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ENCENS


de l’encens, » disent les captifs de Babylone aux Juifs restés à Jérusalem. Bar., 1, 10. A. l’époque messianique, on apportera l’encens en abondance de Juda et des nations. Jer., xvii, 26 ; Is., lx, 6. — 4° L’encens brûlant seul ou mêlé à d’autres aromates, et s’élevant vers le ciel, est devenu naturellement le symbole de la prière. Cf. Ps. cxl, 2 ; Luc, I, 10. C’est pourquoi l’Apocalypse nous montre la fumée des parfums montant avec les prières dés saints, vin, 3, 4 ; et les vingt-quatre vieillards tenant des vases d’or remplis de parfums, qui sont les prières des saints, v, 8. Aussi faut-il que les dispositions du cœur accompagnent l’offrande de l’encens ; autrement ce n’est pas un culte vrai, sincère, mais une pure formalité extérieure, que Dieu réprouve, ls., xliii, 23 ; lxvi, 3 ; Jer., VI, 20.

— 5° Si l’offrande de l’encens est un hommage à Dieu, l’offrir à des idoles est une marque d’idolâtrie. Quand Antiochus, 1 Mach., 1, 58, profana le Temple, il ordonna de brûler de l’encens devant les portes des maisons et sur les places. Il y eut des apostats, mais aussi d’héroïques résistances, à Modin surtout. Le tyran y envoya des émissaires pour contraindre les habitants à brûler de l’encens. I Mach., ii, 15. Plusieurs obéirent ; mais Mathathias et ses fils demeurèrent inébranlables. — 6° On offre l’encens, comme d’autres parfums ou des objets précieux, à des personnages qu’on veut honorer. En Orient, il n’y a pas de visite sans présent. Aussi les mages apportent-ils de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Les Pères ont vu de plus une signification symbolique dans ces dons ; mais les interprétations sont bien variées : pour les uns, c’est la dignité sacerdotale ; pour d’autres, la divinité que les mages auraient voulu reconnaître par l’offrande de l’encens. L’encens sert de comparaison dans l’éloge de Simon fils d’Onias. Eccli., L, 9. Dans sa sollicitude pour le Temple, il est, d’après la Vulgate, « comme la flamme qui étincelle, comme l’encens qui brûle dans le feu, » et, selon le grec, « comme le feu et l’encens dans l’encensoir, » c’est-à-dire comme l’encens qui brûle sur le feu de l’çncensoir. Dans le verset précédent, ^.8, la Vulgate le compare aussi à « l’encens qui répand son parfum aux jours de l’été » ; mais le grec porte : pxatrràç Xiêàva-j, « comme un plant odoriférant du Liban ; » sens plus naturel, l’encens étant d’ailleurs nommé au vers, suivant.

— 7° Il est à remarquer qu’en plusieurs endroits où le mot lebônâh manque en hébreu, et 3u6àvoç dans les Septante, la Vulgate a cependant le mot thus : c’est que le traducteur latin a rendu par ce mot particulier des mots de sens général, comme qdtar, qetoréf, miqtdr, etc., « répandre une odeur agréable, fumigation. » 1Il Reg., xi, 8 ; xiii, 1, 2 ; II Par., xxviii, 25 ; Ezech., viii, 11 ; de même Ezech., vi, 13, pour rêah nil/ôah, pour « odeur suave », etc. — Dans d’autres passages, la Vulgate a rendu exactement ces mots de sens général, qetoret, qatâr, par incensum, adolere incensum ; mot à mot : « ce qu’on brûle, offrir ce qui est à brûler, » Num., xvi, 17 ; I Par., vi, 49, etc. ; mais il faut se garder de traduire incensum par « encens », parce que « ce qu’on brûlait a comprenait aussi bien les victimes qu’on brûlait sur l’autel des holocaustes, comme Exod., xxix, 13 ; Lev., iv, 35 ; Ps. lxv, 15, que les divers parfums offerts à Dieu sur l’autel des parfums, par exemple, I Mach., iv, 49 ; Luc, i, 9, et par conséquent beaucoup d’autres choses que l’encens.

