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1885
1886
ÉPHRÉE —ÉPHREM (VILLE)


lische Sprache, 1878, p. 5-6 ; F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6e édit., t. iv, p. 244-253. Cf. Ezech., xxx, 14-19, 24-25. On voit d’ailleurs que tous les documents s’accordent à faire mourir le roi d’Egypte de mort violente et justifient ainsi la prophétie de Jérémie, xliv, 30 : « Je livrerai le pharaon Éphrée entre les mains de ses ennemis et de ceux qui cherchent sa vie. » Cf. Jér., xlvi, 23-26. Hérodote, ii, 169, lui attribue un caractère présomptueux et arrogant ; il dit qu’il se vantait que « même les dieux ne pourraient le renverser de son trône ». Ézéchiel, xxix, 3, le représente sous l’image d’un grand crocodile, couché au milieu des eaux du Nil et s’écriant : « Le fleuve est à moi ; c’est moi qui l’ai fait. » Son orgueil fut honteusement humilié. Ezech., xxix, 4-12 ; xxx. F. Vigouroux.

1. ÉPHREM, ville de la tribu de Benjamin, qui fut occupée par Éphraïm. Son nom est écrit dans la Bible de manières très diverses : hébreu : ’Ofrâh ; Septante : ’EçpaOi ; Codex Sinaiticus : ’UppaOâ ; Codex Alexandrinus : ’Açpâ ; Vulgate : Ophera, Jôs., xviii, 23 ; —’Ofrâh, Toçepi, Ephra, 1 Reg., xiii, 17 ; —’Éfràïm, ’Eçpa’iji, Ephraim, II Reg., xiii, 23 ; — est écrit (ketîb)’Èfrôn, mais se lit (qeri)’Éfrâîn, ’Epp&iv, Ephron, II Par., xm, 19 ; —’Afrâh ; Vulgate : domus pulveris. Voir Aphra, t. i, col. 735. —’Aça(p£(j.a, I Mach., xi, 34 (omis dans la Vulgate ; voir t. i, col. 721) ; —’Eppsifp. ; Codex Sinaiticus et quelques autres manuscrits : ’EcppÉfi ; Vulgate : Ephrem, Joa., xi, 54.

I. Nom ; identification. — Josèphe, Bell, jud., IV, IX, 9, écrit ce nom’Eçpetin, et, Ant. jud., XIII, IV, 9, 'Aq>eipi|i.dc. Cet historien semble avoir pris le nom d’Éphraïm, II Reg., xiii, 23, pour le nom de la tribu. Quelques critiques, parmi lesquels Gesenius, Thésaurus lingum hebrseæ, p. 141, l’ont suivi dans ce sentiment. La forme du nom, écrit en ce passage avec’(n) et non avec’(y), comme il l’est partout ailleurs dans le texte hébreu, est le fondement de cette opinion. D’après le plus grand nombre des commentateurs, ce nom, en cet endroit, et les diverses autres formes, sont des variantes d’un même nom, désignant une seule localité. L’auteur de Il Reg., xiii, 23, n’a pu indiquer Baalhasor près [de la limite de la tribu] d’Éphraïm, nnaM oy, puisque cette

localité était alors en plein territoire de cette tribu, et il n’a pu désigner que la ville d’Éphraïm, qui était, en effet, voisine de Baalhasor. Voir Baalhasor, t. i, col. 1338. Le changement de la radicale initiale’(y) en’(n) peut être une négligence de copiste ou une erreur fondée sur la même opinion ; les finales des noms se sont souvent modifiées dans la suite des temps, et la disposition de la ville, agrandie peut-être et composée de deux parties distinctes, a pu faire prendre à la forme primitive du nom, ’Ofrâh ou’Éfràh, la forme duelle’Efràïm, « les deux’Efràh. » L’identité de la localité apparaît de l’ensemble des indications bibliques et extrabibliques, qui déterminent toutes une même région, presque un même point, pour le site d’Éphraïm. Nommée, Jos., xviii, 23-24, avec’Ofni = probablement Gofna ou Djifnéh, ’Ofrâh paraît s’être trouvée dans la partie extréme-nord, assignée dans le principe à la tribu de Benjamin ; elle était au nord de Machmas, d’après I Reg., xiii, 16-18 ; voisine de Baalhasor, selon Il Reg., xiii, 23 ; elle apparaît clairement située au nord de Béthel, II Par., xiii, 19 ; elle devait être non loin de la limite septentrionale de la province de Judée, d’après I Mach. (grec), XI, 34, puisque pour lui être annexée elle fut détachée du territoire de la Samarie. L’Évangile de saint Jean, xi, 54, la place sur les confins du désert, c’est-à-dire de la région inhabitée qui s’étend, sur une largeur de quinze à vingt kilomètres, à l’ouest de Jéricho. Eusèbe la nomme indifféremment Éphraïm et Éphron. Au mot’Eçpai|i, il reproduit l’indication de l’Évangile, et au mot’Ë ? p<iv il ajoute : « de la tribu de

