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CANON DES ÉCRITURES


429, toutes les Épîtres de saint Paul (celle à Philémon exceptée), et au moins quatre des Épîtres catholiques, celle de saint Jacques, les deux de saint Pierre, et la première de saint Jean. Voir Grube, Die hermeneutische Grundsâlze Justin’s des Martyrers, dans le Katkolik de Mayence, année 1880, t. i, p. 20 ; Hilgenfeld, Einleitung in das Neue Testament, p. 68 ; A. Loisy, Histoire du Canon du Nouveau Testament, in-8°, Paris, 1891, p. 48-58. — Papias, à peu près contemporain de saint Justin, connaissait les Évangiles de saint Matthieu et de saint Marc, et très probablement aussi celui de saint Jean, dont une tradition dit qu’il était le disciple et le secrétaire, de même que la première Épltre de saint Jean, la première Épître de saint Pierre et l’Apocalypse.

2° Les hérétiques qui attaquent l’Église à cette époque nous fournissent eux-mêmes de précieux témoignages sur le canon du Nouveau Testament. Les plus anciens écrits gnostiques qui nous sont parvenus font usage de saint Matthieu, de saint Jean et de la première Épître aux Corinthiens. Philosoph., vi, 16 ; ix, 13 ; t. xvi, part, iii, col. 8210, etc. Les Homélies pseudoclémentines empruntent à tous les Évangiles. Cf. Hom., xix, 20, 22 ; xx, 9 ; Pair, gr., t. ii, col. 441, 444, 456, etc. — Le gnostique Basilide (vers 125) cite les livres du Nouveau Testament de la même manière que ceux de l’Ancien, avec la formide : « II est écrit ; l’Écriture dit. » Eusèbe, H. E., iv, 7, t. xx, toi. 316, 317, Philosoph., vii, 22, 25, 26, 27, etc., t. xvi, col. 3306 et suiv. Héracléon composa des commentaires sur les écrits du Nouveau Testament. — Marcion, lorsqu’il se rendit du Pont à Rome, en 142, portait avec lui l’Évangile de saint Luc (altéré à dessein) et une collection des Épîtres de saint Paul qui les contenait toutes, excepté celles àTimothée, à Tite et aux Hébreux. Il existait donc dés lors des recueils proprement dits des livres du Nouveau Testament. Marcion divisait le sien en deux parties, qu’il appelait T Evangelicon (contenant l’Évangile de saint Luc tronqué) et V Apostolicon (les dix grandes Épîtres de saint Paul). Tertullien, Adv. Marcion. , iv, 1, t. ii, col. 361 ; S. Épiphane, Adv. Hser., xui, 9, t. xli, col. 708. Voir F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., t. i, p. 119.

— On a recueilli plus de cent soixante citations du Nouveau Testament, emprunts ou allusions, dans ce que les Philos ophoumena rapportent des sectes gnostiques : ophites, pérates, séthiens. Voir Migne, Patr. gr., t. xvi, col. 3458-3460. — Vers 160-170, un disciple de saint Justin, Tatien, compose le Diatessaron, harmonie des quatre Évangiles qui atteste qu’on reconnaissait quatre Évangiles canoniques et quatre seulement, ce qui suppose que dès cette époque leur autorité éiait déjà établie depuis un certain temps. Voir Tatien. Le texte grec est perdu, mais le P. Ciasca en a publié une version arabe, Tatianus, Evangeliorum harmonia arabice, in-4°, Rome, 1888.

3° La traduction syriaque du Nouveau Testament connue sous le nom de Peschito, qui est aussi du if siècle, fournit la preuve que le Nouveau Testament renfermait à cette époque non seulement les quatre Évangiles, mais aussi les Actes, quatorze Épîtres de saint Paul, I Jean,

I Pierre, Jacques ; elle n’a point saint Jude, II Pierre,

II et III Jean et l’Apocalypse. Nous trouvons donc le canon déjà à peu près complet chez les chrétiens de Syrie qui parlent la langue araméenne. Mais nous avons aussi une autre preuve de l’existence d’un canon proprement dit du Nouveau Testament dans la seconde moitié du 11= siècle ; elle nous est certifiée par un précieux fragment Connu sous le nom de Canon de Muratori.

