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ENFANT

ff « nourrisson, n désigne l’enfant encore dans le sein de sa mère, Luc, i, 41, ou le nouveau-né, Luc, ii, 12, 16 ; Act., vii, 19 ; I Petr., ii, 2, ou un enfant déjà grand, Luc, xviu, 15. — 2. Niîirto ; , infans, qui ne parle pas, avec cette signification stricte, Matth., xxi, 16 ; 1 Cor., xiii, 11 ; mais il désigne un enfant en tutelle, Gal., iv, 1. — 3. Nio ; , nouveau, qui est entré récemment dans l’existence, TH., u, 4 ; plus souvent vecJtepo ; , juvenis, Act., v, 6 ; I Tim., v, 1, 2, 11, 14 ; TU., ii, 6 ; I Petr., v, 5. — 4. Néavi « , adolescens, Act., xx, 9 ; xxiii, 17, 18, 22, ou veavt’o-xo ?, adolescens, juvenis, Matth., xix, 20, 22 ; Marc, xiv, 51 ; xvi, 5 ; Luc, vii, 14 ; Act., Il, 17 ; v, 10 ; I Joa., II, 13, 14.

— 5. liât ; , puer, puella, Matth., ii, 16 ; xxi, 15 ; Luc, ii, 43 ; viii, 51 ; ix, 42 ; Act., xx, 12, ou ses diminutifs, icaiSipiov, puer, Matth., xi, 16 ; Joa., vi, 9 ; naiêiov, puer, Matth., ii, 8 ; v, 9, 11, 13, 14, 20, 21 ; xiv, 21 ; xv, 38 ; xviii, 2, 3 ; xix, 13, 14 ; Marc, v, 39, 40, 41 ; puella, JUarc, vii, 28 ; ix, 24, 36 ; x, 13, 14, 15 ; Luc, i, 59, ’76, 80 ; ii, 17, 21, 27, 40 ; vii, 32 ; ix, 47 ; xi, 7 ; xviii, 16, 17 ; Joa., iv, 49 ; xvi, 21 ; Hebr., xi, 23 ; I Joa., ii, 13. IL Condition physique et sociale de l’enfant. — -1° L’enfant fruit de la bénédiction céleste. — Ce fruit désiré et aimé d’une union féconde forme le troisième membre de la famille ; il sert de lien vivant entre le père et la mère et fait la joie et la consolation du foyer domestique. Aussi, chez les Orientaux en général et chez les Israélites en particulier, la naissance des enfants est regardée comme un effet de la bénédiction divine. Les frères de Rébecca souhaitaient à leur sœur avant son départ une nombreuse postérité. Gen., xxiv, 00. Chez le peuple .juif, des motifs religieux se joignaient aux raisons de la nature pour accroître les familles. Dieu avait promis à Abraham que ses descendants égaleraient en nombre la poussière de la terre, le sable de la mer et les étoiles du ciel. Gen., xii, 2 ; xiii, 16 ; xv, 5 ; xvii, 2, 4-6 ; xxii, 17. Dès lors, dans sa race, de nombreux enfants étaient un bienfait de Dieu et un litre de gloire, Gen., xlviii, 16 ; Deut., xxviii, 4 ; Ps. cxxvii, 3 ; Tob., vi, 22, tandis que la privation de postérité passait pour un châtiment céleste et un opprobre, Gen., xxx, 1 ; I Reg., i, 6 et 11 ; II Reg., xviii, 18 ; Is., liv, 1 ; Jer., xxii, 30 ; Ps. cxii, 9 ; Luc, i, 25, et Dieu l’infligeait comme punition aux unions incestueuses. Lev., xx, 21. Chaque famille se continuait dans les descendants et conservait avec le nom de son chef un héritage inaliénable et souvent de glorieux souvenirs. Si un homme mourait sans enfant, la loi donnait à ses proches le moyen et leur faisait le devoir de lui en susciter après sa mort. Deut., xxv, 5-10. VoirLÉviRAT. La naissance d’un enfant, surtout celle d’un garçon, était pour le père de famille israélite un joyeux événement, Jer., xx, 15 ; celle d’une fille était accueillie avec moins de satisfaction, à cause des sollicitudes particulières de l’éducation des filles. Eccli., xlii, 9 et 10.

2° Dieu auteur de la vie. — Dès sa conception, l’enfant appartenait à son père et à sa mère, même dans les unions illicites. Gen., xxxviii, 24-26 ; II Reg., xi, 5 ; Job, m, 3-9. Salomon ignorait les lois physiologiques de la formation de l’enfant dans le sein maternel. Eccle., xi, 5. La mère des sept frères Machabées ne savait comment ses l fils avaient apparu eu elle, et elle attribuait leur origine â l’action toute-puissante du Créateur. II Mach., vii, 22-23. Job cependant, par des comparaisons très justes, décrit cette action réelle et souveraine de Dieu dans la génération des hommes et aussi les phases principales de la constitution de l’embryon. Quand le fœtus est formé, Dieu lui donne la vie, en lui unissant, au moment que lui seul connaît, une âme qu’il a créée. Le petit être est dés lors l’objet de sa bonté ; il veille sur lui et s’en constitue le gardien. Ps. cxxxviii, 13-16 ; Job, x, 8-12. Cf. Lesêtre, Le livre de Job, Paris, 1886, p. 81 ; J. Knabenbauer, Gomment, in lib. Job, Paris, 1886, p. 148-149. L’auteur de la Sagesse, vii, 1 et 2, connaissait les lois générales de la formation de l’enfant. Le Psalmiste, Ps. lxx, 6, et

Jérémie, i, 5, ont célébré aussi la providence divine s’étendant sur eux dès avant leur naissance. Cf. Ps. xxi, 10-11 ; Is., xlix, 1 ; Luc, i, 42 ; ix, 27. Les rabbins ont continué d’enseigner que Dieu s’associait aux parents dans la génération des enfants. Talmud de Jérusalem, Péa, i, et Kilaim, viii, 4, trad. Schwab, t. ii, Paris, 1878, p. Il et 305-306.