Juda ; il existe maintenant un grand bourg (xtifir, ) du nom d’Éphraïm dans la région d’Élia, à peu près au vingtième mille. » Onomasticon, édit. Larsow et Parthey, in-16, Berlin, 1862, p. 196. Saint Jérôme, De situ et nominibus locorum hebraicorum, t. xxiii, col. 894, rend le nom Épbraïm d’Eusèbe par Ephrsea, et traduit les paroles srcpl toi ôpia A’illa. ; , « dans la région d’Élia, y> par contra septentrionem, « du côté du nord ; s le saint docteur parait avoir lu dans son exemplaire de V Onomasticon : irepi rà p<$ptia. Robinson, se fondant sur les données générales des Saints Livres et surtout sur la direction et la distance fixées par saint Jérôme, a cru reconnaître Éphraïm dans le village actuel de Thayebéh, situé, en effet, à peu de distance de l’ancienne limite de la Judée et de la Samarie, là où commence l’ancien désert de Juda, à deux kilomètres seulement au sud de Tell-’Asur, très probablement le Ba’al-ffâsôr du livre des Rois, à huit ou neuf kilomètres au nordrest de Beitin ou Béthel, et à vingt-huit kilomètres ou dix-neuf milles romains au nordnord-est de Jérusalem. E. Robinson, Biblical Besearches in Palestine, in-8°, Boston, 1841, t. ii, p. 124-125. Cette identification a été adoptée généralement par les palestinologues modernes. Cf. V. Guérin, Judée, t. iii, p. 45-51 ; F. de Saulcy, Dictionnaire topographique abrégé de la Terre Sainte, in-8°, Paris, 1877, p. 137 ; Gratz, Schauplatz der heiligen Schrift, nouv. édit., in-8°, Ratisbonne (sans date), p. 325 ; C. R. Conder, Tentwork in Palestine, in-8°, Londres, 1879, t. ii, p. 339 ; G. Armstrong, Name and Places in the Old Testament and apocrypha, in-8°, Londres, 1887, p. 136 ; Id., Names and Places in the New Testament, in-8°, Londres, 1888, p. 11.

Cependant M. Joh. Fahrngruber, ancien recteur de l’hospice autrichien, à Jérusalem, tout en adoptant l’identification d’Éphraïm ou Ofrâh de l’Ancien Testament avec Thayebéh, pense qu’Éphrem dont parle saint Jean pourrait être différent et propose une autre identification, Nach Jérusalem, in-18, Augsbourg, [1881], p. 381-382. Le texte de VOnomasticon d’Eusèbe, publié par J. Bonfrère, édition Jean Clerc, in-f », Amsterdam, 1707, p. 70, indique Éphron à environ huit milles, <i ; àitô o-yinetaiv’r. Celte leçon s’accorde mieux avec les deux autres indications d’Eusèbe, d’après lesquelles Ephraïm est dans la tribu de Juda et dans les confins de Jérusalem, et elle pourrait èlre la leçon authentique. À douze kilomètres ou huit milles au nord-est de Jérusalem se trouve une ruine appelée Tell-Fdrah et Khirbet - Fârah ; elle domine la vallée du même nom. C’est l’antique Aphara de Josué, xviii, 23, appelée du IVe siècle au vne Pharon (<ï>apa>v) et Pharan (ifcapàv), et célèbre par sa laure, située à deux stades à l’ouest de la ruine, et elle-même à dix milles vers l’est de Jérusalem. Cf. Cyrillus Scythopolit., Vita S. Euthymii magni, ch. il et xxvii, dans Acta sanct. Bolland., t. ii, janv., édit. Palmé, p. 668 et 691. La ressemblance des noms Fârah et Pharon avec Éphraïm, surtout avec ses variantes’Açpi, ’Eçpciv, ’Açaipefia, est évidente ; Fârah est sur la limite extrême de l’ancien désert de Juda ; par sa situation isolée et presque inabordable au milieu de vallées abruptes, nul lieu n’était plus convenable au dessein du Seigneur, qui voulait se retirer de la foule et échapper aux regards des scribes et des pharisiens, ainsi que l’insinue l’évangéliste. Joa., xi, 54.

— La probabilité que, pour ces diverses raisons, semblait avoir cette opinion, a été sérieusement infirmée par le témoignage de la carte de Mâdaba, découverte en décembre 1896. « Éphron ou Éphrata, où vint le Christ, » est placé au nord et à peu de distance de Rimmon : c’est la position de Thayebéh par rapport à Bammûn, dont l’identité avec la Rimmon biblique est hors de contestation. Cette indication constate l’existence d’une tradition locale chrétienne sur le lieu où se rendit le Sauveur après la résurrection de Lazare ; elle montre Éphrem du Nouveau Testament identique à Éphraïm ou’Ofrâh de l’Ancien ; elle justifie l’exactitude de la traduction de saint