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ENFANT — ENFER


sont dignes de mort. Le code assyrien punissait aussi très sévèrement les fils qui ne voulaient pas reconnaître leurs père et mère. Lenormant-Babelon, Histoire ancienne de l’Orient, 9e édit., t. v, Paris, 1887, p. 87. Cf. J. D. Michælis, Mosaisches Recht, 3e édit., Francfort-sur-le-Mein, 1793, t. vi, p. 101-1(6.

3° D’après les livres sapientiaux. — Cette loi a été généralement observée en Israël. — 1. Salomon, qui honorait sa mère et se prosternait à ses pieds, III Reg., ii, 19, recommande aux enfants d’écouter les instructions de leurs parents et de suivre leurs conseils. Il compare l’obéissance filiale à une couronne de grâce sur la tête et à un collier précieux autour du cou. Prov., i, 8 et 9. Les enfants doivent attacher à leur cœur, lier à leur cou et pratiquer jour et nuit les ordres de leurs parents. Prov., vi, 20-22 ; ils doivent écouter aussi leurs réprimandes, Prov., xiii, 1 ; car l’enfant sage est le fruit de la discipline paternelle. Les enfants sages font le bonheur de leurs parents, les insensés causent leur malheur. Prov., x, 1 ; xv, 20 ; xix, 13 ; xxiii, 24 et 25. Salomon rappelle en particulier que l’enfant ne doit rien dérober à ses parents, Prov., xxviii, 24, et qu’il ne doit pas mépriser sa vieille mère. Prov., xxiii, 22. Il répète les terribles sanctions de la loi mosaïque. Si un fils maudit son père ou sa mère, son flambeau s’éteindra au milieu des ténèbres. Prov., XX, 20. Celui qui afflige son père et fait fuir sa mère est infâme et malheureux ; son crime entraîne à sa suite la honte et le malheur. Prov., xix, 26. Celui qui soustrait quelque chose à son père ou à sa mère, sous prétexte que ce n’est pas un péché, est aussi coupable que l’homicide. Prov., xxviii", 24. Que l’œil du fils qui insulte son père et méprise celle qui lui a donné le jour soit arraché par les corbeaux du torrent et dévoré par les petits de l’aigle. Prov., xxx, 17. — Si Israël a été puni et emmené en captivité, c’est qu’il avait violé les préceptes divins, notamment celui qui ordonne aux enfants de respecter leurs parents. Ézech., xxii, 7. Les Réchabites sont loués d’avoir observé fidèlement les ordonnances particulières et les engagements de leur père. Jer., xxxv, 16. — 2. L’auteur de l’Ecclésiastique a renouvelé les recommandations de Salomon. Il a décrit en termes précis les devoirs des enfants envers leurs parents et les bénédictions que leur accomplissement attire sur les enfants. Le principe de ces devoirs, c’est l’autorité de Dieu, qui a rendu le père digne d’honneur aux yeux de ses enfants et qui a donné à la mère le droit de commander à ses fils. Les avantages que procurent aux enfants l’obéissance et le respect envers leurs parents sont nombreux : l’observation du quatrième précepte procure le salut de l’àmè, l’expiation du péché, l’acquisition de mérites, la bénédiction paternelle, la joie dans les enfants et une longue vie sur terre. La pratique du devoir filial consiste à honorer et à respecter les parents eu actes et en paroles, à leur obéir, à les supporter patiemment et à les assister, surtout dans la vieillesse. Il est infâme celui qui abandonne son père, et Dieu maudit celui qui irrite sa mère. Eccli., iii, 2-18. « Honore ton père et n’oublie pas les douleurs de ta mère. Souviens-toi que sans eux tu ne serais pas né, et rendsleur les soins dont ils t’ont entouré. » Eccli., vii, 29 et 30. C’est surtout au milieu des grands qu’il ne faut pas oublier ses parents, de peur d’être humilié. Eccli., xxiii, 18 et 19. Un fils ne doit rien faire sans consulter ses parents. Eccli., xxxii, 24. Qu’heureux est l’homme qui trouve sa joie et sa consolation dans ses enfants ! Eccli., xxv, 10.

4° D’après le Nouveau Testament. — La loi chrétienne, loin d’abroger le quatrième commandement du Décalogue, l’a confirmé et perfectionné. — 1. Jésus, qui fut toujours soumis à Marie et à Joseph, Luc, ii, 51, a joint le précepte à l’exemple. Il a blâmé fortement les pharisiens, qui, par un faux attachement à leurs traditions, transgressaient les ordres de Dieu et se soustrayaient

à l’obligation de venir en aide à leurs parents en promettant ou en offrant au Seigneur ce qu’ils auraient dû employer à l’entretien de leurs père et mère. Voir Corban, col. 958. Une pareille coutume annulait le quatrième précepte. Matth., xv, 3-6. Au jeune homme qui l’interrogeait, Jésus répondit que pour gagner la vie éternelle il fallait observer les commandements de Dieu, et il cita le quatrième, qui ordonne aux enfants d’honorer leurs père et mère. Matth., xix, 19 ; Marc, x, 19 ; Luc, xviii, 20.

