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CANON DES ECRITURES


Testament et le canon du concile de Trente qu’une légère différence dans l’ordre d’énumération des Épitres. ( Cet ordre est très divers dans les canons, dans les Codices et dans les divers auteurs. M. W. Sanday en a publié le tableau pour l’Ancien Testament, The Clieltenham List, dans les Sludia biblica, t. iii, 1891, p. 227-232. Pour le Nouveau Testament, voir ce qu’il dit p. 244.) Cf. aussi C. R. Gregory, Prolegomena ad Novum Teslamentum grsece de Tischendorf, edit. vm a, p. 131. Le successeur de saint Athanase, saint Cyrille d’Alexandrie, suit de même exactement le canon de ce docteur dans ses écrits, et il cite en particulier l’Apocalypse, en l’attribuant à saint Jean, De ador. in spiritu, , t. lvhi, col. 433, etc.

Cependant l’opinion de Denys ne resta pas sans écho, et l’Apocalypse, qui avait été reçue unanimement comme divine jusqu’au milieu du ni » siècle, et continua à l’être à Alexandrie, devint plus ou moins suspecte dans plusieurs parties de l’Église d’Orient, en Asie Mineure et à Antioche.

Le canon de Laodicée, en Phrygie, qui paraît remonter à la seconde moitié du iv siècle et exprime l’opinion d’une partie de l’Église de l’Asie Mineure, quoi qu’il en soit de son authenticité (voir plus haut, col. 151), ne mentionne pas l’Apocalypse ; il contient cependant tous les autres livres. Mansi, Conc, t. ii, col. 574. Le canon lxxxv des Canons apostoliques, Pair, gr., t. cxxxvii, col. 211, est semblable à celui de Laodicée. Le canon grec des soixante livres (voir plus haut, col. 161), ne parle pas de l’Apocalypse, quoiqu’il contienne toutes les Épitres deuttrocanoniques (pour lesquelles il ne fait aucune restriction) et même les apocryphes. (Le catalogue stichométrique de Nicéphore, voir plus haut, col. 161, place l’Apocalypse parmi les anlilegomena et ne fait aucune réserve pour les Épitres deutérocanoniques. ) Saint Grégoire de Nazianze (f vers 389), Carm., i, i, 12, t. xxxvii, col. 475, omet l’Apocalypse, et saint Amphiloque (-ji vers 380), Carm. ianib., t. xxxvii, col. 1537, dit que beaucoup la rejettent. Saint Cyrille de Jérusalem († 386) n’en parle point, Calech., iv, 22, t. xxxiii, col. 500 ; saint Épiphane († 403) parle des difficultés qu’on soulève contre ce livre prophétique. Cependant les doutes de ces, Pères paraissent surtout théoriques.

II faut remarquer, en etfet, que saint Cyrille de Jérusalem, Calech., x, 3, t. xxxiii, col. CI34, et saint Grégoire de Nazianze, Oral., xxix, 17, etc., t. xxxvi, col. 97, font usage de l’Apocalypse. André et Arétas, évêques de Césarée en Cappadoce, ont composé des commentaires de ce livre où ils disent, l. cvi, col. 220, 493, qu’ils se sont servis des explications données sur cet écrit par saint Grégoire de Nazianze. Saint Basile, Adv. Eunom., iv, 2, t. xxix, col. 677, et son frère saint Grégoire de Nysse, Eunom., ii, t. xlv, col. 501, font également usage de l’Apocalypse. De même saint Éphrem, qui connaît aussi les Épitres catholiques. — L’Église d’Antioche seule semble rejeter complètement la prophétie de saint Jean. On ne rencontre point de citations de ce livre, non plus que des courtes Épitres de saint Jude, de II Pierre et de II et

    1. III Jean dans saint Jean Chrysostome##

III Jean dans saint Jean Chrysostome († 407) ni dans Théodoret. Léonce de Byzance, Cont. Nest. et £ulych., i, t. lxxxvi, col. 1366, reproche à Théodore de Mopsueste, originaire d’Antioche, d’avoir rejeté les Épitres catholiques. La Synopse de l’Écriture, qu’on place parmi les Œuvres de saint Jean Chrysostome. t. lvi, col. 308, 424, omet l’Apocalypse et ne mentionne que trois Épitres catholiques.

