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1889
1890
ÉPHREM (VILLE) — ÉPHREM (SAINT)


et des silos creusés dans le roc, du côté du sud, indiquent que cette colline a été aussi habitée.

III. Histoire. — Éphrem, après l’entrée des Israélites dans le pays de Chanaan, fut assignée d’abord à la tribu de Benjamin, Jos., xviii, 23 ; mais elle devint en réalité le partage des Éphraïmites, qui occupèrent Béthel, appelée d’abord Luza, et, par suite, toute la région et les localités situées au nord. Cf. Jos., xvi, 2 ; Jud., i, 23. Lors de la division du pays en deux royaumes, Éphraïm fit partie du royaume d’Israël ; mais la dix-huitième année du règne de Jéroboam I er, Abia, fils et successeur de Roboam, s’en empara et des localités qui en dépendaient, en même temps que de Béthel et de Jésana. II Par., xiii, 19. Elle ne demeura pas longtemps au pouvoir des rois de Juda ; car sous Asa, fils et successeur d’Abia, Baasa, roi d’Israël, avait avancé sa frontière jusqu’à Rama de Benjamin, au sud de Béthel. Asa reprit cette dernière ville, mais ne songea pas, non plus que ses successeurs, à s’avancer au delà de l’ancienne frontière, dont Béthel marquait le terme. Cf. II Par., xvi, 5-6. Éphraïm demeura ainsi au pouvoir des rois d’Israël jusqu’à la chute de leur royaume. Après la captivité, elle se trouvait appartenir à la province de Samarie. Elle en fut détachée, au temps de Jonathas Machabée, par un décret de Démétrius Lasthenès, roi de Syrie, pour être, ainsi que Lydda et Ramatha, réunie à la Judée. I Mach., xi, 34 (grec ; le nom d’Éphraïm manque dans la Vulgate). Ephraïm était alors à la tête d’une région ou d’un nome. Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 9. NotreSeigneur, après la résurrection de Lazare et quelque temps avant sa passion, voulant éviter de paraître en public, s’y retira avec ses disciples et y séjourna quelque temps. Joa., xi, 54. Au commencement de la guerre de Judée, Vespasien monta de Césarëe dans les montagnes et s’empara de Béthel et d’Ephraïm, où il établit des garnisons. Josèphe, Bell, jud., IV, ix, 9. Au iv « siècle, Éphraïm était encore un « très grand bourg ». C’est alors très probablement que les chrétiens élevèrent une église sur le monticule au sud-est de la ville, en souvenir du séjour du Seigneur en cet endroit. Thayebëh est aujourd’hui un assez grand village d’un millier d’habitants, tous chrétiens, dont trois cents catholiques latins, cinquante melchites environ et six cent cinquante grecs non-unis. L. Heidet.

2. ÉPHREM (Saint), %x » *3Ji surnommé le Syrien, pour le distinguer des autres personnages du même nom, l’un des plus grands docteurs de l’Église, naquit en Mésopotamie, probablement à Nisibe, dans les premières années du règne de l’empereur Constantin, vers 308. Il mourut à Édesse le 9 ou le 18 juin 373. Dès son enfance, il s’était attaché à saint Jacques, évêque de Nisibe (309 à 338), dont il fut le fidèle disciple. Après la mort de son maître, il se retira à Édesse, devenue depuis la ruine de Nisibe le centre intellectuel le plus important de la Mésopotamie. L’école exégétique qui fleurit dans cette ville et fut comme un moyen terme entre celle d’Antioche et celle d’Alexandrie (voir t. i, col. 683 et 358), atteignit sa plus grande célébrité avec le jeune Éphrem.

Arrivé pauvre â Édesse, l’élève de saint Jacques y fut d’abord employé dans un établissement de bains ; mais, sur les représentations d’un pieux solitaire, il jugea qu’il avait mieux à faire qu’à essayer d’instruire des. baigneurs mondains et frivoles, et il ne tarda pas à embrasser la vie monastique. Tout en se livrant aux pratiques de la plus austère pénitence, sur une montagne voisine d’Édesse, il composa des hymnes, madrase, pour les principales fêtes de l’année, ainsi que des chants dans lesquels il exposait les dogmes catholiques et qui, devenus populaires, contribuèrent à faire prévaloir la vraie foi contre les erreurs du gnoslique Bardesane et de ses fils. Il commenta les Saintes Écritures, prêcha de nombreux sermons et fut l’un des plus intrépides et des plus infatigables défenseurs de l’orthodoxie contre toutes les héré D1CT. DE LA BIBLE.

