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ÉPHËSE


les gradins ont achevé de disparaître depuis notre première visite, en 1888. Une des ouvertures latérales, donnant accès aux précinctions, la seule qui soit encore debout, commence à s’ébranler et tombera bientôt, comme tout le reste, d’une irrémédiable ruine. Le portique s’est abattu sur la scène qu’il protégeait, et l’a couverte entièrement d’un amalgame confus de colonnes, de frises, de statues, d’inscriptions morcelées, s’élevant jusqu’à cinq mètres au-dessus de l’orchestre. C’est sur cette scène que le grammateus ou greffier public se présenta pour haranguer l’émeute. On sait par quel discours il parvint à ramener la foule à des idées plus sages et à la congédier. À et., xix, 35-40. Le théâtre d’Éphèse pouvait contenir vingtcinq

Caystrc. Envahissant aussitôt l’espace devenu libre par la suppression du port hellénique, la ville s’étendit vers le nord, entre le port romain et le Prion. C’était sur des terres rapprtées qu’il fallait établir les nouvelles constructions ; nais on s’y résigna en recourant à des travaux souterains, à des terrasses superficielles, telles que celle di Grand Gymnase. Cet édifice, qui par ses proportions gigantesques rappelle ce que les Romains ont érigé di plus grandiose, mesurait cent cinquante-cinq mètre du nord au sud. Sa salle centrale, dite TÉphébéion avait trente-sept mètres de long sur vingt de large, a^c voûtes d’arête reposant sur huit colonnes de granit rage, dont quatre ont été utilisées pour cons D85. — Ruines du théâtre d’Éphèse avant les fouilles autrichiennes. D’après une ihotographie de M. Henri Cambournac, en 1893.

mille spectateurs. Des gradins, même les moins élevés, on dominait toute la ville basse, et, par delà les édifices publics, la vue s’étendait jusqu’à la mer.

Au reste, du moins à l’époque grecque, où fut construit le théâtre, celle-ci était très rapprochée, et on a retrouvé le port du temps de Lysimaque à deux cents mètres seulement, en arriére d’une grande construction désignée par les uns comme le Prytanée, et par d’autres comme un gymnase (fig. 586), mais que la découverte de quelque inscription permettra seule d’identifier sûrement. Deux’énormes piliers de briques sont encore debout, conservant les arrachements des voûtes. Le jour où on soulèvera les ruines amoncelées qui couvrent le sol, une reconstitution de l’édifice deviendra facile. En moins d’un siècle, le port de Lysimaque se trouva à peu près ensablé. Il était d’ailleurs de proportions très réduites, n’ayant pas à recevoir les grands navires, qui stationnaient dans le grand port (Panormos). A l’époque romaine, on se détermina à le combler pour en établir un autre plus grand, toujours rattaché par un long canal au Panormos, qui, lui aussi, était obligé de s’en aller peu à peu vers la mer, sous les ensablements du

truire la graide mosquée d’Ayassoulouk. C’est peut-être dans l’une d6 dépendances de ce gymnase que le rhéteur Tyrannis avait la salle où il donnait ses leçons, et que Paul emprunta pour y prêcher l’Évangile. Act., xix, 9.

Les fouilleirs autrichiens, sans aborder encore le Grand Gymnase, or, commencé de planter la pioche dans les monceaux de débris qui Favoisinent au levant. Us ont supposé, à bn droit, que la ville romaine s’étendait de là au Prion, ; t ils l’ont, en effet, retrouvée un peu partout, couchéesous les ruines de constructions byzantines, et gardant les traces de l’incendie qui l’avait détruite lors de l’invasion les Goths, en 202. Une rue entière, longue de cent trent mètres, a été complètement déblayée, à cent vingt pa : environ à l’est du Grand Gymnase. Sa direction est dusud au nord. De chaque côté, elle est bordée de maisons et de magasins. Les débris utilisés pour ces constructions témoignent qu’elles furent élevées au lendemain d’unegrande catastrophe. Très certainement cette rue exhumée par les fouilleurs a vu passer, en 431, les Pères du conile général d’Éphèse, et a retenti de leurs