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EMPRUNT — ËNAÏM

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à son voisin. Si la bête est détériorée on périt en l’absence du propriétaire, l’emprunteur est tenu d’en rendre une autre. Exod., xxil, 14. — Le Seigneur promet aux Hébreux que, s’ils sont fidèles, ils pourront prêter aux autres sans avoir à emprunter. Deut., xxviii, 12. Emprunter constitue presque toujours une assez mauvaise opération. Prov., xxil, 7 ; Eccli., xxi, 9. Le méchant emprunte et ne rend pas. Ps. xxxvi, 21. Dans le désastre de la nation, l’emprunteur et le prêteur en seront réduits à la même extrémité. Is., xxiv, 2. Au retour de la captivité, les Juife parlent d’emprunter de l’argent pour payer les impôts. II Esdr., v, 4. Dans une parabole de l’Evangile, un père de famille recevant des hôtes assez tard emprunte trois pains à son voisin. Luc, xi, 5. — 2° L’emprunt des Hébreux aux Egyptiens avant leur départ de Gessen. — A la veille de la sortie d’Egypte, les femmes des Hébreux reçoivent l’ordre de demander aux Égyptiennes des vases d’or et d’argent et des vêtements. Ces objets sont accordés et les Hébreux les emportent avec eux dans le désert, dépouillant ainsi les Égyptiens. Exod., iii, 22 ; xi, 2 ; xii, 35, 36. Cet acte se justifie aisément par cette double considération, que Dieu, maître de toutes choses, peut transférer une propriété d’un peuple à un autre, et que, d’autre part, les Hébreux ne faisaient que récupérer par ce moyen le salaire des. rudes travaux accomplis au profit des Égyptiens. Cf. Guénée, Lettres de quelques Juifs, Paris, 1821, t. ii, p. 294-295. — Mais, semble-t-il à quelques-uns, il y a mauvaise foi à « emprunter » ainsi des objets que Ton se propose de ne pas rendre. À cette difficulté, on est en droit de répondre qu’en fait l’emprunt supposé n’existe pas. Le texte sacré emploie ici, non plus le verbe làvâh, « emprunter, » mais le verbe Sâ’al, « demander. » Il est vrai que, pour les trois passages de l’Exode, Gesenius-Rœdiger, Thésaurus linguse hebrmse, Leipzig, 1853, p. 1347, prête à Sâ’al le sens d’  « emprunter », alors que dans tous les autres passages de la Bible ce mot signifie soit « interroger », soit « demander ». Dans un seul cas, le participe Sâ’ûl peut avoir le sens de chose « empruntée ». IV Reg., vi, 5. Dans l’autre cas cité par Rœdiger, I Reg., i, 28, ce sens ne s’impose nullement. Toujours est-il que rien n’oblige à prendre sâ’al dans le sens d’  « emprunter », alors que partout il a celui de « demander ». Cf. F. von Hummelauer, In Exodum et Leviticum, Paris, 1897, p. 125-126. Les femmes des Hébreux demandèrent donc aux Égyptiennes les objets indiqués. Les Égyptiennes ont-elles considéré cette demande comme un emprunt ? Rien ne le prouve. Après la dixième plaie, nous voyons le pharaon appeler Moïse et Aaroïi en pleine nuit et leur dire : « Levez-vous et éloignez - vous de mon peuple, vous et les fils d’Israël ! » Exod., XII, 31. Le roi regardait donc le départ des Hébreux comme une délivrance. Chaque famille égyptienne partageait ce sentiment et devait être heureuse de se débarrasser d’hôtes devenus si terribles, en leur abandonnant ce qu’ils demandaient. Le texte sacré dit d’ailleurs que le Seigneur inclina les cœurs dans ce sens. Exod., xii, 36. Le texte ajoute que les Égyptiens yaS’ilûm ce qu’on leur demandait. Le verbe Sâ’al à l’hiphil signifie simplement « accorder » ce qu’on demande et non pas « prêter ». Cf. I Reg., i, 28, où Samuel n’est pas « prêté » au Seigneur, mais vraiment « donné ». Josèphe, Ant. jud., II, xiv, 6, dit qu’après la dixième plaie, les courtisans « persuadèrent au pharaon de laisser partir les Hébreux. II appela donc Moïse et ordonna leur départ, dans la pensée que, quand ils seraient éloignés du pays, l’Egypte serait délivrée des fléaux. Ils honorèrent ( It^kov) les Hébreux de présents, les uns pour qu’ils partissent plus vite, les autres à cause de leurs relations de voisinage ». On ne peut pas accuser ici Josèphe d’avoir cherché à atténuer une faute commise par ses ancêtres, puisque rien dans le texte n’autorise à parler d’emprunt ni de prêt. L’écrivain juif interprète donc bien la pensée de fauteur sacré. Il est de toute évidence d’ailleurs que les

Égyptiens ont prétendu faire de véritables cadeaux aux Hébreux. Ils savaient que ceux-ci ne reviendraient plus, et, en somme, ne demandaient qu’à être débarrassés d’eux, coûte que coûte. — Pour le prêt de l’argent, voir Prêt.

