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ENFER — ENGADDI

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ment. — Ils reproduisent les enseignements que nous venons de signaler dans les livres antérieurs. Ils menacent les impies d’affreux châtiments ; le feu et le ver dévoreront leur chair. Eccli., vii, 19. Mais ce qui nous frappe, c’est qu’ils font ressortir les récompenses que les saintes âmes trouveront déjà dans le se’ôl. L’Ecclésiastique assure que le juste sera bien traité, qu’il sera béni de Dieu au jour de sa mort. Eccli., i, 13. La Sagesse va même jusqu’à dire que la mort prématurée du juste est une grâce de la miséricorde de Dieu, qui l’aimait et l’a retiré du milieu des méchants. Sap., iv, 7-17. Le second livre des Machabées ajoute sur l’état des morts avant la résurrection deux traits importants, où apparaît la bonté de Dieu vis-à-vis de ses amis défunts et les rapports de ceux-ci avec les vivants. Judas Machabée voit, dans un songe, Jérémie entouré de gloire, qui prie pour le peuple d’Israël avec un autre défunt, le grand prêtre Onias. II Mach., xv, 12-14. Le même Judas Machabée, plein d’espérance en la résurrection, fait offrir un sacrifice pour plusieurs de ses soldats, qui étaient tombés sur le champ de bataille après avoir violé la loi de Dieu. Le texte sacré en conclut que c’est une sainte et salutaire pensée de prier pour les morts, afin qu’ils soient délivrés de leurs péchés. II Mach., xii, 42-46.

Les Juifs de cette époque distinguaient donc trois classes de trépassés, qui tous habitaient l’enfer : des justes qui, comme Jérémie, étaient dans un état heureux et pouvaient secourir les vivants par leurs prières ; d’autres justes, comme les soldats de Judas Machabée, coupables de fautes légères qui ne les empêcheraient pas de prendre part à la résurrection glorieuse, et dont ils pouvaient être délivrés par les prières des vivants ; enfin des criminels qui ont mérité la peine du feu. Les textes ne disent pas qu’ils la souffrent aussitôt après leur mort ; mais ils donnent lieu de le supposer, puisqu’ils accordent un sort si heureux aux justes dès avant la résurrection. — On voit donc que les croyances exprimées dans l’Ancien Testament relativement au séjour des morts se sont développées d’une façon sensible à mesure qu’approchaient les temps messianiques. Les anciens Hébreux n’entrevoyaient guère dans l’enfer que son côté redoutable, parce qu’à leurs yeux la mort était toujours le châtiment du péché. Les Juifs des derniers temps, mieux instruits des règles de la justice de Dieu, apprirent que même avant la résurrection il y avait une différence profonde entre l’état des méchants et celui des saints. Cependant, malgré les obscurités de la conception que les contemporains de Moïse et de David se formaient de l’autre vie, ils n’y mêlèrent aucun des éléments mythologiques qui entrèrent dans les croyances de tous les peuples païens. Aux yeux des enfants d’Israël, l’enfer ne fut jamais autre chose que le lieu où la justice de Jéhovah s’exerçait vis-à-vis des défunts.

II. L’ENFER SUIVANT LE NOUVEAU TESTAMENT. — Il y a

une notable différence entre le sens que prit le terme « enfer » dans le Nouveau Testament, et le sens qu’il avait antérieurement à la venue du Christ. L’Ancien Testament appelait « enfer » le séjour commun à tous les morts. Les chrétiens croient que le Christ a tiré les justes de l’enfer et qu’il leur a ouvert les portes du ciel. Voir Ciel. Par suite, l’enfer ne sert plus d’habitation qu’aux défunts qui ne sont pas au ciel. C’est ainsi qu’il est représenté par les Évangiles, par les Épîtres des Apôtres et par l’Apocalypse. Néanmoins, dans la parabole du bon et du mauvais riche, Luc, xvi, 19-31, le Christ s’exprime encore conformément à la croyance des Juifs de son temps, qui resta d’ailleurs vraie jusqu’à sa mort. Il place donc le juste Lazare dans le sein d’Abraham, c’est-à-dire dans la partie du Se’ôl qui était habitée par les âmes saintes et que nous nommons les « limbes ». Voir Abraham (Sein d’). Les Actes et les Épltres des Apôtres parlent aussi de l’ancien Se’ôl, lorsqu’ils font allusion à la descente de Jésus dans les profondeurs de la terre, Ephes.. iv, 9 ; à son séjour passager dans l’iJSr, ; , Act., - ii, 24, dans la prison

f où étaient les âmes de ceux qui avaient péri dans le déluge. I Petr., ii, 19. Mais les autres passages du Nouveau

