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EMMAUS


pelle bâtis sur les raines d’un ancien monastère. Près du couvent, à l’est, se voient les ruines d’une belle église de l’époque des croisades, de trente mètres de longueur sur vingt-deux et demi de largeur. La nef de gauche enclavait les restes d’une construction plus ancienne, de dix-huit mètres vingtcinq centimètres de longueur sur neuf mètres de largeur. Des bâtiments accessoires dépendant du couvent primitif avoisinaient l’église ; ils n’ont pas été relevés. Selon les Pères Buselli et Domenichelli, 0. M., le nom de Qobeibéh serait une transformation du nom Nicopolis, donné constamment par les chrétiens anciens à Emmaiis. Les premiers témoins de cette tradition sont sainte Sylvie, citée, d’après le professeur Gamurrini, par

témoignent de la vénération des fidèles pour ce sanctuaire. A cette distance quel pourrait-il être, sinon Emmaûs ? et cette maison antique, précieusement conservée dans l’église, quelle serait-elle, sinon, comme l’attestent une multitude de pèlerins, la maison de Cléophas transformée en église dont parlent les anciens ?

B). Un grand nombre de palestinologues, dont les études seront indiquées plus loin, contestent que les traditions locales authentiques, onomastique et historique, aient jamais connu et indiqué d’autre Emmaûs que’Amo’âs. Toutes les indications précédentes sont, suivant eux, des identifications forcées, pour justifier la leçon « soixante stades » admise à priori. — 1° Les conjectures faites pour

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558. — Qobeibéh. D’après une photographie de M. L. Heidot.

Pierre Diacre, dans son Liber de Lotis Sanclis, édit. Gamurrini, in-4°, Rome, 1887, à la suite de S. Hilarii tractatusde mysteriis, p. 129, où Emmaiis est indiquée à soixante stades de Jérusalem. Le Vén. Bède, In Lucam Expositio, 1. vi, c. 24, t. xcii, col. 625, indiqne Emmaûs-Nicopolis à la même distance ; saint Jérôme, dans la Vu 1gate, et la plupart des Pères l’indiquent à la même distance, ainsi que la plupart des historiens postérieurs et les pèlerins. Le P. Francesco Soriano, 0. M., en 1562, cité par le P. Domenichelli (voir plus loin), atteste que les indigènes appellent l’Emmaus de la tradition Kubébé. Depuis ce temps d’innombrables relations relatent le même fait. Les R.R. PP. Franciscains, institués par le saintsiège gardiens des Lieux Saints, n’ont cessé de conduire les pèlerins vénérer le site d’Emmaûs à Qobeibéh. Leur mission et leur fidélité à la remplir ne permettent pas de croire qu’ils se sont trompés. Une source abondante jaillit à un kilomètre de l’église. Son nom, ’Aïn-’el-’Agéb, « la fontaine merveilleuse, » rappelle la fontaine miraculeuse dont parlent Sozoméne, saint Willibald et plusieurs historiens. L’église et le monastère

rattacher à Oitàs un nom ayant quelque rapport avec Emmaûs sont antihistoriques et sans fondement étymologique. La vallée d’Ortâs et les ruines peu importantes d’un bain annexé à quelque maison de plaisance ont jadis porté le nom de la ville de’Etâm, dont les ruines sont voisines (voir ÉTA.M). Cf. Josèphe, Ant. jud., VIII, vii, 3. Il n’y a jamaiseu d’eaux thermales dans l’endroit. Voir Emmaûs 1.

— 2° Khamséh est le nom de nombre arabe « cinq », et saint Luc n’a pu indiquer à soixante stades un endroit qui est à plus de quatre-vingt-dix. — 3° Beit-Mizzéh = Môsa’ou Ha-Mofâh en est à moins de quarante, comme Qastal. — 4° Qolouniéh, à trente et quelques stades seulement, et 5° Beit-’Oulma’, à moins encore. Le nom de Ha-Mosâh n’a guère qu’une ressemblance lointaine avec Emmaiis. Si c’est lui, comme plusieurs le croient, que Josèphe a transcrit par Emmaûs, c’est une transcription personnelle ; il est peu vraisemblable que saint Luc, qui a paru avant l’historien, ait précisément adopté cette transcription si peu régulière. Cet évangéliste conserve ordinairement aux noms de localités leur forme hébraïque : ’Afiûffa était la forme régulière, et elle existait déjà dans