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ÉLAM


maïs. La contrée d’alluvions qui s’étale derrière les marais est aussi féconde et aussi riche que les alentours de Eabylone. Le froment et l’orge y rendaient autrefois cent et même deux cents pour un. Strabon, xv, p. 731. Les palmiers entouraient les villes d’une ceinture épaisse ; les sculptures assyriennes nous les montrent nombreux au temps d’Assurbanipal comme ils le sont encore aujourd’hui. L’amandier, le figuier, l’acacia, le peuplier, le saule, se serraient en bandes étroites au bord des rivières. Cf. E. Reclus, L’Asie antérieure, Paris, 1884, p. 167, 290-298 ; Maspero, Histoire ancienne, t. II, p. 30-32 ; Jane Dieulafoy, La Perse, la Chaldée, la Susiane, dans le Tour du monde, t. ii, p. 65-112 ; À Suse, dans la même revue, t. liv, p. 1-96 ; t. lv, p. 1-80 ; Layard, Description of the province of Khûzistân, dans le Journal of the Society of Geography de Londres, t. xvi, 1846, p. 1-105.

B38. — Élamite. Bas-relief du Louvre.

Dans le pays que nous venons de décrire vivaient de toute antiquité trois peuples dont les descendants persistent de nos jours, amoindris et mêlés à des éléments d’origine plus récente. Les sculptures assyriennes représentant des scènes de guerre dans la contrée d’Élam, montrent qu’un type négroïde très caractérisé prédominait dans cette population de sang mélangé. C’étaient des hommes trapus, robustes, bien pris dans leur petite taille, avec peau brune, œil et cheveux noirs (fig. 538). Ils se tenaient principalement sur les plages basses et dans le creux des vallées, où le climat humide et chaud favorisait leur développement ; mais ils étaient répandus aussi par la montagne jusqu’aux premiers plans du plateau iranien. Ils y entraient en contact avec une autre race de stature moyenne, a la peau blanche, probablement apparentée aux nations de l’Asie centrale et septentrionale. Cette seconde population est rattachée par quelques auteurs à la race dite sumérienne, que l’on trouve établie en Chaldée. Il y avait enfin des Sémites. « Les sculptures assyriennes… justifient l’écrivain biblique en attribuant à la plupart des chefs de tribus et des hauts fonctionnaires de la cour des rois de Suse un type de race tout à fait différent de celui des hommes du peuple, des traits qui sont, sans aucun doute possible, ceux des nations syroarabes (fig. 539). Il y avait donc eu dans le pays d’Élam, à une époque qu’il nous est impossible de déterminer, introduction d’une aristocratie se rattachant à la race de Sem, aristocratie qui avait rapidement adopté le

langage du peuple auquel elle s’était superposée, mais qui, ne se mélangeant pas avec les indigènes des classes inférieures, avait conservé fort intact son type ethnique particulier. C’est là ce que le document sacré désigne sous le nom d’Élam, fils de Sem. » F. Lenormant, Histoire ancienne de l’Orient, Paris, 1881, t. i, p. 281. L’existence d’une population sémite en Élam est encore prouvée par les noms des villes anciennes que nous citons plus bas, et dans lesquels les préfixes appartiennent bien aux langues sémitiques : Bit, « . maison ; » TU, « colline ; » Bàb, n porte. »

L’Élam constituait une sorte d’empire féodal, divisé entre nombre de tribus : les Habardîp, qui sont les anciens Mardes ou Amardiens, les Khapirti-Apirti des textes susiens et akhéménides, et habitaient le pays au nord-est de Suse ; les Hussi ou Ouxiens ; les gens d’Yatbûr et d’Yamûtbal, dans la plaine, entre les marais du Tigre et la montagne ; VUmlial, entre l’Uknù et le Tigre. Ces

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Élamite. Koyoundjik. British Muséum.

tribus étaient indépendantes les unes des autres, mais souvent réunies sous l’autorité d’un suzerain qui demeurait à Suse. Cette ville s’épanouissait dans l’espace compris entre l’Ulai et l’ididi, huit ou dix lieues en avant des premières rangées de collines. La forteresse et le palais s’étageaient sur les penchants d’un monticule qui commandait au loin la campagne. Voir Suse. Les autres cités étaient : Mataktu, la Badaka de Diodore, xix, 19, située sur l’Eulæos, entre Suse et Ecbatane ; Nagîtu, près du golfe Persique ; Til-H^mba, la « Motte-Humba », ainsi appelée d’après l’un des principaux dieux élamites, peut-être aux ruines actuelles de Boudbar ; Dûr-UndaH, identifiée, mais sans certitude, avec la forteresse de Kalai-Dis, sur le Dizfoul-Roud ; Khidalu, Bit-Imbi, Bâb-Dûri, Pillatu, etc. La plupart s’attribuaient le titre de cités royales. Cf. Frd. Delitzsch, Wo lag das Parodies ? p. 322-329.

III. Histoire. — L’histoire d’Élam nous vient presque entièrement de sources étrangères, c’est-à-dire assyriennes et chaldéennes.

, /* Période. Empire élamite. — Aussi loin qu’elles nous font remonter, nous rencontrons une dynastie élamite qu’on a appelée celle des Kudurides, à cause du premier élément, Kutir ou Kudur, du nom de plusieurs souverains. Vers l’an 2285 avant notre ère, le prince qui gouvernait ce pays était KudurNanl.iundi (déformation de Kutur-Nal.iunta, que donnent les inscriptions susiennes, et qui veut dire « Serviteur de la déesse Nahunta » ). Grâce à la cohésion de l’unité nationale, la puissance du royaume avait grandi dans l’ombre, tandis que la Chaldée, affaiblie par des dissensions intes II. - 52