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1897
1893
ÉPISCOPAT — ÉPITRES APOCRYPHES


buée à êuttfxoirii, parce que peqûdâh a en effet en hébreu, non seulement dans ce passage mais dans quelques autres, le sens de « fonction, charge ». Num., iv, 16 ; I Par., xxiv, 19 ; xxvi, 30, etc. — 3° Saint Paul, I Tira., m, 1, a donné un sens chrétien particulier à ce mot en s’en servant pour désigner la dignité épiscopale et les fonctions qui lui sont propres : « Si quelqu’un désire l'épiscopat, il désire une bonne chose. » À la suite de l’Apôtre, les écrivains ecclésiastiques l’ont fréquemment employé avec cette signification spéciale. Voir ÉvÈQUE.

F. Vigouroux. ÉPÎTRE (hébreu : séfér ; grec : ètikttoXt) ; epistola, « lettre, épître » ) (fig. 596). Il faut distinguer dans la Bible l'épître de la lettre ; celle-ci, toujours officielle ou publique dans l’Ancien Testament, est un message, un ordre ou une communication de faits, tandis que l'épître a un but plus général et est devenue dans le Nouveau

  • 96. — Ancienne épître ou lettre grecque écrite sur papyrus,

roulée et liée. D’après Notices des manuscrits. Papyrus grecs du Louvre et de la Bibliothèque nationale, t. xviii. Planches, in-f°, Paria, 1865, pi. xlvi (n° 18 ter avant son ouverture).

Testament, à l’exception de l'Épftre à Philémon, comme un discours public fait à des auditeurs absents. Avant l'époque de Jérémie q ui écrivait aux exilés à Babylone, reproduites Jer., xxix, 1-32, et Baruch, vi, l’Ancien Testament mentionne simplement l’envoi de lettres sans les rapporter. II Reg., xi, 14, 15 ; III Reg., xxi, 8, 9 ; II Par., xxi, 12 ; IV Reg., v, 5-7, etc. Il est question aussi dans le Nouveau Testament de lettres envoyées : Act., ix, 2 ; xviii, 27 ; I Cor., vii, 1, etc. Voir Lettres. — Quant aux Épitres, nous avons dans le Nouveau Testament vingt écrits qui portent ce nom, quoique deux d’entre eux, l'Épitre aux Hébreux et la première Épître de saint Jean, n’aient pas la forme ordinaire des lettres. Il y a treize Épitres de saint Paul, rangées en une collection appelée autrefois 6 dmdcrcoXoc, et sept Épitres qui ont reçu le nom de « catholiques », soit à cause de leur caractère général, soit parce qu’elles sont adressées à la collectivité des fidèles. Voir col. 350. Les Épitres sont désignées dans le Nouveau Testament par le nom de ceux auxquels ellessont adressées : Épître aux Romains, à Timothée ; ou par le nom de l’auteur : Épitre de saint Pierre, de saint Jacques. Nous n’avons pas toutes les lettres qui ont été écrites par les Apôtres. Saint Paul,

II Thess., iii, 17, afin de mettre en garde les Thessaloniciens contre les lettres fausses, les avertit, II Thess., Il, 2, que « dans toute lettre » il met sa signature ; ce qui indique l’existence de lettres perdues, puisque nous n’avons qu’une seule lettre antérieure à celle-là. Nous n’avons plus la lettre dont parle saint Paul aux Corinthiens, I Cor., v, 9 ; ni celle qu’il écrivit aux Laodicéens, Col., iv, 16, à moins que cette lettre ne soit l'Épitre aux Éphésiens ; ni la lettre que saint Jean a envoyée à l'Église.

III Joa., 9. Nous ne savons pourquoi ces lettres n’ont pas été conservées ; leur perte est probablement accir dentelle ; mais, étant donné l’intérêt qu’elles présentaient, ce qui cependant ne les a pas préservées, il est à craindre que nous n’en ayons perdu d’autres, qui pouTaient être aussi très importantes. — La forme des Épitres

est, sauf deux exceptions, exactement la même pour toutes. Elles commencent par le nom de l'écrivain et par

