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EMBAUMEMENT


en récitant certaines prières qu’on les enroulait autour des membres (fig. 554). Et ces bandelettes, imprégnées d’aromates ou de bitume, enduites de gomme d’acacia pour fixer les couleurs et les rendre plus brillantes, recevaient encore dans leurs enroulements des herbes ou fleurs parfumées, des substances odoriférantes, comme la résine de Phénicie ou de Pount, la myrrhe de Tonouter ; à des places déterminées, on y enfermait aussi des amulettes, destinées à protéger le mort dans son voyage d’outre-tombe. La momie ainsi emmaillotée d’une épaisse couche de bandelettes et enveloppée d’un linceul ou drap de liii, fortement serré et cousu de façon à laisser voir la forme générale du corps, on peut dire que l’embaumement est achevé. Pour les pauvres, les préparatifs funèbres se bornaient là ; encore l’emmaillotement était-il plus simple, et le bitume remplaçait les parfums précieux. Dans ce cas, après avoir mis au cou delà momie une étiquette de bois avec le nom du défunt, on la déposait dans un des trous de la montagne : c’est par milliers qu’on les trouve à certains endroits, empilées les unes

en Egypte, » l, 25, en attendant le jour où les enfants d’Israël devaient, selon son désir, le transporter dans la Terre Promise. Exod., xiii, 19 ; Jos., xxiv, 32. Il est à remarquer que les soins de l’embaumement sont confiés par Joseph à des médecins attachés à sa maison : ce n’est pas aux médecins cependant que ces opérations étaient remises. Serait-ce pour éviter les prières et cérémonies du culte égyptien, étroitement unies aux diverses parties de l’embaumement, comme nous l’avons vu plus haut ? Ou bien les grandes maisons, comme celle d’un premier ministre, avaient-elles des serviteurs chargés spécialement des embaumements, qui par leurs fonctions pouvaient être rangés à la dernière place dans la catégorie des hârôfîm, « médecins ? » Ceux-ci sans doute étaient nombreux dans le palais des rois d’Egypte : ainsi dans Lepsius, Denkmâler, Abth. ii, Bl. 92, d, e, on voit un s Nesmenau, surintendant des médecins du pharaon », Mais les documents égyptiens n’ont pas permis jusqu’ici d’élucider ce point encore obscur.

Une seconde difficulté est relative au nombre de jours

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554. — Emmalllotement de la momie et recitation de prières. D’après Champollion, Monuments de VÉgyptc, t. iv, pi. 415.

sur les autres. Pour les gens plus aisés, la toilette de la momie n’était pas complète sans le scarabée mystique suspendu au cou à la place du cœur, sans les anneaux ou talismans aux doigts dont les ongles ont été dorés, sans le masque doré sur la face et sans les cartonnages peints ou dorés dont on recouvrait tout le corps. On déposait enfin la momie dans un ou deux cercueils de bois d’if ou de sycomore, reproduisant les formes du cartonnage, et le tout était souvent enfermé dans un grand sarcophage de bois ou de pierre. Voir Cercueil, col. 435. Cf. G. Maspero, Lectures historiques, in-12, Paris, 1892, p. 133-139 ; Une enquête judiciaire à Thèbes, étude sur le papyrus Abbott, dans les Mémoires présentés à l’Académie des inscriptions et belles-lettres, 1™ série, t. viii, 2 1 partie, 1874, p. 274-279 ; S. Birch, On a mummy opened at Staff ord house, dans Transactions of the Society of Biblical archseology, t. v, 1876, p. 122-126, avec un spécimen de bandelette imprégnée d’aromates et de bitume ; Champollion-Figeac, Egypte ancienne, in-8°, 1839, p. 260-261 ; Th. J. Pettigrew, History of Egyptian Mummies, ïn-4°, Londres, 1840 ; Rouger, Notice sur les embaumements des anciens Égyptiens, dans la Description de l’Egypte, 2e édit., t. vi, p. 461-489 ; W. Budge, The Mummy, 1893. Dans la Genèse, l, 2-3 et 25, il est fait mention de deux embaumements à la façon des Égyptiens. Quand Jacob mourut, Joseph « ordonna à ses serviteurs médecins d’embaumer son père ; et les médecins embaumèrent Israël. Ils le firent en quarante jours ; c’est, en effet, le temps fixé pour les embaumements. Et les Égyptiens le pleurèrent soixante-dix jours ». L, 2-3. De même quand Joseph mourut, « on l’embauma, et on le mit dans un sarcophage

que durait l’embaumement. D’après le texte sacré, le temps ordinaire consacré à ces préparations était de quarante jours. Gen., L, 3. Diodore de Sicile parle de trente jours (une variante donne, il est vrai, quarante) ; mais selon Hérodote ce serait soixante-dix jours. Les textes égyptiens, étant muets sur cette durée, ne donnent aucun moyen de trancher le différend. Peut-être les divers soins de l’embaumement proprement dit prenaient-ils trente ou quarante jours, selon les lieux et les époques, et le deuil tout entier, y compris ce temps, durait-il soixante-dix jours, comme le remarque la Genèse, L, 3. F. Vigoureux, Bible et découvertes modernes, 6e édit., 1896, t. ii, p. 190-195.

2° Embaumement juif. — Quand le roi de Juda Asa mourut, on plaça son corps sur un lit funèbre, garni d’aromates préparés selon l’art des parfumeurs, et on en brûla en son honneur une quantité considérable. II Par., xvi, 14 ; cf. II Par., xxi, 19 ; Jer., xxxiv, 5 ; Josèphe, Bell, jud., i, xxxiii, 9. Mais ces parfums brûlés autour du corps ne constituent guère un embaumement proprement dit. Dans les derniers temps qui précédèrent l’ère chrétienne, les Juifs ont employé le miel pour conserver les corps au moins pendant un certain temps : c’est ce qui eut lieu pour Aristobule, au témoignage de Josèphe, Ant. jud., XIV, vil, 4. Ce serait une coutume babylonienne. Strabony XVI, i, 20 ; cf. Pline, H. N., xxii, 50. — Nous n’avons que peu de renseignements sur la façon dont les Juifs embaumaient leurs morts au début de notre ère. Maimonide, Tract. Ebel., c. iv, § 1, dit qu’après avoir fermé les yeux et la bouche du mort on lavait le corps, on l’oignait d’essences parfumées, et on l’enroulait ensuite