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ELNATHAN — ÉLOHIM


Joakim, roi de Juda. IV Reg., xxiv, 8. Ce grand-père maternel de Joakim, appelé Elnathan de Jérusalem, est très vraisemblablement le même que l’Elnathan que Jérémie nous représente comme un des principaux personnages de l’entourage du même roi de Juda. Jer., xxvi, 22 ; xxxvi, 12, 25. Il fut un de ceux qui prièrent Joakim de ne pas brûler le rouleau des prophéties de Jérémie, lues auparavant par Baruch devant le peuple et les grands de la cour. Jer., xxxvi, 12-25. Joakim envoya Elnathan en Egypte avec quelques hommes afin d’en ramener le prophète Urie, qui s’y était enfui pour échapper à la colère du roi. Les Septante varient beaucoup dans la transcription de ce nom : dans IV Reg., xxiv, 8, ’EXX « vo6d|x ; Codex Alexandrinus, ’E).Xa|x « 8ô|x ; dans Jer., xxxvi, 12, ’IwvaOiv ; Codex Alexandrinus ; Nadâv, et’EXvaSàv dans le Codex Marchalianus ; au ꝟ. 25, ’ElvaSâv, et Codex Alexandrinus, Na9âv : sous ces modifications diverses, le nom conserve la même signification. Quant à" Jérémie, xxvi, 22, le nom propre est omis dans les manuscrits des Septante, mais on le lit dans les Hexaples.

2-4. ELNATHAN, nom de trois personnages nommés dans le même verset. I Esdr., viii, 16. Ils sont envoyés vers le lévite Eddo, chef des captifs résidant à Casphia, pour engager des lévites à se joindre à Esdras dans son premier voyage à Jérusalem. « J’envoyai, dit Esdras, Éliézer…, et Elnathan…, et un autre Elnathan…, chefs de famille, et les sages Joiarib et Elnathan. » I Esdr., vm, 16. Le texte hébreu n’a point « un autre » avant le second nom. Les Septante leur donnent trois noms différents : le premier est appelé’AXwvân, le second’EXv « 6â|x, le troisième’Eavafiâv (Codex Alexandrinus : ’EXva9ôv). E. Levesque.

    1. ÉLOHIM##

ÉLOHIM (hébreu : ’Ëlâhim [cf. chaldéen, vhn ; ara méen, JoJ^tJ ; arabe, iy, avec l’article <*JJ1, Allah ;

sabéen, nbx] ; Septante : ©e<5ç ; Vulgate : Deus), nom commun de Dieu en hébreu, de même que’El (voir El, col. 1627), pouvant s’appliquer au vrai Dieu comme aux faux dieux. — iilohim est une forme plurielle, quoiqu’elle désigne le plus souvent au singulier le Dieu unique. C’est ce que les grammairiens ont appelé « pluriel de majesté », et quelques philologues modernes plurale magnitudinis, dans un sens analogue. D’autres disent que le pluriel marque ici une abstraction, « la divinité. » Voir W. W. Baudissin, Studien zur semitischen Religionsgeschichte, Heft i, in-8°, Leipzig, 1876, p. 56-57 ; U. Cremer, Biblisch-theologisches Wôrterbuch, 5e édit., in-8°, Gotha, 1888, p. 404. La forme plurielle est aussi employée pour le singulier, plus de quarante fois, dans les tablettes assyriennes trouvées à Tell El-Amarna, ilâni pour ilu. A. Barton, À pecidiar use of « ilani » ira tlie tablets from El-Amarna, dans les Proceedings of the American Oriental Society, 21-23 avril 1892, p. cxcvi-cxcix ; Id., Native Isrælitish Deilies, dans Oriental Studies, in-8°, Boston, 1894, p. 96.

I. Élymologie d’Élohim. — L’étymologie de ce mot est incertaine. Les uns le font venir de la racine nba, ’âlah, « avoir peur, chercher un refuge, » de sorte qu’il signifierait Numen tremendum, « terreur, objet de terreur. » Cf. Gen., xxxi, 42 ; Ps. i.xxvi, 12 ; Is., viii, 12-13. Voir Crainte de Dieu, col. 1099. Les autres supposent que c’est une sorte d’augmentatif de’El ou une forme plurielle de ce dernier, d’où l’on aurait tiré plus tard le singulier Ëlôha, après avoir perdu le souvenir de son origine. Fr. Buhl, Gesenius’Hebrâisches Handwôrterbuch, 12e édit., 1895, p. 41-42. Les anciens Juifs et les écrivains ecclésiastiques à leur suite faisaient déjà dériver’Elôhîm de’El. « Les Hébreux, dit Eusèbe, Prsep. Ev., xi, 6, t. XXI, col. 857, affirment que le nom qui exprime Jd nature souveraine de Dieu est ineffable et inexpri mable et ne peut même être conçu par la pensée ; mais celui que nous appelons Dieu, ils le nomment Élohim (’EXoiji), de El (fa), à ce qu’il semble, et ils l’interprètent force et puissance (itsyyv %x Wvatuv), de sorte que le nom de Dieu dérive chez eux de sa puissance et de sa force. » Toutefois ces explications ne sont que des hypothèses. Les rapports d’origine et de signification étymologique d’El et d’Élohim ne sont pas encore nettement éclaircis. Cf. R. Smend, Lehrbuch der alttestamentlichen Religionsgeschichte, in-8, Leipzig, 1893, p. 26 ; Frd. Bæthgen, Beitrâge zur semitischen Religionsgeschichte, in-8°, Berlin, 1888, p. 271-273, 275. Ce qui est bien certain, c’est que les deux noms s’appliquent à Dieu par opposition à l’homme. Ose., xi, 9 ; Is., xxxi, 3 ; Ezech., xxviii, 2, 9.