sies de son temps. Il avait été ordonné diacre par saint Basile, mais il ne voulut jamais consentir à être élevé au sacerdoce et à l’épiscopat. Saint Grégoire de Nysse, Dé Vita S. Ephrem, t. xlvi, col. 829, a dit de ce grand docteur : « Il étudia tout l’Ancien et le Nouveau Testament, il s’y appliqua avec plus de soin que personne, et il en expliqua exactement la lettre depuis la création jusqu’au dernier livre de la loi de grâce, éclaircissant à l’aide de la lumière de l’Esprit-Saint tout ce qui est difficile ef obscur. » Ses travaux scripluraires tiennent, en effet, le premier rang dans ses œuvres. Malheureusement une partie de ses commentaires est perdue ou du moins n’a pas encore été retrouvée. Ses Scholies sur l’Ancien Testament ont été publiées à Rome, dans ses Œuvres syriaques, à l’exception du commentaire des Psaumes, qu’on n’a plus. Son commentaire sur le Nouveau Testament existe en arménien. Il a été publié à Venise, pour la partie des Épitres, en 4 volumes, en 1836, et pour YEvangeliiconcordantis expositio, en un volume, en 1876 (traduction latine) ; mais on n’a dans la langue originale que ses sermons sur la passion. Le texte qu’il explique est celui de la version syriaque (la Peschito), avec quelques références à l’hébreu original et aussi à la version grecque. On croit cependant qu’il connaissait peu l’hébreu et encore moins le grec (A Dictionary of Christian Biography, t. ii, 1880, p. 142-144 ; C. Eirainer, Der h. Ephràm, p. 11-12). « S. Éphrem, en expliquant l’Écriture Sainte, s’est attaché à la méthode que suivait de son temps l’école d’Anlioche, que Théodore le commentateur, saint Chrysostome et Théodoret ont employée, et qui est opposée à celle de l’école d’Alexandrie, où les disciples de Philon et d’Origène donnaient beaucoup au sens allégorique… Dans presque chacun des livres qu’il commente, S. Éphrem a coutume de mettre en tête un court sommaire du livre, d’après le but de l’ouvrage. Il donne ensuite son sentiment sur la patrie, la vie et la condition des auteurs. Après cela vient l’explication qui est tantôt littérale, tantôt morale et allégorique, le plus souvent historique et mystique. Quelquefois cependant il passe sous silence un grand nombre de versets, et même des chapitres entiers qui sont très difficiles. Dans l’explication de la Genèse et de Jérémie, il omet presque toutes les interprétations mystiques. Si, parfois, son explication est d’une élégante concision, comme dans Job et dans plusieurs endroits des Prophètes, ailleurs son langage devient abondant ; il commente avec étendue tout le sens que présentent les paroles, l’examine avec soin et le juge, comme dans le commencement de la Genèse, ou dans l’histoire de Joseph ou dans celle de Moïse. Parfois son interprétation resplendit de tant de paroles et de sentences lumineuses que son langage semble revêtir la forme poétique et dramatique. La langue syriaque… qu’il parlait, lui servait beaucoup à cause de ses affinités avec la langue hébraïque de l’Ancien Testament et le syro-chaldaïque employé par Notre-Seigneur et les Apôtres. Par son secours, il découvrait facilement le sens littéral des deux Testaments, surtout dans les idiotismes hébraïques et chaldaïques. La [Peschito], la connaissance des mœurs et des coutumes de l’Orient et celle des choses de la nature, les traditions antiques des Juifs, l’étude assidue de l’Écriture furent encore pour S. Éphrem autant de moyens qui l’aidèrent dans son immense et pénible travail. Écrivant pour l’usage des moines, ses frères et ses disciples, il a soin d’indiquer les maximes qui regardent l’avancement dans la piété et la perfection spirituelle. » L. Bauzon, dans R. Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés, nouv. édit., t. vi, Paris, 1860, p. 442.

Voir S. Ephrsem Syri Opéra, 6 in-f°, Rome, 1732-1746. Le t. I des Opéra syriaca contient les commentaires sur le Pentateuque, Josué, les Juges et les quatre livres des Rois. Le t. il contient les explications sur Job, Josué, Jérémie, les Lamentations, Ézéchiel, Daniel, Osée, Joël,

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