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EMATH


l’appelait « Émalh la grande ». Théglathphalasar 111 (vers 730) nous raconte, dans le troisième fragment de ses Annales, comment « il ajouta aux frontières de l’Assyrie » et frappa de tribut « la ville de Hamath et les villes qui sont autour près du rivage de la mer du soleil couchant (la Méditerranée), qui en prévarication et en défection pour Az-ri-ya-a-u (Azariac de Juda) avaient pris parti ». Le roi d’Émath s’appelait alors’I-ni-ilu, ou Éniel. Cf. Layard, Inscriptions, pi. 50, 10 ; Schrader, Die Keilinschriften und dos A. T., p. 252-253 ; Cuneiform Inscriptions of Western Asia, t. iii, pi. 9, n° 3 ; F. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, t. iii, p. 512, 514. Ce fut Sargon qui mit fin à l’indépendance et à la gloire de cette ville, dont il n’est plus question désormais dans les monuments assyriens. Il nous apprend, dans ses inscriptions, qu il lit, la seconde année de son règne, la guerre à Ilu-bi’di (variante : Yau-bi’di), son roi, qu’il le défit à la bataille de Karkar, et qu’il lui enleva, comme sa part personnelle de butin, 200 chars et 600 cavaliers. Il ne dit pas expressément qu’il transporta le reste des habitants à Samàrie ; mais on n’en saurait douter, car il raconte qu’il emmena 20033 captifs, et, dans d’autres inscriptions, le roi d’Assyrie, confirmant indirectement le récit biblique, nous dit qu’il transplanta des populations vaincues dans le territoire de Hamath, qu’il avait dépeuplé. Cf. F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, t. iii, p. 574. Nous savons, en effet, par l’Écriture, IV Reg., xvii, 24, 29, 30, que « le roi des Assyriens lit venir des habitants de Babylone, de Cutha, d’Avah, d’Êmath et de Sépharvaïm, et il les établit dans les villes de Samarie à la place des fils d’Israël. .. Chacun de ces peuples se fit son dieu… Les Babyloniens se firent Sochoth-Benoth ; les Cuthéens, Nergel ; ceux d’Émath, Asima ». Voir t. i, col. 1097. Quelques années après, le Rabsacès de Sennachérib, rappelant aux Juifs la chute de la cité de l’Oronte, disait superbement : « Où est le dieu d’Émath ? » IV Reg., xviii, 34 ; Is., xxxvi, 19. a Où est le roi d’Émath ? » IV Reg., xix, 13 ; Is., xxxvii, 13. Elle est ordinairement, dans la bouche des prophètes qui parlent de ses malheurs, associée à Arphad, une autreville de Syrie. Cf. Is., x, 9 ; xxxvi, 19 ; Jer., xlix, 23. — Restée dans l’oubli depuis l’époque prophétique jusqu’à la conquête macédonienne, où elle reçut le nom d’Epiphania, elle demeura toujours une cité florissante sous les Grecs et les Romains. Cf. Ptolémée, v, 15 ; Pline, H. N., v, 19. — C’est dans le pays d’Amalhis ou d’Émath que Jonalhas Machabée alla au-devant de l’armée de Démétrius, sans lui laisser le temps d’entrer sur les terres de Juda. I Mach., xii, 25. — Sur les inscriptions héthéennes trouvées à Émath, voir HÉ THEENS. A. LEGENDRE.

2. ÉMATH (ENTRÉE D’) (hébreu : Bô’Ifâmât ; Septante : AagwsnàO ; Vulgate : Introitus Emath). -^ Le fréquent usage de cette locution biblique, « l’entrée d’Émath, » non seulement au temps de Moïse, Num., xiii. 22, et de Josué, xiii, 5, mais de David, de Salomon et d’Amos, III Reg., viii, 05 ; IV Reg., xiv, 25 ; I Par., xm, 5 ; II Par., vii, 8 ; Am., vi, 15, montre que le royaume de ce nom fut longtemps le plus important de la Syrie du nord. Mais où faut-il placer cette entrée ? On l’a cherchée depuis l’extrémité méridionale de la plaine de Cœlésyrie jusqu’aux environs de Hamah, quand on n’est pas allé jusqu’à la partie septentrionale de la vallée de l’Oronte. Les principales opinions à retenir sont les suivantes. Les uns voient l’endroit en question dans l’ouverture qui sépare la chaîne du Liban de celle des Ansariyéh, et à travers laquelle coule le Nahr el - Kebir. Cf. J. L. Porter, dans Kitto’s Cyclopxdia of Biblical Literature, Edimbourg, 1869, t. ii, p. 215 ; Robinson, Biblical Besearches in Palestine, Londres, 1856, t. iii, p. 568. D’après d’autres, il se trouve près de Bestân, où commence la vallée de Hamah proprement dite. Cf.