II. Emploi du mot Élohim dans la Bible hébraïque.

— Les diverses langues sémitiques avaient simultanément ou séparément deux noms communs pour désigner Dieu, El et Élohim. Les Hébreux ont fait usage de l’un et de l’autre, soit en parlant du vrai Dieu, soit en parlant des dieux des polythéistes. Ils avaient de plus un nom propre pour nommer le Dieu véritable, Jéhovah ou Jahvéh, et c’est celui dont ils se servaient le plus souvent. (Il se lit à peu près six mille fois dans la Bible.) Des deux mots Élohim et El, le premier paraît moins ancien que le second. On peut le conclure de ce que l’on trouve au moins des traces du mot El (assyrien, ilu) dans toutes les branches de la famille sémitique (cf. Gen., IV, 18 ; xxv, 13 ; xxxvi, 43, etc.), tandis qu’Élohim (Élohâh, llâh) manque chez quelques peuples sémites, en particulier chez les Chaldéens, dont les monuments remontent à une si haute antiquité. Élohim par conséquent n’a dû commencer à être usité que lorsque les descendants de Sem, après s’être séparés les uns des autres, eurent formé des peuples divers. Bæthgen, Beitrâge, p. 271. Il se substitua peu à peu à l’antique’El (voir El, col. 1628), ou devint au moins d’un usage beaucoup plus fréquent. Il se lit 2570 fois dans les livres protocanoniques de l’Ancien Testament, d’après les calculs de M. Nestlé, dans les Theologische Studien aus Wurtemberg, t. iii, 1882, p. 243-258. Cf. S. Mendelkern, Concordantise hebraicse, 2 in-4°, Leipzig, 1896, t. i, p. 86-96. Le singulier Ëlôha, formé plus tard d’Élohim, est beaucoup plus rare. Il est employé cinquante-sept fois (quarante et une dans Job, quatre dans les Psaumes, quatre dans Daniel, deux dans Habacuc, deux dans le Cantique de Moïse inséré dans le Deutéronome, xxxii, une fois dans les Proverbes, dans Isaïe, dans les Chroniques ou Paralipomènes et dans Néhémie ou II Esdras). Cf. Frd. Bæthgen, Beitrâge, p. 297-298. — Les critiques donnent le nom d’élohistes aux passages de l’Écriture où Élohim est employé de préférence à Jéhovah, et ils appellent jéhovistes ceux où Dieu est désigné par son nom propre. Voir Pentateuque.

III. Significations diverses données au mot Élohim dans l’Écriture. — 1° II désigne le plus souvent le vrai Dieu, et dans ce cas le sens est précisé de diverses manières. 1. Par l’article : « Sache que Jéhovah, lui, est le Dieu (hâ-’Elôhîm), et qu’il n’y en a point d’autre excepté lui. » Deut., iv, 35. L’article (Septante : à ®c<5 ; )> ici et ailleurs, Gen., v, 22 ; vi, 9, 11 ; xvii, 18 ; xx, 6, etc. ; cf. Deut., vii, 9 ; I ( 111) Reg., xviii, 21, 37, etc., marque qu’il est le Dieu par excellence. ( Il est supprimé, lorsque aucune amphibologie n’est possible, comme Gen., 1, 1 ; ix, 27, etc. ; Am., iv, H ; dans les Psaumes élohistes, Ps. xlii-lxxxix, etc.) — 2. Dans d’autres passages, la signification d’Élohim est déterminée par des compléments : a le Dieu d’Abraham, » Gen., xxvi, 24, etc. ; « le Dieu d’Israël, » Exod., v, 1 ; « le Dieu de Jacob, » Ps. xx, 2 ; « le Dieu du ciel et de la terre, » Gen., xxiv, 3 ; « le Dieu d’élévation (ou du ciel), » Mich., vi, 6 ; « le Dieu de vérité, > Is., lxv, 16 ; « le Dieu d’antiquité, » Deut., xxxiii, 27 ; « le Dieu des siècles, » Is., xi., 28 ; « le Dieu de justice, » Ps. iv, 2 ; « le Dieu de salut, » Ps. xviii, 47 ; « le Dieu