4° Ce canon est de l’an 170 environ, d’après les renseignements qu’il nous fournil lui-même. Il est d’autant plus précieux qu’il provient de l’Église romaine. Le commencement manque. Les premiers mots sont une allusion à l’Évangile de saint Marc ; il cite ensuite saint Luc comme le troisième livre (du Nouveau Testament), puis

saint Jean, les Actes, les treize Épîtres de saint Paul, l’Épître de saint Jude, deux Épîtres de saint Jean et l’Apocalypse de saint Jean. Il mentionne aussi la réception, mais par quelques-uns seulement, de l’Apocalypse de saint Pierre. Il omet l’Épître aux Hébreux, de même que celle de saint Jacques et la seconde Épître de saint Pierre. Le voici d’après le fac-similé publié par Tregelles. (Comme il fourmille de fautes d’orthographe et de latin, les plus grossières ont été corrigées pour le rendre intelligible.) « … quibus tamen interfuit et ita posuit. » Tertio Evangelii libruin secundum Lucam. Lucas, istc medicus, post ascensum Christi, cum eum Paulus quasi ut juris studiosum secundum adsumpsisset, nomine suo ex opinione conscripsit. Dominum tamen nec ipse vidit in carne. Et idem, prout assequi potuit, ita et a nativitate Johannis incipit dicere. » Quarti Evangeliorum Johannes ex discipulis. Cohortantibus condîscipulis et episcopis suis dixit : « Conjejunate mihihodie triduo, et quid cuique fuerit revelatum, » alterutrum nobis enarremus. » Eadem nocte revelatum Andreae ex apostolis, ut recognoscentibus cunctis Johannes suo nomine cuncta describeret. Et ideo, licet varia singulis Evangeliorum libris principia doceantur, nihitamen differl credentium fidei, cum uno ac principali spiritu declarata sint in omnibus omnia, de nalivitate, de passione, de resurrectione, de conversatione cum discipulis suis ac de genuino ejus adventu, primo in humilitate despectus, quod fuit, secundo [in] potestate regali præclarum, quod futurum est. Quid ergo mirum si Johannes tam constanter singula etiam in epistolis suis proférât, dicens in semetipsum : Quse vidimus oculis nostris et auribus audivimus et manus nostrse palpaverunt, hsec scripsimus vobis. Sic enim non solumvisorem, sed et auditorem, sed et scriptorem omnium mirabilium Domini per ordinem profitetur. » Acta autem omnium Apostolorum sub uno libro scripta sunt. Lucas optime Théophile comprenait quia sub præsentia ejus singula gerebantur, sicuti et semote passionem Pétri evidenter déclarât, sed et profeclionem Pauli ab Urbe ad Spaniam proficiscentis. » Epistulse autem Pauli, quas, a loco vel ex qua causa directae sint, volentibus intelligere ipse déclarant. Primum omnium Corinthiis schismse hæreses interdicens, deinceps Galatis circumeisionem, Romanis autem ordinem Seripturarum, sed et principium earum esse Christum intimans, prolexius scripsit, de quibus singulis necesse est ab nobis disputari. » Cum ipse beatus Apostolus Paulus, sequens prsedecessoris sui Johannis ordinem, nonnisi nominatim septem ecclesiis scribat ordine tali : Ad Corinthios prima, ad Efesios secunda, ad Philippenses terlia, ad Colossenscs quarta, ad Galatas quinta, ad Thessalonicenses sexta, ad Piomanos septima. Verum Corinthiis et Thessalonicensibus licet pro correptione iteretur : una tamen per omnem orbem terræ lxclesia diffusa esse dignoscitur. Et Johan^ nés enim in Apocalypsi, licet septem Ecclesiis scribat, tamen omnibus dicit. » Verum ad Philemonem unam, et ad Titum unam, et ad Timothæum duas pro affectu et dileclione ; in honore tamen Ecclesia ; catholicæ in ordinatione ecclesiasticœ disciplinae sanctificatee sunt. » Fertur etiam ad Laodicenses, alia ad Alexandrinos. Pauli nomine finctae ad hserescm Marrionis, et alia plura, quæ in catholicam Ecclesiam recipi non potest. Fel enim. cum melle misceri non coiigruit. » Epistola sane Judae et super scripti Johannis duas in catholica habentur, et [ut] Sapientia ab amicis Salomonis in honore ipsius scripta. » Apocalypsem etiam Johannis et Pétri tantum recipimus, quam quidam ex nostris legi in Ecclesia nolunt.