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EPHESE


pection des lieux me confirma, en 1894, dans la pensée que mon hypothèse était absolument fondée ! Voir Les sept Églises de F Apocalypse, Paris, 1896. Les fouilles commencées par M. Humann et continuées par M. Benndorf en ont établi la justesse : la ville primitive était sur les pentes d’Ayassoulouk.

Le témoignage de PaUsanias, VII, ii, 7, semble d’ailleurs explicite. D’après lui, un autochtone, Coressus, et un fis du fleuve, c’est-à-dire quelque Phénicien arrivant par la mer et le Caystre, Ephesus, érigèrent d’abord un temple à Artémis, et la ville qui se forma autour du temple s’appela Éphèse. Elle fut d’abord peuplée, dans sa partie haute, de Lélèges Càriens et de Lydiens ; dans sa partie basse, autour du temple, d’Amazones, groupées en ce lieu pour y honorer Artémis, la grande déesse. Quand les Ioniens

de la mer fuyant sans cesse devant l’ensablement progressif du Caystre) le nom de sa femme Arsinoé, l’ancien nom d’Éphèse lui fut maintenu. »

Complétant ailleurs ses indications, le même géographe, XIV, I, 4, nous dit qu’un quartier d’Éphèse s’appelait Smyrne (du nom d’une des Amazones qui avaient vécu auprès du temple d’Artémis), que ce quartier était derrière la ville du temps du poète satirique Hipponax, 540 avant J.-C, entre les hauteurs de Trachée et de Leprée. « La hauteur appelée alors Leprée, ajoute-t-il, était le Prion, qui domine la ville actuelle (la gréco-romaine), et sur lequel court une partie des remparts ( ceux-ci, descendant et remontant, en zig-zag et à crémaillère, sur la montagne centrale, lui avaient fait donner sans doute ce nom de Prion ou de « Scie », comme à une partie ana daprès £.Le Canms.

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684. — Ruines d’Épn6se.

survinrent, sous la conduite d’Androclus, fils de Codais, ils chassèrent les Cariens et les Lydiens en masse, et ils s’établirent, dit Strabon, XIV, i, 21, autour de l’Athénéum et de PHypéléon, en occupant en même temps une partie des flancs du Coressus. S’il peut y avoir quelque difficulté à identifier chacune de ces collines, il n’en demeure pas moins vrai qu’il faut les chercher toutes dans le voisinage immédiat du temple. Songer à la montagne de l’Acropole serait absolument sortir de la donnée de nos deux géographes grecs. « On habita ainsi sur ces hauteurs, poursuit Strabon, jusqu’au temps de Crésus ; après quoi la population en descendit peu à peu et se fixa autour du temple, jusqu’à Alexandre. Lysimaque bâtit une enceinte de murs pour la ville actuelle (la ville grécoromaine), et, voyant que les habitants étaient longs à se déplacer et à s’installer dans la nouvelle cité, il profita de la première pluie d’orage pour faire fermer toutes les bouches d’égout et laisser la vieille ville dans une immense flaque -d’eau, où on ne pouvait plus circuler. Toutefois c’est en vain qu’il voulut donner à la nouvelle cité (celle qui se bâtit au pied du mont de l’Acropole-et plus à proximité

logue des remparts de Sardes, Polybe, VII, iv, 15), en sorta que les propriétés qui se trouvent derrière le Prion sont encore désignées comme situées à l’Opistholépré, ou derrière le Leprée. La Trachée, ou la Côte rocailleuse, était la partie qui est aux flancs du Coressus. La ville fut primitivement autour de l’Athénéum, aujourd’hui hors des remparts, au lieu dit de PHypélée, et le quartier de Smyrne commençait au gymnase, au delà de la villeactuelle, pour s’étendre entre Trachée et Leprée. »

Ces indications ne sont intelligibles qu’à la condition, de ne pas tenir compte du mont de l’Acropole, qui, vu son éloignement du temple, point central de la ville primitive, n’a pu être ni le Prion ni le Coressus, et n’a eu ni Leprée ni Trachée. Restent donc seules en cause la hauteur à deux sommets dont nous avons parlé et que nous avons appelée Prion, et la colline à deux étages du château d’Ayassoulouk. Or, seule celle-ci semble se prêter à une manœuvre stratégique racontée par Xénophon, Hist. gr., i, ii, 7. Thrasyllus, d’après cet historien, vient du nord, de Colophon, et, pour s’emparer d’Éphèse, il divise sa petite armée en deux sections, dirigeant les