3° Naissance de l’enfant. — Pendant les neuf mois de la grossesse, II Mach., vii, 27 (ou dix mois lunaires, Sap., vu, 2), l’enfant est vivant dans le sein de sa mère, et parfois il s’agite et tressaille. Gen., xxv, 22-24 ; Luc, i, 41. Il peut y périr et en être rejeté comme un avorton. Job, m, Il et 16. Voir t. i, col. 1294. Sur l’embryologie biblique, voir L. Low, Die Lebensalter in der jûdiscken Literatur, in-8°, Szegedin, 1875, p. 42-45. — L’enfantement est douloureux, Gen., iii, 16 ; Eccli., xix, 11 ; Joa., xvi, 21, et il exige ordinairement le ministère d’une sage-femme. Gen., xxxv, 17 ; xxxviii, 27-30 ; cf. Exod., i, 15-21. L’enfant tombe à terre, s’il n’est personne po^r le recevoir, et c’est par des pleurs qu’il fait entendre sa voix. Sap., vii, 3 ; cf. Eccli., XL, 1. On coupe le cordon ombilical et l’on donne à l’enfant les premiers soins, le lavant dans l’eau pour le purifier, le frottant avec du sel pour sécher la peau et le fortifier, et l’enveloppant de langes. Ezech., xvi, 4. Cf. S. Jérôme, Comment, in Ezech., xvi, 4, t. xxv, col. 127-128, et Knabenbauer, Comment, in Ezechielem prophetam, Paris, 1890, p. 147-148 ; Palestine Exploration Fund, Quarterly Statement, 1881, p. 301. Pour les langes, Job, xxxviii, 9 ; Sap., vii, 4 ; Luc, ii, 7 et 12. Celui qui annonçait au père la naissance d’un fils était accueilli avec joie et recevait quelque présent, comme c’est encore la coutume dans diverses parties de l’Orient. Cf. Jer., xx, 15. Le père ou le grand-père prenait ensuite le nouveau-né sur ses genoux, probablement en signe de reconnaissance et d’adoption. Gen., L, 22 ; Job, iii, 12 ; Ps. xxi, 11. À leur défaut, la grand’mère remplissait ce devoir. Ruth, iv, 16. Les fils de la servante étaient adoptés de la même manière par l’épouse principale, qui lui avait cédé ses droits auprès de son mari. Gen., xxx, 3. Voir Enfantement.

4° Fêtes de la naissance. — Le jour de la naissance d’un enfant, surtout si c’était un garçon, était un jour de joie, et les riches en fêtaient l’anniversaire, Job, i, 4 ; Matth., xiv, 6 ; Marc, vi, 21, selon une coutume qui existait aussi dans d’autres pays. Gen., xi., 20 ; II Mach., vi, 7 ; Hérodote, i, 133 ; Xénopbon, Cyrop., i, 3, 9. Voir t. i, col. 648-649. En Orient, les parents et les amis font souvent des présents au nouveau-né, comme le firent les mages à l’enfant Jésus. Matth., ii, 11. Dans les premiers temps, on donnait un nom à l’enfant aussitôt après sa naissance. Gen., iv, 1 ; xvi, 15 ; xxv, 25 ; xxxv, 18. Après l’institution de la circoncision, les fils des Hébreux reçurent leur nom le huitième jour de leur existence ; les parents le leur donnaient, tantôt le père, tantôt la mère. Luc, i, 31, 60, 62 et 63. L’enfant mâle devait être circoncis le huitième jour. Gen., xvii, 12 ; xxi, 4 ; Lev., xii, 3 ; Luc, ii, 21. Voir Circoncision, col. 774. Quarante jours après leur naissance, on était tenu d’offrir à Dieu un sacrifice pour le rachat des premiers-nés mâles. Lev., xii, 6 ; Luc, ii, 22-24. Voir Purification.

5° Allaitement. — L’enfant était ordinairement allaité par sa mère, Job, iii, 12 ; Ps. cxxx, 2 ; Is., xi, 8, et les femmes juives ne se dispensaient pas de cette loi de la nature. Gen., xxi, 8 ; I Reg., i, 22-23 ; III Reg., iii, 21 ; Ose., i, 8. Cf. I Thess., ii, 7. On ne donnait l’enfant à une nourrice que si la mère était morte ou malade. Cf. Exod., ii, 7-9. Rébecca avait une nourrice, qui l’accompagna auprès d’Isaac, et dont la mort fut pleurée comme celle d’un membre de la famille. Gen., xxiv, 59 ; xxxv, 8. Voir Débora 1, col. 1331. Deux princes, Miphiboseth, fils de Jonathas, II Reg., iv, 7, et Joas, IVReg., xi, 2 ; II Par., xxii, 11, eurent eussi des nourrices. Calmet,