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ÉPHÉSIENS (ÉPITRE AUX)


xiv, 9 ; Phil., m. 10. — 7. Les doctrines sur les anges sont plus développées que dans les autres Épîtres. En effet, Eph., i, 21, saint Paul a ajouté xjpi<5tY| ; aux listes d’êtres célestes, données Rom., viii, 38 ; I Cor., xv, 24. Mais l’exaltation de Jésus-Christ au-dessus des anges, Eph., i, 20, est enseignée aussi dans Phil., ii, 10.

777. RAPPORTS EXTRE L’ÉPITRE AUX ÉPHÉSIEyS ET

L’épitrb À ux colossiens. — La liste des passages parallèles des deux Épîtres a été donnée plus haut, col. 874. 1 ! y a des ressemblances d’idées et souvent identité d’expressions. De là on a conclu à une dépendance entre ces deux Epîtres ; les uns ont soutenu que l’Épître aux Éphésiens était la lettre originale, d’autres ont cru la trouver dans l’Épître aux Colossiens. Holtzmann, Kritik der Epheser und KolosserBriefe, p. 26, marchant sur les traces de Hônig, établit que dans un certain nombre de passages la priorité est du côté de l’Épître aux Éphésiens ; il suppose donc qu’il a dû exister une lettre primitive de saint Paul aux Colossiens, à l’aide de laquelle un interpolateur a confectionné l’Épître aux Ephésiens ; puis cette dernière a fourni des passages à l’Épître actuelle aux Colossiens. C’est assez compliqué et très subjectif. En fait, les rapports entre ces deux Épîtres s’expliquent par les circonstances qui leur ont donné naissance. Les Épîtres aux Colossiens et aux Éphésiens ont été écrites à la même époque et peut-être à quelques jours de distance seulement ; elles étaient destinées à combattre les mêmes erreurs et à établir des vérités dogmatiques et morales identiques au fond. Les deux lettres étaient cependant très différentes dans la marche de l’argumentation, parce que l’Épître aux Colossiens, étant une lettre à une Église en particulier, était plus polémique et attaquait l’erreur plus directement, tandis que l’Épître aux Éphésiens, étant une circulaire, se plaçait à un point de vue plus général. La première établissait la dignité suréminente de Jésus-Christ au-dessus de tous les êtres créés, et la seconde la grandeur des bienfaits que Dieu a accordés à l’Église en Jésus-Christ. Aussi, quoique dans cette partie dogmatique on rencontre des passages parallèles, il est à remarquer qu’ils ne se trouvent pas dans une même suite d’idées ; il y a des sections entières, Eph., i, 3-14 ; i, 15-n, 10, qui n’ont pas de parallèles dans l’Épître aux Colossiens, sinon de courts passages, qui se retrouvent dans de tout autres développements. Si les passages, sont parallèles, Eph., iii, 1-21, et Col., i, 24-29, ils sont exprimés en termes différents. La partie morale des deux Épîtres offre beaucoup plus de ressemblances, ainsi qu’on devait s’y attendre ; cependant peut-on dire que les conseils aux époux, donnés Eph., v, 22-23, ne sont qu’une amplification verbeuse de Col., iii, 18, 19 ? Ces ressemblances de termes et d’idées dans deux exposés assez différents s’expliquent très facilement par ce fait que saint Paul a écrit ces deux lettres à la même époque, alors qu’il était sous l’impression des mêmes circonstances et pénétré des mêmes idées, de sorte qu’il en est résulté qu’il a employé les mêmes expressions. Il n’a pas cherché à exprimer différemment des idées qui dans les deux Épîtres étaient les mêmes. Un faussaire, aurait mieux déguisé ses emprunts, et en tout cas aurait écrit une lettre qui extérieurement aurait ressemblé davantage aux autres Épîtres de l’Apôtre.

On a signalé aussi des ressemblances entre l’Épître aux Éphésiens et la première Épltre de saint Pierre : Eph., I, 3, et I Petr., i, 3 ; Eph., ii, 18, 19, 20, 22, et I Petr., il, 4, 5, 6 ; Eph., i, 20, 21, 22, et I Petr., iii, 22 ; Eph., III, 5, 10, et I Petr., i, 10, 11, 12. On a relevé encore des termes identiques ou des pensées analogues dans l’Épître aux Ephésiens et l’Épître aux Hébreux, l’Apocalypse et l’Évangile selon saint Jean. Voir Abbott, Epistle to the Ephesians, p. xxiv-xxrx. La plupart des ressemblances sont fortuites ou s’expliquent par ce fait que les écrivains de ces différents livres puisaient dans le même fonds de tradition chrétienne. Cependant les rapports entre l’Épître

