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EMMAUS

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3° Les ruines. —’Amo’âs (fig. 556) est aujourd’hui un village de près de cinq cents habitants, tous musulmans. Formé de maisons bâties avec de grossiers matériaux, il ne diffère point par son aspect des villages les plus chétifs du pays. Ça et là cependant le visiteur peut remarquer, dans les murs des habitations, des pierres taillées avec soin, de grand et bel appareil ; elles ont été recueillies dans les décombres qui couvrent le plateau et les pentes de la colline sur laquelle s’élève le village. Partout la pioche rencontre des pierres régulièrement travaillées, de soixante à quatre-vingts centimètres de largeur ou même plus grandes, dispersées sur le sol, des fûts de colonnes, des chapiteaux de marbre, et des arasements de constructions

l’enceinte, existant encore sur une hauteur de trois à quatre mètres, d’une église aux dimensions plus restreintes, embrassant la largeur de la grande nef de la basilique primitive et vingt et un mètres de sa longueur, non compris l’abside. Au fond d’un parvis se rattachant à l’église, au nord, et dont le pavement de marbre subsiste en partie, un petit édicule servait de baptistère. La cuve, creusée en forme de croix, demeure à sa place. Elle était alimentée par les eaux conservées dans une petite piscine préparée non loin, à côté de laquelle se trouve un sépulcre vide, de forme judaïque, entièrement taillé dans le roc. Divers autres tombeaux, également creusés dans le rocher de la montagne, se voient au chevet

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556. — Àmoas. D’après nne photographie do If. L. Hcldet.

spacieuses. Des citernes nombreuses sont remplies de débris. Naguère les paysans ont découvert les restes d’un établissement de bains romains. Des inscriptions grecques, latines et hébraïques, en caractères samaritains, ont été recueillies ; plusieurs ont été publiées yarlaRevuebiblique, 1893, p. 114-H6 ; 1894, p. 253-256 ; 1896, .p. 433-434 ; 1897, p. 131-132. Le pourtour des ruines mesure plus de deux kilomètres ; le village actuel en occupe à peine la sixième partie ; le reste de l’espace est recouvert de plantations de figuiers, de grenadiers et de cactus. Un ancien capitaine français du génie, M. J.-B. Guillemot, croit avoir reconnu les traces d’un mur d’enceinte. À cinq cents pas au sud de ces ruines se voient, au pied de la montagne, les restes d’une basilique romaine. Les trois absides, tournées vers l’orient, sont debout ; l’une a encore sa voûte. Leurs assises sont en blocs magnifiques, dont plusieurs ont de trois à quatre mètres de longueur. Les nefs ont disparu ; mais les fouilles exécutées par le capitaine Guillemot en ont découvert les arasements. L’église avait quarante mètres de longueur et vingtdeux et demi de largeur, dans œuvre. Les matériaux des murs ruinés forment

de l’église. Plusieurs renfermaient, lorsqu’on les découvrit, en ces dernières années, de ces ossuaires à forme de petits sarcophages, si communs dans les tombeaux judaïques pratiqués vers le commencement de l’ère chrétienne. Sur les dernières pentes de la montagne, dont le flanc entaillé a fait place à la basilique, sont dispersées de nombreuses pierres travaillées par la main de l’homme ; on y rencontre encore des arasements d’habitations, et aux alentours des pressoirs à huile et à vin : ce sont des témoins de l’existence en ce lieu d’un village sans doute contemporain des tombeaux dont nous venons de parler. 4° Les eaux. — Sur le trivium formé devant l’église par la jonction des trois voies antiques d’Éleuthéropolis, de Gazer et de Jérusalem par Cariathiarim, aboutit un canal dont le tracé contourne Latroûn et vient se perdre, après trois mille sept cents mètres de circuit, non loin de la voie de Jérusalem, au pied du Ràs-’el-’Aqed, au sud. La source qui l’alimentait a disparu. L’exécution de ce canal pourrait paraître étrange, si l’histoire n’en insinuait pas les motifs. À deux cent cinquante pas, en effet, de l’église et au sud du village sont deux grands puits d’eau