E. Levesque.

    1. ENCENSOIR##

ENCENSOIR (hébreu : mahtâh et miqtéréf ; Septante : mipeîov et 6u|uaTiipiov > Vulgate : igniutn receptacula, thunbulum, thymiamateria ; Apocalypse : >, têavutôc ; Vulgate : thuribulum), proprement « vase où l’on brûle de l’encens » ; comme cet instrument servait non seulement pour l’encens, mais pour d’autres aromates ou des compositions de parfums, il serait plus justement nommé b>-ûleparfums.

1° Nom. — D’après l’étymologiej nnn, hatâh, s prendre

des charbons ardenls à un brasier, » Is., xxx, 14, le mah tâh est une sorte de pelle à feu, qui servait à prendredes charbons sur l’autel des holocaustes. Exod., xxvii, 3 ; . xxxvin, 3 ; Num., iv, 14. Dans ces trois endroits, la Vulgate rend bien le sens : receptacula ignium ; les Septante traduisent par le mot grec équivalent, irupeîov. Mais comme, après avoir pris du feu à l’autel des holocaustes, le prêtre, dans certaines cérémonies, jetait des grains d’encens ou d’autres aromates sur cette sorte de pelle ou réchaud, le même instrument devenait un brûle-parfums. Lev., x, 1 ; xvi, 12 ; Num., xvi, 6, 17, 37 (hébreu, xvii, 2), 39 (hébreu, xvii, 4), 46 (hébreu, xvilj 11). Les Septante continuent à rendre le mot hébreu par itupâov, et la Vulgate traduit alors habituellement par thuribulum. Le sens de « brûle - parfums » donné à mipeîov est particulièrement évident dans Eccli-, L, 9 : « comme le feu et l’encens dans l’encensoir, » àrà wupeîou. Cette pelle à feu, servant ainsi aux fumigations de parfums, reçoit de cette seconde fonction le nom spécial de miqtéréf, deqâtar, a fumer, exhaler des parfums. » II Par., xxvi, 19 ; ,

563. — Batillum romain, servant de brûle-parfums. Vue de face et vue de profil.

Ezech., viii, 11. Les Septante traduisent alors par ôujiairiïpiov, et la Vulgate par thuribulum. Le même instrument avait donc deux dénominations, provenant de ses deux usages. G. F. Rogal, Thuribulum, 1, dans Ugolini, Thésaurus antiquitatum sacrarum, in-f », Venise, 1750, t. xi, col. DCCLI. — Dans l’Apocalypse, viii, 3, 5, le brûleparfums est appelé X16avwT61 ; , proprement « encensoir ». 2° Forme. — L’Écriture ne décrit nulle part le mahtâh ; d’après les auteurs juifs, malgré les obscurités et lescontradictions d’un bon nombre d’entre eux sur ce sujet, et en s’attachant au sens précis du rcupeîov des Septante r on peut arriver à s’en faire très vraisemblablement une idée assez exacte. Le mahtâh est une sorte de large pelle à trois rebords peu élevés et munie d’un manche assez court. Il n’y a pas de rebord à la partie antérieure, pour permettre de prendre facilement les charbons ardents. Le Tcupeïov, par lequel les Septante ont Iraduit régulièrement le mahtâh hébreu, rappelle le batillum romain r pelle ou brasier rectangulaire, dont on se servait pour brûler de l’encens ou des herbes odoriférantes. Horace, Sat., i, 5, 36. Un exemplaire en bronze, trouvé à Pompéi, se conserve au musée de Naples (fig. 563). Cette description du mafytâh se trouve confirmée par une remarque du livre des Nombres, xvi, 37, 38 (hébreu, xvii, 3, 4). Dieu ordonne que les brûle-parfums de Coré r de Dathan et de leurs partisans seront réduits en lames : ce qui était très facile dans l’hypothèse de la forme que nous venons de décrire ; rien de plus simple que de rabattre les bords : ce qui, au contraire, eût été impossible sans les briser, s’ils avaient eu la forme d’un vase rond, sorte de coupe avec ou sans couvercle, comme on les représente quelquefois. Ces brûle - parfums, durant le temps du Tabernacle, furent fabriqués en cuivre. Num., . xvi, 39 (hébreu, xvii, 4) ; mais Salomon, pour le service du Temple, les fit faire en or. III Reg., vii, 50 ; II Par., iv, 22. Comme les autres vases du Temple, ils furent enlevés par les Chaldéens à la prise de Jérusalem. IV Reg., xxv, 15 ; Jer., lii, 19. Le brûle-parfums hébreu ainsi