C’est donc à l’Église d’Antioche qu’Eusèbe avait fait allusion lorsqu’il range I’Épître de saint Jacques, celle de saint Jude, la seconde de saint Pierre, la seconde et la troisième de saint Jean parmi les antilegomena ; mais il a bien raison d’ajouter que ces Épitres sont regardées « par la plupart comme authentiques », puisqu’elles sont acceptées partout ailleurs. Il dit du reste expressément

dans un autre passage, H. E., Ht, 23, t. xx, col. 205 : « On a coutume d’attribuer à Jacques la première des Épitres appelées catholiques. Il faut savoir que, à la vérité, on la regarde comme apocryphe (vofisOstai), car beaucoup d’anciens n’en font pas mention, non plus que celle qui porte le nom. de Jude et qui est aussi une des sept catholiques ; nous savons cependant qu’elles sont lues publiquement avec les autres dans la plupart (èv wXîio-ïïi ; ) des églises. » Le contexte montre clairement qu’Eusèbe entend par écrit apocryphe, sans paternité connue (v ; 160 ; ), celui en faveur duquel de nombreux témoignages des anciens font défaut ; mais l’historien reconnaît expressément que la plupart des Églises acceptent ces deux Epitres. Il dit de même à propos de la seconde Épitre de saint Pierre, H. E., iii, 3, t. xx, col.’216 : « Une seule Épitre de Pierre, celle qui est appelée la première, est universellement reçue ; les anciens s’en sont servis dans leurs écrits comme d’une œuvre authentique ; quant à celle qui est appelée la seconde, on nous a appris qu’elle n’est pas dans le canon ( Jux £vSiî6r, xov) ; cependant, parce qu’elle a été jugée utile par un grand nombre, elle a été reçue soigneusement avec le reste des Écritures. » Quant à la seconde et à la troisième Épitres de saint Jean, il les joint à la première et les attribue sans aucune restriction à saint Jean, dans sa Démonstration évangélique, iii, 5, t. xxvii, col. 216. L’opinion de l’Église d’Antioche, relativement a ces cinq Épitres catholiques, est donc isolée, et l’ensemble de l’Église orientale, comme toute l’Église occidentale, est dès les premiers temps en faveur de leur authenticité.

2° Eglise occidentale. — Comme nous venons de le voir, l’Eglise latine, au iv » siècle, admettait le canon du Nouveau Testament tel qu’il est reçu aujourd’hui. Il n’y avait eu d’hésitation que pour un seul écrit, I’Épître aux Hébreux. Elle est exclue du Canon de Cheltenham, dont voici la partie relative au Nouveau Testament (voir l’Ancien Testament, col. 152) :

Item indiculum novi testamenti

— evangelia IIII Matheum vr… ÏÏDCC [2700]

— — Marcus vr MDGC [1700]

— — Iohannem vr… MDCCC [1800]’— Luca vr filCCC [3300]

— iiunt omnes vr.. x [10000]

— eplaî Pauli n. XIII

— actus aplorum ver ÏTlDC [3600]

— apocalipsis ver MDCCC [1800]

— epla ; Iohannis III vr CCCCL [450]

— una sola

— eplae Pelri II vr CCC [300]

— una sola

Les mots deux fois répétés : una sola, doivent être complétés ainsi, selon l’explication plausible de M. l’abbé Duchesne, Bulletin critique, 15 mars 1886, p. 117 : « [Jacobi] una sola ; [Judae] una sola. »

L’Épitre aux Hébreux n’est pas non plus nommée dans le Canon du Codex Claromontanus, qui contient l’énumération stichométrique suivante des livres du Nouveau Testament ( voir, pour l’Ancien Testament, col. 147) :

Evangelia IIII

Mattheum ver ÎÎDC [2600]

Johannes ver îî [2000]

Marcus ver ÎDC [1600]

Lucam ver ÏÏDCCCC [2900]

Epislulas Pauli

ad Piornanos ver îxl [1040]

ad Chorintios -Iver ïlx [1060]

ad Chorintios IIver LX.X [70]

ad Galatas ver CCCL [350]

ad Efesios ver CCCLXXV [375]

ad Timotheum -Iver CCVIII [208]