aux Éphésiens et la première Épttre de saint Pierre sont à diverses reprises si littéraux, la suite des idées si concordantes, Eph., i, 5-15, et I Petr., i, 5-13, que Von est obligé de conclure à des relations de dépendance littéraire entre ces deux Épîtres, et cela d’autant plus qu’il y a aussi des ressemblances entre la première Épltre de saint Pierre et l’Épître aux Romains. Diverses explications ont été proposées. Il est possible que saint Pierre ait connu les Épîtres de saint Paul ; II Petr., iii, 15, le prouve, malgré certains critiques, qui nient l’authenticité de cette Épître. Lors de son séjour à Rome, saint. Pierre a pu connaître les Épîtres aux Romains et aux Éphésiens. Enfin, et ceci paraît l’hypothèse la plus probable, si la première Épître de saint Pierre a été écrite ou peut-être composée par Silvanus, sous l’inspiration de saint Pierre, on comprend très facilement que le fidèle compagnon de saint Paul y ait introduit des idées et même des mots empruntés aux letlres de son maître.

VI. Texte de l’Épître. — Des vingt manuscrits onciaux qui contiennent les Épîtres de saint Paul, dix la possèdent en entier ou en très grande paitie ; deux autres en ont seulement des fragments. Voir Tischendorf, Novum Testa ?mentum grssce, t. iii, Prolegomena, auctore C. R. Gregory, p. 418-435, 673-675, 801-1128. Les manuscrits présentent quelques variantes. Deux seulement sont à relever : chap. ii, 14, et v, 30. Voir Tischendorf, Novum Teslamentum grsece, t. ii, p. 363-901, et t. iii, p. 1286-1297.

VIL Citations de l’Ancien Testament.— Il y a vingt citations de l’Ancien Testament dans l’Épître aux Éphésiens ; neuf livres sont cités : les Psaumes, six fois, i, 20, 22 ; H, 20 ; IV, 8, 26 ; v, 6 ; la Genèse, quatre fois, IV, 24 ; v, 16, 30, 31 ; le Deutéronome, deux fois, ii, 26 ; VI, 9, ainsi qu’Isaïe, ii, 13 ; vi, 14, 17, et les Proverbes, lv, 9, 10 ; v, 18 ; l’Exode, une fois, vi, 2, 3, ainsi que les Chroniques, vi, 9 ; Daniel, v, 16, et Zacharie, vi, 25. Sept citations sont littéralement ou presque littéralement empruntées au texte grec, ou à l’hébreu, quand celui-ci ressemble au grec, de sorte qu’on doit conclure que la source est plutôt le texte grec, Eph., i, 22 ; iv, 8, 26 ; v, 16, 18 ; vi, 2, 3, 14, 17 ; les autres n’offrent que des ressemblances de mots ou d’idées. Deux citations, IV, 8, et v, 14, sont introduites par ôt’o Xsysi. La citation v, 14, n’est pas empruntée à l’Ancien Testament ; il est possible que saint Paul l’ait empruntée à un écrit extra-canonique ou ait reproduit un ancien hymne chrétien ainsi mesuré :

"E-feipat & xaûsùSwv

xai àvàfffa èx twv vexpùv

xai È7uiç<x’j<tei (roi 6 Xpi<rv4{.

Ces deux hypothèses paraissent improbables à Jacobus, Eph., v, 14, dans Theol. Studien, p. 9-29 ; il croit que le passage dérive de Jonas, i, 6.

VIII. Analyse de l’Épître aux Éphésiens. — Elle commence par la salutation ordinaire, I, 1-2, et se divise en deux parties : la première dogmatique et la seconde morale. Pour la partie dogmatique, il est difficile d’établir un plan dont les parties s’enchaînent logiquement ; c est plutôt une suite de bénédictions, d’actions de grâces, de prières.

î. partie dogmatique, i, 3-in, 21. — 1° Actions de grâces pour les bienfaits reçus de Dieu en Jésus-Christ, i, 3-14 ; — 1. pour les bénédictions spirituelles de Dieu, qui nous a bénis, nous a élus et prédestinés pour la justification et l’adoption en Jésus-Christ, 3-6 ; — 2. en qui nous avons la rédemption, et pour la connaissance du mystère de sa volonté de réunir toutes choses dans le Christ, 7-12 ; — 3. les Ephésiens, appelés à la foi, ont été scellés du Saint-Esprit, arrhes de l’héritage futur, 14.

— 2° Actions de grâces et prière pour les Éphésiens, dont Paul a appris la foi et la charité, i, 15, 16 ; il demande à Dieu pour eux la connaissance de leur vocation, de la gloire de leur héritage et de la grandeur de la puissance