K. Furrer, Die antiken Stâdte und Ortschaften im Libanongebiete, dans la Zeitschrift der Deutschen Palâstina-Vereins, Leipzig, t. viii, 1885, p. 27, 28. On le cherche également vers l’extrémité nord de la plaine de Cœlésyrie, du côté de Ribla. Cf. Stanley, Sinai and Palestine, Londres, 1866, p. 414 ꝟ. Pour d’autres enfin, c’est « la Merdj’Ayoun, la plaine qui sépare le Liban méridional des contreforts occidentaux de l’Hermon, et constitue par conséquent l’entrée de la Beqa’a, la route naturelle de la Galilée vers le pays de Hamah. Plus tard, quand Antioche était la capitale de la Syrie, on l’appelait au même titre le chemin d’Antioche et probablement encore le chemin de la Syrie ». J. P. vari Kasteren, La frontière septentrionale de la Terre Promise, dans la Revue biblique, Paris, t. iv, 1895, p. 29. Voir Chanaan, col. 535. Cette opinion nous semble plus conforme à l’ensemble des données scripturaires qui concernent

les limites de la Terre Sainte.

A. Legendre.

3. ÉMATH (hébreu : ffammaf ; Septante : Codex Vaticanus, ’Ûfia6a5axé6, mot qui repose sur une double confusion : union de Bïammaf avec le nom suivant, Baqqaf ; changement du resch en dalelh ; Codex Alexandrinus, ’AjictG), ville forte de Nephthali, mentionnée une seule fois dans l’Écriture. Jos., XIX, 35. Citée après Assedim, avant Reccalh et Cénereth, elle fait partie du groupe méridional des villes de la tribu, et devait se trouver sur le bord occidental du lac de Génésareth. Le nom lui-même peut nous servir dans la recherche de l’emplacement. Dérivé de hâmam, « être chaud, » il désigne des « thermes » ou sources d’eaux chaudes. Les Talmuds le rendent par ffamafa’, et ce nom indique, d’après eux, une petite ville, ou un bourg près de Tibériade. « Les habitants d’une grande ville, dit le Talmud de Jérusalem, Eroubin, v, 5, peuvent se rendre le jour du sabbat dans une petite ville. Précédemment les habitants de Tibériade avaient la faculté de se promener le jour du sabbat dans tout Hamatha, tandis que les habitants de ce bourg ne pouvaient aller que jusqu’à la côte ; mais à présent Hamatha et Tibériade ne font qu’une seule ville. » Hamath et Tibériade étaient, selon le Talmud de Babylone, Megillah, 2 b, à une distance d’un mille (1 kilomètre 481 mètres) l’un de l’autre. Cf. A. Neubauer, La géographie du Talmud, Paris, 1868, p. 208. Josèphe, de son côté, Ant. jud., XVIII, ii, 3, signale dès thermes « non loin [de Tibériade], dans un bourg appelé Emmaus », où Vespasien avait établi son camp « devant Tibériade ». Bell. jud., IV, i, 3. Dans ce dernier passage, l’historien juif donne l’interprétation du mot’AftjjLaoûç, et dit qu’il signifie « thermes » ; en effet, ajoute- 1- ii, « il y a là une source d’eaux chaudes propre à guérir certaines maladies du corps. » On peut se demander d’où il a tiré cette étymologie, qui ne correspond ni au grec ni à l’hébreu. Quelques-uns prétendent qu’il faut lire’A|ji|j.a80uç, Ammalhus, au lieu de’AfiiiaoO ; , Ammaùs. Cf. F. Buhl, Géographie des alten Palâstina, Fribourg - en-Brisgau, 1896, p. 114. Cette opinion nous paraît tout à fait acceptable. On comprend alors l’analogie du mot grec avec les noms talmudique et hébreu et l’explication de Josèphe. Dans ces conditions, il est facile d’identifier Émath avec une localité voisine de Tibériade, du côté du sud, appelée aujourd’hui El-Hammâm, et célèbre par ses eaux thermales. L’arabe f U-^-, Jfammâm, « bains chauds, » reproduit la racine hébraïque nan, hâmam, d’où viennent

nen, Hammàf, et xrcn, Biamata’. Les données topographiques, nous allons le voir, ne sont pas moins conformes à l’assimilation.

El -Hammam se trouve à une demi-heure au sud de Tibériade (fig. 552). Les ruines qui l’avoisinent confirment le récit de Josèphe et montrent comment autrefois cette bourgade faisait immédiatement suite à la ville, « Ces