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1884
ÉPHRÉE


se mit en marche pour la Palestine. Mais, comme l’avaient prédit Jérémie, xxxvii, 9-10, et Ézéchiel, xvii, 11-18, son intervention ne devait point sauver Juda de sa perte. La tentative d’Éphrée échoua complètement. Prévenue de son approche, l’armée chaldéenne leva le siège de Jérusalem pour aller arrêter sa marche. Jer., xxxvii, 5, 11. On ne saurait dire au juste ce qui se passa alors. Les deux ennemis en vinrent-ils aux mains, ou le pharaon, effrayé du danger qu’il allait courir, se retira-t-il sans combattre et sans attendre Nabuchodonosor ? Le langage de Jérémie, xxxvii, 5, peut s’entendre dans ce dernier

débris (fig. 594). E. Renan, Mission de Pkénicie, p. 179180 ; cf. p. 26 ; E. de Rougé, dans la Revue archéologique, t. vil, 1864, p. 194. — Il fut moins heureux dans une autre campagne qu’il entreprit ensuite contre Cyrène. Les Grecs, qui y étaient établis, rendaient la vie dure aux Libyens. Le pharaon voulut défendre ces derniers, mais les Gyrénéens battirent ses troupes égyptiennes, Hérodote, iv, 159, et cette défaite fut fatale à Éphrée. Ses sujets s’imaginèrent que c’était volontairement qu’il avait envoyé les Égyptiens à la boucherie ; ils se révoltèrent ; le roi perdit son trône et, quelque temps après, mourut étranglé. Tel est le récit

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593. — Sphinx égyptien portant un cartouche au prénom d’Éphrée (Hûâabra). Musée du Louvre..

sens : « L’armée du Pharaon, qui est sortie, dît- ii, pour vous secourir, retournera dans son pays, en Egypte. » Mais ces paroles ne sont pas suffisamment explicites pour qu’on puisse rejeter avec certitude le récit de Josèphe, qui déclare positivement qu’une bataille fut livrée et que les Égyptiens furent battus. Ant.jud., X, vii, 3. — L’échec du roi d’Egypte amena bientôt la chute de Jérusalem. Les Chaldéens y entrèrent en 587, brûlèrent la ville et le Temple, et emmenèrent le peuple en captivité à Babylone. Désormais aucune barrière ne pouvait arrêter le monarque asiatique lorsqu’il entreprendrait une campagne contre l’Egypte.

Éphrée, qui n’avait pu sauver les Juifs, donna du moins asile dans son royaume à ceux qui, n’ayant pas été déportés en Chaldée, y cherchèrent un refuge après le meurtre de Godolias, gouverneur de Juda au nom de Nabuchodonosor. Jer., xii, 17-18 ; xlii, 14 ; xliii, 7. Il leur permit de s’établir à Taphnès, à Madgol, à Memphis et jusque dans la Haute Egypte. Jer., xliii, 8 ; xiiv, 1, 15. Cf. Ezech., xxix, 4 ; xxx, 13-18. L’insuccès de la lutte qu’il avait soutenue en Palestine contre Nabuchodonosor ne paraît pas d’ailleurs avoir découragé le pharaon. Quelques années après la chute de Jérusalem, . entre 574 et 570, lorsque le roi de Babylone, après un siège de treize ans, Josèphe, Cont. Apion., i, 21, eut pris la ville de Tyr (S. Jérôme, In Ezech., xxvi, 6 ; xxix, 17, t. v, col. 241-243, 285 ; S. Cyrille d’Alexandrie, In Is., xiv, 8-11, t. lxx, col. 369-372), ou du moins eut fait la paix avec le roi phénicien Ithobaal III, selon l’opinion de beaucoup d’historiens ( voir Rùetschi, dans Herzog, Real-Encyklopâdie, 2e édit., t. x, 1882, p. 465), Éphrée résolut de s’emparer de la Phénicie. À l’aide d’une flotte équipée par les Grecs, il fit une expédition contre Sidon, força cette ville à capituler et battit les flottes alliées de Phénicie et de Cypre, qui étaient au service des Chaldéens. Hérodote, ii, 161 ; Diodore de Sicile, I, 68. Tout le pays tomba en son pouvoir ; on lui attribue la construction à Gébal (Bjblôs) d’un temple dont on à retrouvé quelques

d’Hérodote, ii, 161-163 ; cf. Diodore de Sicile, i, 68. — Ce que raconte l’historien d’Halicarnasse est néanmoins en contradiction avec la narration de Josèphe. D’après l’écrivain juif, Ant.jud., X, IX, 7 ; cf. Cont. Apion., i, 19-20, ce fut Nabuchodonosor qui, dans une expédition contre l’Egypte, arracha au roi le trône et la vie et emmena

894. — Fragment d’nn bas-relief égyptien, en calcaire noir, de Byblos. D’après Eenan, Misnivic de Phèniele, p. 178.

en Chaldée les Juifs qui s’étaient réfugiés en Egypte. Quoi qu’il en soit de ces récits contradictoires, le roi de Babylone, qui fit en Egypte une expédition contre Amasis, successeur d’Éphrée, semble bien avoir fait aussi précédemment une campagne contre ce pays, lorsque Ephrée vivait encore. Voir A. Wiedemann, Der Zug Nebucadnezar’s gegen Aegypten, dans la Zeitschrift fur âgyp-