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ÉLIEL — ÉLIÊZER


ÉLIEL. Hébreu : ’Ëli’êl, « Dieu est ma force ; » Septante : ’E).£t7 ; X ; Codex Alexandrinus : ’EXtTJX. Nom de neuf Israélites.

1. ÉLIEL, un des chefs de la tribu de Manassé, à l’est du Jourdain, du temps de Jéroboam II, roi d’Israël. I Par., v, 21.

2. ÉLIEL, lévite de la branche de Caath, Bis de Thohu, ancêtre du prophète Samuel I Par., vi, 34 (hébreu, 19). Il paraît bien être le même personnage qu’Éliab de

I Par., vi, 27 (hébreu, 12), et Éliu de I Reg., i, 1.

3. ÉLIEL (Septante : ’EXi<]Xsf ; Codex Alexandrinus : ’EXitiXO, un des chefs de famille de la tribu de Benjamin qui habitèrent Jérusalem. Il était fils de Séméi. I Par., viii, 20.

4. ÉLIEL (Septante : ’EXerçX), autre chef de famille de la tribu de Benjamin, qui habita également Jérusalem.

II était fils de Sésac. I Par., viii, 22.

5. ÉLIEL (Septante : AsufjX ; Codex Alexandrinus : ’IeXiT|X), vaillant guerrier du temps de David. I Par., xi, 46. Il était Mahunite. Voir Mahunite, t. iv, col. 578.

6. ÉLIEL (Septante : AaXeiriX ; Codex Alexandrinus : ’AXiriX), autre vaillant guerrier du temps de David. Il était de Masobia. I Par., xi, 46 (hébreu, 47).

7. ÉLIEL (Septante : ’EX116 ; Codex Alexandrinus : ’EXiiîX), un des chefs de la tribu de Gad qui se joignirent à David pendant la persécution de Saûl. I Par., xil, 11.

8. ÉLIEL (Septante : ’Evïjp ; Codex Sinaiticus : ’Ev^X ; Alexandrinus : ’EXitjX), lévite, chef de la famille de Hébron, à l’époque du transport de l’arche de la maison d’Obédédom à Jérusalem. I Par., xv, 9. Il était du nombre des chefs de lévites chargés de porter l’arche, ꝟ. 11.

9. ÉLIEL (Septante : ’IeînjX ; Codex Alexandrinus : ’IeiiqX), un des lévites du temps d’Ézéchias, chargés en sous-ordre de l’inspection des dîmeset des dons sacrés. II Par., xxxi, 13.

ÉLIÉZER. Hébreu : ’ËlVézér, « mon Dieu est secours ; » Septante : ’EXtÉÇep. Nom de onze Israélites.

1. ÉLIÉZER, serviteur ou esclave d’Abraham. Il est nommé une seule fois par son nom, à l’occasion des promesses que Dieu renouvelle au patriarche après sa victoire sur Chodorlahomor : « Seigneur, mon Dieu, dit Abraham à Jéhovah, qui vient de lui promettre d’être sa récompense très grande, que me donnerez - vous ? Je mourrai sans enfants, et le. fils de l’intendant de ma maison, ce Damascus Éliézer… » Gen., xv, 2. Le texte primitif a dû subir ici quelque altération, car la phrase est inachevée et doit sans doute être complétée par la fin du verset suivant, lequel pourrait bien être une glose explicative du précédent : « …Et voilà que mon esclave sera mon héritier. » L’hébreu bén méSéq, que la Vulgate a traduit par « le fils de l’intendant », a été compris de diverses manières. Les Septante ont : « le fils de Mésec (ma servante). » D’autres lisent : « le fils de l’intendance, » c’est-à-dire l’intendant. — Ce verset offre encore une autre difficulté. Damascus, Aa|iâ<rxoç, est un substantif et non un adjectif signifiant Damascène. Plusieurs ont donc pensé qu’il fallait traduire : « Damascus, [fils d’] Éliézer. » D’autres voient dans ce mot la répétition du mot méSéq, employé immédiatement avant. La forme Damméséq, Damascus, proviendrait de la substitution du d initial au démonstratif hé, opérée conformément au goût des Araméens pour les dentales. Voir, sur cette tendance, F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste,

4e édit., t. v, p. 431. Nous aurions donc d’après eux : « Cet intendant Éliézer. » On pourrait encore admettre, selon d’autres, que le nom de Damas fut ajouté comme un surnom à celui d’Éliézer, en souvenir peut-être de l’origine de cet esclave, dont Abraham aurait fait l’acquisition en passant par Damas dans son voyage de Haran en Chanaan. Voir D. Calmet, Commentaire littéral sur la Genèse, Paris, 1707, p. 35-37 ; Cornélius a Lapide, In Genesim, Migne, t. v, col. 385 ; de Hummelauer, Comment, in Genesim, Paris, 1895, p. 387-388 ; Keil, The Pentateuch, Edimbourg, 1872, t. i, p. 211.

