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fines, avait fini par se trouver. hors d’état de défendre ses frontières et son indépendance. Une invasion, descendant le cours du Khoaspès, couvrit rapidement tout le bassin inférieur du Tigre et de l’Euphrate. Le roi d’Élam traversa la contrée en triomphateur, dévastant les campagnes, n’épargnant ni ville ni temple, emportant comme trophée la statue de la déesse Nanâ, qu’il enleva à Uruk et qu’il emprisonna au sanctuaire de Suse. Le souvenir de ce désastre resta gravé profondément au cœur des Chaldéens jusqu’au jour où, longtemps après, ils prirent une éclatante revanche en portant le fer et le feu dans la capitale de leurs ennemis séculaires. C’est le roi Assurbanipal qui, dans le récit d’une glorieuse campagne contre l’Élymaïde, nous raconte comment il trouva et réintégra dans son temple la statue qui « était dans le malheur depuis mille six cent trente-cinq ans ». Mais alors la Chaldée entière, et Bahylone elle-même, dut reconnaître la suprématie de l’envahisseur ; un empire susien l’absorba dont ses États furent les provinces et ses

idinnam est le nom du roi de Larsa (la tablette vient de Larsa-Senkeréh), qui fut détrôné par Kudur-Mabuk et Rimsin. Il fut sans doute remis au pouvoir par Hammurabi, roi de Babylone, après sa campagne contre le prince d’Ëmutbal (l’Élam occidental) et Rimsin, campagne qui est mentionnée, en dehors du texte que nous venons de citer, par les inscriptions des contrats de Tell-Sifr et Senkeréh. Cf. Revue biblique, Paris, t. v, 1896. p. 600-6M. On avait jusqu’ici identifié Kudur-Lagamar avec Kudur-Mabuk. Les monuments viennent de justifier la Bible en révélant le vrai nom du conquérant dont parle la Genèse dans son premier récit militaire. Gen., xiv. Dans cette campagne, les trois rois d’Élam, de Babylone. et de Larsa avaient été alliés ; car on reconnaît généralement Éri-Aku dans Arioch et Hammurabi dans Amraphel. Nous sommes à même de comprendre maintenant comment Chodorlahomor avait pu porter ses armes jusqu’à la Méditerranée. « L’ensemble des faits connus jusqu’à présent suggère l’idée d’un grand empire élamite, qui

540.’— Bataille d’Ulaï. Archers et chars de guerre des Élamites. Koyoundjlk. D’après Layard, Monuments

0/ Xïitevek, t. ii, pi. 45.

dynasties les vassales. Cette soumission résulte du titre d’Adda Martu, « souverains de l’Occident, » que prennent plusieurs princes élamites. C’est du reste ce qui explique comment ceux-ci purent étendre leur autorité par delà l’Euphrate, comme au temps de Chodorlahomor. La ville de Larsa paraît, d’après les monuments, avoir été la capitale du nouveau royaume. Après le départ de Kudur-Nanhundi, les vaincus s’appliquèrent à réparer le mal qu’il avait fait ; leur prospérité même attira à bref délai un second orage sur leur tête. Le roi tributaire voulut-il se soustraire à la suprématie des Élamites ? L’un des successeurs du Kudur-Nanhundi, SimtiSilhak, avait concédé la seigneurie d’Yamutbal en apanage à Kudur-Mabuk, l’un de ses enfants, qui se vante dans ses inscriptions d’avoir possédé toute la Syrie. Celui-ci détrôna le vassal et confia l’administration du royaume à Éri-Aku, son propre fils, qui, d’abord feudataire, puis associé à la couronne, puis seul maître après la mort de son père, épousa une princesse de sang chaldéen, et, après avoir régné en bon souverain, fut vaincu par Hammurabi, disparut enfin de la scène sans laisser de traces.

Eri-Aku avait demandé secours à son parent et suzerain Kudur-Lagamar, qui avait remplacé Simti-Silhak à Suse. Tous deux furent défaits. C’est ce qui ressort de certains documents et en particulier d’une inscription chaldéenne récemment découverte par le P. Scheil. Elle commence ainsi : « À Sinidinnam soit dit de Hammurabi : Les déesses du pays d’Emutbalim, je te les ai données comme prix de ta vaillance, au jour de la défaite de Ku-dur-la-ukh-ga-mar (Chodorlahomor). » Sin pesa quelque temps sur l’Asie antérieure, le même peut-être que les Grecs ont soupçonné vaguement et dont ils attribuaient la gloire au fabuleux Memnon. » G. Maspero, Histoire, t. ii, p. 47. Voir sur ces événements du chapitre xiv de la Genèse, F. Vigouroux, La Bible et les découvertes modernes, Paris, 6e édit., t. i, p. 481-504. II" Période. Démêlés avec la Chaldée et l’Assyrie. — A l’époque de NabuchodonosorI er, les Élamites arrachèrent à la Chaldée le Namar, dont les chevaux leur étaient précieux, et ce succès leur avait ouvert toutes les provinces situées sur la rive gauche du Tigre. Ils avaient même franchi le fleuve, pillé Babylone, emporté chez eux la statue de Bel et celle de la déesse Éria. Sous le coup des impitoyables exigences du vainqueur, le Namar se révolta. Plusieurs nobles se réfugièrent chez Nabuchodonosor, d’autres entamèrent avec lui des négociations secrètes et s’engagèrent à l’appuyer s’il s’armait pour les délivrer. Celui-ci envahit le Namar en plein été, dans une saison où les Élamites ne pensaient pas qu’il pût entrer en campagne. Il atteignit bientôt l’Ulaï. Le souverain d’Élam, pris au dépourvu, attendit le choc sur les bords de la rivière, en avant de Suse. Les Chaldéens finirent par avoir le dessus ; les Élamites renoncèrent à leurs prétentions sur la province envahie et restituèrent les statues divines.

Ummanigas ou Humbanigas régna de 733 à 716avant J.-C. Il fit alliance avec Mérodach-Baladan, roi de Babylone, contre Sargon, roi d’Assyrie. Mais celui-ci eut bientôt raison du roi d’Élam, dont il raconte la dé-