! Testament considèrent l’enfer comme le séjour des dam : nés. Ce lieu, nommé 56r, ; dans la parabole du mauvais

riche, Luc, xvj, 22, 23, est appelé le plus souvent « géhenne », yéevva, "^>ar le Sauveur. Matth., v, 29, 30 ; x, 28 ; Luc, XII, 5 ; cf. Jac, iii, 6. Ce nom était celui d’une vallée proche de Jérusalem, où les Juifs avaient autrefois brûlé leurs enfants en l’honneur de Moloch, et que le roi Josias avait fait souiller pour empêcher ces pratiques idolâtriques. IV Reg., xxiii, 10 ; cf. Jer., vii, 32 ; xix, 11-14. C’était, semble-t-il, un terme usité en Palestine, au temps de Notre - Seigneur, pour désigner l’enfer des impies. Saint Pierre appelle cet enfer « Tartare ». II Petr., ii, 4. Il est aussi nommé « l’abîme », Luc, viii, 31 ; Apoc, , . ix, 11 ; xx, 1, 3 ; « la fournaise de feu, » Matth., xiii, 42, 50 ; s l’étang de feu et de soufre, » Apoc, xix, 20 ; xx, 9 ; xxi, 8, et « la seconde mort », Apoc, ii, 11 ; xx, 6, 14 ; xxi, 8, c’est-à-dire la mort sur laquelle il n’y a point de délivrance.

Les écrits du Nouveau Testament répètent en plusieurs endroits les mêmes enseignements sur l’enfer. C’est le lieu de supplice des démons et des réprouvés. Matth., xxv, 41. Les pécheurs y descendent aussitôt après leur mort. Luc, xvi, 22. Ils y souffrent dans leur corps et dans leur âme, Matth., x, 28, au milieu d’épaisses ténèbres, Matth., xiii, 12 ; xxii, 13 ; xxv, 30, des tortures affreuses, Matth., viii, 12 ; xiii, 50 ; xxii, 13 ; xxiv, 51 ; xxv, 30 ; Luc, viii, 28, du ver qui ne meurt point et du feu qui ne s’éteint jamais. Marc, ix, 43, 45, 47. Les textes sacrés insistent sur ce supplice du feu et’sur l’éternité de l’enfer. Matth., xviii, 8 ; xxv, 41 ; Jude, 7 ; Apoc, XIX, 3, etc. Le Christ déclare cependant que le châtiment ne sera pas égal pour tous, mais qu’il sera proportionné aux fautes de chacun. Matth., x, 15 ; xi, 21-24 ; Luc, x, 12-15 ; xii, 47, 48 ; Apoc, xviii, 6, 7.

Lorsque le Sauveur a laissé entendre que certaines fautes seraient remises en l’autre monde, Matth., xii, 32 ; Marc, iii, 29, il ne parlait pas des péchés punis par le feu de l’enfer ; autrement il n’aurait pu enseigner ailleurs que ce feu serait éternel. Les péchés dont il a admis la rémissibilité après la mort sont les mêmes fautes légères dont les prières des vivants peuvent délivrer les trépassés, suivant le second livre des Machabées, xii, 42-46. Ceux qui n’ont pas commis d’autres fautes évitent donc la géhenne éternelle ; ils vont dans le lieu d’expiation que l’Église nomme purgatoire. — Voir Stentrup, Prselectiones dogmaticx, Soteriologia, in-8°, Inspruck, 1889, t. i, p. 568-622 ; Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 5e édit., in-12, Paris, 1889, t. iii, p. 151-158 ; Atzberger, Die Christliche Eschatologie in den stadien ihrer Offenbarung, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1890 ; Henri Martin, La vie future, 3 a édit., in-12, Paris, 1870.

A. Vacant.

    1. ENGADDI##

ENGADDI (hébreu : ’En Gédî, « source du chevreau ; » Septante : Codex Vaticanus, ’AvxdiSï) ? ; Codex Alexandrinus, ’HvyaSS : , Jos., xv, 62 ; ’EvyàSSEt, I Reg., xxiv, 1, 2 ; II Par., xx, 2 ; Cant., i, 13 ; Cod. Vat., ’Ivya-Set’v, Cod. Alex., ’Ev-jiSSetv, Ezech., xlvii, 10), ville du désert de Juda, Jos., xv, 62, entourée de rochers d’un accès difficile, I Reg., xxiv, 1, 2, et renommée pour ses vignes. Cant., i, 13. Elle était située sur le bord occidental de la mer Morte, Ezech., xlvii, 10, presque à mi-chemin entre les deux extrémités nord et sud.

I. Nom et identification. — Son nom primitif était Asasonthamar (hébreu : ffasàfôn et tfâsesôn tumeur, « coupe des palmiers ; » Septante : ’Ao-a<rov8a(j.(xp et’A<rao-ov @a(iip). Gen., xii’, 7 ; Il Par., xx, 2. Josèphe, qui l’appelle’Effaô : , Ant.jud., IX, i, 2 ; Bell, jud., IV, vu, 2 ; ’EvysSiiv, Ant.jud., Wl, xiii, 1, et son territoire, ? ! ’EvyeâTivT, , Ant. jud., VI, xiii, 4, la place à trois cents stades (plus de cinquante-cinq kilomètres) de Jérusalem, Ant. jud., IX, i, 2. Eusébe et saint Jérôme, Onomastica