H. Lesêtre.

ÉNAC (hébreu : ’Ânâq ; Septante : ’Evdtx), géant, fils d’Arbé et père des Énacites. Jos., xv, 13. D’après Gesenius, Thésaurus, p. 1054, ’Anâq signifie « au long cou », géant. Ce personnage n’est nommé dans l’Écriture que comme ancêtre des Enacites. Voir Énacites.

    1. ÉNACITES##

ÉNACITES (hébreu : ’Ânâqim, de’ânaq, m cou ; » Septante : ’Evaxc’iI. ; Vulgate : Enacim), famille et tribu de géants. Deut., ii, 10-11. Voir Géants. Ils descendaient d’Arbé (voir t. i, col. 883) et habitaient le sud de la terre de Chanaan lorsque Abraham y arriva et lors de la conquête du pays par Josué. Hébron était une de leurs résidences principales, et on l’appelait du nom de leur ancêtre Qiryaf’Arba’(Vulgate : Cariatharbé, t. i, col. 884). Eux-mêmes sont appelés Benê-’Anâq (filii Enac), Num., xiii, 33 (Vulgate, 34) ; Benê-’Anâqîm (Vulgate : filii Enacim), Deut., i, 28 ; IX, 2 ; yelîdë Hâ-’Anâq, « descendants d’Énac, » Jos., xv, 14 (Vulgate : stirps Enac) ; Num., xiii, 22, 82 (Vulgate, 23, 29 : filii Enac) ; ’Anâqim (Vulgate : Enacim), Deut., ii, 10, 11, 21 ; Jos., xi, 21, 22 ; xiv, 12, 15. Les Enacim d’Hébron se subdivisaient en trois familles principales, celles d’Achiman, de Sisaï et de Tholmaï (voir ces mots). Num., xiii, 23 ; Jos., xv, 14 ; Jud., i, 20. — La haute stature et la force des Énacites avaient vivement impressionné les Israélites. Les espions que Moïse envoya du désert du Sinaï pour explorer la Terre Promise rapportèrent qu’ils avaient vu là des géants, parmi lesquels les fils d’Enac tenaient la première place ; « auprès d’eux, disaientils, ils n’étaient que comme des sauterelles. » Num., xiii, 33-34. La terreur qu’inspira ce récit fut cause de la révolte du peuple contre Moïse et du châtiment divin qui condamna Israël à errer dans le désert pendant quarante ans. Num., xiv, 1-35. Plus tard, néanmoins, Josué et Caleb réussirent à vaincre les Énacites. Ils les battirent à Hébron, à Dabir, à Anab et dans les montagnes de Juda, Jos., xi, 21 ; xv, 14 ; Jud., i, 20 ; ceux qui parvinrent à échapper aux coups des Israélites se réfugièrent sur le rivage de la mer Méditerranée, à Gaza, à Geth et à Azot, Jos., xi, 22, et depuis lors il n’est plus question d’eux dans l’Écriture. Ils durent se fondre avec les Philistins qui occupaient le pays. Quelques-uns ont pensé que le géant Goliath, originaire de Geth, était un de leurs descendants, cf. I Reg., xvii, 4 ; . de même que Jesbibénob, II Reg., xxi, 16, et d’autres Géthéens. II Reg., xxi, 18-22 ; I Par., xx, 4-7. F. Vigourocx.

    1. ÉNADAD##

ÉNADAD, père de Bavaï. II Esdr., irt, 28. Il est appelé ailleurs Hénadad, ce qui correspond mieux à l’orthographe hébraïque. Voir Hénadad.

    1. ÉNAIM##

ÉNAIM (hébreu : ’Ênaïm, « les deux sources ; » Septante : Codex Vaticanus, Maiavef ; Alexandrinus, ’Hvoei’ii), ville de la tribu de Juda. Le livre de Josué, xv, 34-35, la nomme parmi les villes de la Séphélah ou de la plaine, entre Taphua et Jérimoth, dans une énumération qui commence par Estaol. C’est probablement à la porte de cette ville que Thamar, veuve d’Her, attendit Juda son beaupère. Gen., xxxviii, 14. L’hébreu porte : be-pétah’Ênaïm, ce que les Septante rendent par taXi itùXaiç Aivàv, « aux portes d’Enaïm, » traduction préférable à celle de la Vulgate, qui porte : in bivio itineris, « à un carrefour. » Le texte sacré nous dit que la localité où se trouvait Thamar était dans le voisinage de Thamria, Gen., xxxviii, 12-14, et le Talmud de Babylone, Sotah, ꝟ. 10 a, qu’elle était près d’Adullam, ce qui s’applique fort bien à Énaîm, mentionnée dans Josué, xvi, 34-35, avec Adullam et d’autres villes voisines de