— 2. Saint Paul, rappelant aux chrétiens d’Éphèse et de Colosses leurs devoirs moraux, recommandait aux enfants d’obéir à leurs parents selon l’esprit de Jésus-Christ, non pas extérieurement comme les esclaves, mais intérieurement et en tout ce qui n’est pas contraire à la volonté divine. Cette obéissance filiale est juste et légitime, puisqu’elle est commandée par le quatrième précepte du Décalogue et qu’elle est sanctionnée par une promesse de félicité temporelle et de longévité. Eph., vi, 1-3. Il agrée au Seigneur qu’elle soit entière, xatà juàvra, Col., ni, 20.

5° D’après le Talmud. — Les Juifs sont demeurés fidèles à la loi divine du respect envers les parents. La Mischna range la piété filiale au nombre des « devoirs qui donnent à l’homme une puissance dans ce monde et dont la récompense principale est réservée pour la vie future », et la Ghémara du Talmud de Jérusalem, Péa, i, 1, trad. Schwab, t. ii, Paris, 1878, p. 9-13, cite de beaux exemples de cette vertu de la part des rabbins.

E. Mangenot.

    1. ENFANTEMENT##

ENFANTEMENT (Septante : tôxo ;  ; Vulgate : partus ; l’hébreu n’emploie que des verbes : yâlad, lïôlêl, n’xreiv, parère, parturire), mise au monde d’un enfant. Voir Enfant. — 1° L’enfantement est devenu douloureux, en punition de la faute originelle. Gen., iii, 16. Rachel meurt en enfantant Benjamin. Gen., xxxv, 16-19. Les écrivains sacrés comparent souvent les grandes douleurs à celles de l’enfantement, quoiqu’elles soient moins vives dans les pays d’Orient qu’en Occident. Exod., i, 19 ; Burckhardt, Notes on Bédouins, 2 in-8°, Londres, 1830, t. i, p. 96 ; Deut., ii, 25 ; Ps. xlvti, 7 ; Eccli., xix, H ; xlviii, 21 ; Is., xiii, 8 ; xxi, 3 ; Jer., vi, 24 ; xiii, 21 ; xxii, 23 ; xlviii, 41 ; xlix, 22, , 24 ; l, 43 ; Ezech., xxx, 16 ; Os., xiii, 13 ; Mich., iv, 9, 10. — 2° La douleur de l’enfantement est suivie de la joie que cause la naissance de l’enfant. Joa., xvi, 21. — 3° L’enfantement est attribué au Seigneur, Rulh, iv, 13 ; cf. Is., lvi, 9 ; particulièrement quand il s’agit d’un enfantement extraordinaire ou miraculeux, comme ceux de Sara, Gen., xvii, 17, 19 ; xxi, 2 ; d’Anne, mère de Samuel, I Reg., i, 19, 20 ; d’Elisabeth, Luc, i, 13 ; et surtout de la Vierge Marie, Is., vu, 14 ; Matth., i, 20, 21. Cf. pour les animaux Job, xxxix, 1-3 ; Ps. xxviii, 9. Voir Cerf, col. 446-447. — 4° Métaphoriquement, enfanter s’emploie dans le sens de produire : IV Reg.jXix, 3 ; le méchant enfante l’iniquité, Job, xv, 35 ; Ps. vii, 15 ; Is., lix, 4 ; Jac, i, 15 ; la bouche du sage enfante la sagesse. Prov., x, 31. — Saint Paul dit qu’il enfante de nouveau les Galates, pour signifier qu’il apporte à leur formation spirituelle tout le dévouement d’une mère. Gai. iv, 19. C’est aussi saint Paul qui compare à l’enfantement l’effort de la création pour échapper à la servitude du péché. Rom., viii, 20-22. — La production des fruits par la terre et par les arbres est comparée à un enfantement. Is., lvi, 8 ; Cant., vii, 12.

H. Lesêtre.

ENFER. Ce terme désigne dans l’Ancien Testament le séjour des morts en général. Il désigne dans le Nouveau Testament le séjour des morts qui ne possèdent point la béatitude du ciel. Il faut donc distinguer entre les enseignements de l’Ancien et ceux du Nouveau Testament. Sur les croyances des anciens Hébreux et des premiers chrétiens relatives à l’autre vie, voir Ame, t. i, col. 461.

I. L’ekfer suivant l’Ancien Testament. — L’Ancien