On s’accorde en général à reconnaître Éliézer dans le serviteur à qui Abraham confie, Gen., xxiv, 2-4, l’importante et délicate mission d’aller de sa part chercher en Mésopotamie une épouse pour son fils Isaac. La Vulgate l’appelle le plus ancien des serviteurs ; l’hébreu dit s l’ancien », expression qui paraîtrait indiquer le rang plutôt que l’âge, et qu’en conséquence Onkélos a rendue par « intendant ». Si cette traduction était la vraie, elle suffirait pour établir l’identité de ce serviteur d’Éliézer, communément admise. — Pour bien faire comprendre à son serviteur la gravité de l’affaire dont il allait le charger, le patriarche exigea de lui un serment solennel, qui n’a d’analogue dans l’histoire sainte que celui de Joseph prononcé auprès du lit de mort de Jacob. Gen., xlvii, 29-31. Place ta main sous ma cuisse, lui dit-il, afin que je t’adjure par le Seigneur, Dieu du ciel et de la terre. » Gen., xxiv, 2-3. Et Abraham lui fit jurer de ne choisir pour épouse d’Isaac aucune femme chananéenne, mais de lui en procurer une dans sa patrie, au delà de l’Euphrate, et dans sa famille. Le mariage d’Isaac étant un moyen d’assurer la conservation de la postérité choisie, dans laquelle devait se trouver un jour le Messie, les Pères ont pensé que le cérémonial employé par le saint patriarche était une action symbolique rappelant à la fois la grande promesse de Dieu et le sceau de la circoncision qui confirmait cette promesse. Gen., xvii, 1-19 ; xxii, 18 ; Rom., iv, 11-13. Voir Théodoret, Qusest. txxirin Gènes., Paris, 1642, p. 253. Éliézer prêta le serment exigé, après avoir reçu de son maître des éclaircissements que sa conscience lui inspirait de demander ; puis il partit, emmenant avec lui dix chameaux chargés de richesses, et se dirigea vers la ville de Haran en Mésopotamie, où Nachor habitait. Gen., xxiv, 5, 9-10.

Arrivé aux portes de Haran, il fit plier les genoux à ses chameaux (hébreu) auprès d’un puits, pour le repos de la nuit. C’était le soir, à l’heure où les femmes ont coutume de sortir de la ville pour aller puiser de l’eau. Éliézer connaissait cet usage, commun en Orient, cf. Exod., Il, 16 ; I Reg., iv, 11, et que nos voyageurs modernes ont trouvé encore en vigueur à Haran même. Voir F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, 6 8 édit., t. i, p. 449-450. Cf. Cruche, col. 1137. Aussi la coïncidence de l’arrivée d’Éliézer avec celle des jeunes Syriennes qu’il rencontra au puits n’a-t-elle rien de fortuit, comme on le voit d’ailleurs par la prière qu’il adresse à Dieu, et dans laquelle il commence par déclarer que les jeunes filles de la ville vont venir puiser de l’eau. Il dit ensuite à Dieu : « Que la jeune fille à laquelle je dirai : Inclinez votre urne afin que je boive, et me répondra : Buvez ; je donnerai aussi à boire à vos chameaux, soit celle que vous avez préparée pour être l’épouse de votre serviteur Isaac. Ce sera à ce signe que je connaîtrai que vous avez fait miséricorde à mon maître. » Gen., xxiv, 11-14.

Quelque étonnante que puisse paraître cette demande adressée au Seigneur par un homme, il n’y faut point voir une sorte de tentation de Dieu ; c’est un acte de foi profonde, tel qu’on en rencontre du reste plusieurs dans ; l’histoire des Hébreux. Cf. Jud., vi, 36 ; I Reg., xiv, 9. Dieu lui-même a justifié ces hardiesses de la foi par l’heureux succès accordé aux vœux de ses serviteurs. En ce qui regarde Éliézer, à peine avaitil formé dans son cœur la prière que lui dictait son zèle pour le bonheur