis évêque de Panéas ou Césarée df Philippe. Menolog. GrseC, édit. Albani, 3 in-f°, Urbiri 1V27, 1. 1, p. 179. D’après le Martyrologe romain, il devin évêque en Macédoine et mourut martyr à Philippes. Le Latins l’honorent le 26 juillet et les Grecs le 10 novembre Voir Acta Sanctorum, julii t. vi, p. 297-298.

    1. ERCHUÉENS##

ERCHUÉENS (hébreu : ’Arkevàyê’[qeri] ; Septante : ’Apxuaîot), captifs transportés dans le royaumi d’Israël par Asénaphar (voir ce mot). Ils écrivirent contn les Juifs, avec les autres déportés, au roi de Perse Artaxerxès. I Esdr., iv, 9. Les Erchuéens tiraient leur non de la ville chaldéenne d’Érech ou Arach, d’où ils étaien originaires. Voir Arach, t. i, col. 868. Sennachérib, pèn d’Asarhaddon, avait fait campagne contre les Chaldéen et déporté des habitants d’Uruk (Arach). Inscription di Prisme, col. i, ligne 37 (Keilinschriftliche Bibliothek t. ii, p. 85). Asarhaddôn étendit aussi sa domination su la Chaldée. On ignore à quelle époque les habitant d’Arach furent transportés en Palestine. Voir Vigouroux La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., 1896 t. iv, p. 74.

ÈRE DES SËLEUCIDES. Une ère est un point fis

d’où l’on commence à compter les années. Celle de

Séleucides, qui a servi longtemps et qui sert encore au

jourd’hui, dans quelques provinces de l’Orient, à date

les événements de l’histoire, est ainsi nommée parc

qu’elle a son point de départ à l’origine de la dynasti

des Séleucides. Elle part, en effet, de l’année à laquell

Séleucus, qui avait été un des généraux d’Alexandre 1

Grand, et qui fut plus tard surnommé Nicator, s’empar

de la Babylonie, avant d’avoir pris le titre de roi. On 1’appelée l’ère des Syro-Macédoniens, parce que le royaum

de Syrie, où elle fut inaugurée, était un démembremer

de l’empire d’Alexandre, et aussi l’ère d’Alexandre, pa

confusion avec l’ère véritable du conquérant macédoniei

Son commencement a été fixé avec une entière certitud »

i l’aide des inscriptions des monnaies et des documenl

cunéiformes, au 1° octobre de l’année 312 avant J.-C

Voir col. 1359, fig. 488, un tétradrachme de Démétrius l

j Soter, daté de SP (an 160 de l’ère des Séleucides), <

j col. 1362, fig. 489, un autre tétradrachme de Démétrius ]

! Nicator, daté de EI1P (an 185 de l’ère des Séleucides

L’emploi d’une ère sur la monnaie étant la meilleur

manière de la vulgariser, celle des Séleucides fut gêné

ralement employée en Syrie et y persévéra plusieui

siècles. L’usage en fut restreint sous l’empire romain

la portion moyenne de cette province, ainsi qu’il résull

des inscriptions chrétiennes et païennes des m « , IVe « 

v « siècles de notre ère. Il persévéra chez les auteui

i syriens pendant tout le moyen âge, et il est encore cor

serve de nos jours par les chrétiens nestoriens et jacobite :

{ Les peuples qui adoptèrent cette ère ne la dataient ps

| tous ni du même jour, ni du même mois, ni de la mène

année. Les Chaldéens et les Babyloniens ne la prenaiei