celui du ou des destinataires : « Paul, apôtre, aux

Églises de Galatie, » Gal., i, 1, 2 ; « Pierre, apôtre de JésusChrist, aux élus étrangers de la dispersion. » I Petr., i, 1. L'Épitre aux Hébreux et la première Épître de saint Jean n’ont pas de suscription. Viennent ensuite des formules de salutation, où se retrouvent toujours les mots -/âptç, « grâce ; » EÎpnvq, « paix, » Rom., i, 7 ; I Cor., i, 3, etc. ; I Petr., i, 2 ; II Petr., i, 2 ; ou -/ipiç, eXeo ; , « miséricorde, » tlprjvïi. I Tim., i, 2 ; II Tim., i, 2. L'écrivain parle ensuite à la première personne, indistinctement au singulier, Rom., i, 8, 9, ou au pluriel. Rom., i, 5 ; ii, 2. Quand ce qui fait l’objet de la lettre a été écrit, l’auteur envoie ses salutations particulières et celles de son entourage. Rom., xvi, 3-23 ; I Cor., xvi, 19, etc. ; I Petr., v, 13. Lorsque la lettre n’a pas été écrite tout entière par l’apôtre, comme c’est le cas pour l'Épitre aux Galates, ainsi que le fait remarquer expressément saint Paul, vi, 11, l’auteur, après avoir dicté la lettre, y appose sa signature, en mentionnant qu’elle est de sa propre main, I Cor., xvi, 21 ; Col., iv, 18 ; II Thess., iii, 17, et en ajoutant quelques mots : « Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous, » I Cor., xvi, 23 ; ou : « Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ soit avec votre esprit. » Phil., iv, '23. Dans l'Épitre aux Romains, xvi, 22, le secrétaire, Tertius, a ajouté sa salutation personnelle. — Les Apôtres dictaient ordinairement leurs lettres à un secrétaire, Rom., xvi, 22 ; I Petr., v, 12 ; ceci nous explique certaines différences de style existant entre les lettres du même auteur : les premières Épitres de saint Paul, par exemple, et les Épitres pastorales. Il est même probable que pour l'Épitre aux Hébreux saint Paul n’aura fourni que les idées, et que la forme extérieure de la lettre, la langue, le style, la dialectique, la manière de citer l’Ancien Testament, ne soient le fait de l'écrivain. Trenkle, Einleitung in das Neue Testament, in-8, Fribourg, 1898, p. 92. Ainsi s’expliquerait aussi la bonne grécité de l'Épître de saint Jacques, lequel, Hébreu de race et d’habitudes, aurait dû écrire plutôt le grec hébraïsant, que nous retrouvons dans la plupart des autres livres du Nouveau Testament. — Les porteurs des Épîtres de saint Paul étaient, tantôt des messagers spéciaux, tels que Titus et les envoyés des églises pour la collecte pour la seconde Épitre aux Corinthiens ; Tychique pour les Épitres aux Colcssiens et aux Éphésiens ; celui qui porta la première Épitre aux Corinthiens, ou bien des messagers d’occasion, tels que Philémon pour l'Épître qui porte son nom ; Épaphrodite pour l'Épitre aux Philippiens ; Phœbé, diaconesse de Cenchrées, probablement, pour l'Épitre aux Romains. Nous ne savons rien sur les porteurs des Épîtres catholiques. — Les Épîtres sont en général des écrits de circonstance ; pour celles de saint Paul en particulier, nous voyons assez facilement les événements qui les ont provoquées. Pour les Épîtres catholiques, on ne peut que faire des conjectures d’un caractère général. Les Épitres étaient destinées à la lecture publique, et ordinairement devaient être communiquées aux communautés chrétiennes a voisinantes, ainsi que l’indique la recommandation de saint Paul aux Colossiens. Col., iv, 16. Nous voyons que tel était l’usage dans l'Église primitive. Polycarpe transmet à l'Église de Philippes toutes les lettres que l'Église de Smyrne possédait de saint Ignace d’Antioche. Polycarpe, Ad Philip., xiii, 2, t. i, col. 1016. — Sur la manière dont on expédiait et transportait les lettres dans l’antiquité, voir Courrier, col. 1089-1090.

E. Jacquier. ÉPÎTRES APOCRYPHES. Celte classe de textes apocryphes n’est nullement comparable à celle des apocalypses ou des évangiles, pour le développement ou l’intérêt. Quelques pièces d'époques fort diverses, toutes d’origine chrétienne, la composent. La littérature épistolaire a été, en effet, une des plus anciennes formes da