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CANON DES ÉCRITURES


Machabées, etc. Voir t. i, col. 737. Saint Éphrem (-p379), le plus illustre écrivain de l’Église de Syrie, fait usage des livres deutérocanoniques.

Tels sont les témoignages des Pères de l’Eglise orientale. On s’est demandé si, en dehors des écrits des docteurs, les conciles d’Orient s’étaient occupés du canon de l’Ancien Testament. Plusieurs historiens croient que le célèbre concile de Nicée (325) promulgua un canon des Écritures, mais le fait n’est pas établi. Saint Jérôme, Prsef. in Judith, t. xxix, col. 39, dit expressément que ce concile « compta Judith au nombre des Écritures sacrées », ce qui semble indiquer qu’il dressa un catalogue des Livres Saints et que ce catalogue renfermait les deutérocanoniques. Cependant les paroles du saint docteur ne sont pas assez explicites pour trancher la question. Cassiodore semble supposer aussi l’existence de ce canon. De Inst. div. litt., 14, t. lxx, col. 1125 ; mais, quoiqu’on puisse l’admettre comme probable, un témoignage formel fait défaut. Voir Jean Chrysostome de Saint-Joseph, De canone Sacrorum Librorum constituto in magno Nicœno Concilio, Rome, 1742. — On possède un canon du ive siècle qui est connu sous le nom de Canou du concile de Laodicée (en Phrygie). L’authenticité en est contestée ; la date même à laquelle s’est tenu le concile est incertaine : Baronius le place en 314, Hefele entre 343 et 380, Pagi en 363, Hardouin en 372, etc. Le canon 60 qui lui est attribué ne contient que les protocanoniques de l’Ancien Testament. Mansi, Conc, t. ii, col. 574. lîickell a essayé d’en défendre l’authenticité dans les Theologische Studien und Kriliken ( Ueber die Echtheit des Laod. Bibelkanons, t. iii, 1830, p. 591). Ce qui rend ce canon suspect, c’est qu’on ne le trouve point dans les anciennes collections des Conciles. Voir A. Vincenzi, Sessio IV Concilii Tridenlini vindicata seu Introductio in Scripturas deutero-canonicas, 3 in-8°, Rome, 1842, t. i, p. -186-197 ; Malou, La lecture de la Bible en langue vulgaire, t. ii, p. 82 ; Herbst, dans la Theologische Quartalschrift de Tubingue, 1823, p. 43-45 ; Pitra, Juris eccle. Grsec. hist. et monum., t. ii, 1864, p. 503 ; et parmi les auteurs protestants, Spittler, Kritische Untersuchungen des 60. Laodic. Kanons, TU (Sâmmtliche Werke, t. viii, 1835, p. 66) ; Credner, Geschichte des Neutestamentlichen Kanon, Berlin, 1860, p, 217-220 ; B. F. Westcott, History of the Canon, 1855, p. 496-505 (édit. de 1881, p. 540) ; Zahn, Geschichte des N. T. Kanons, t. ii, p. 193. A. Boudinhon, Note sur le concile de Laodicée, dans le Congrès scientifique international des catholiques, 1888, t. ii, Paris, 1888, p. 420-427.

Le canon 85 des Apôtres, qui contient un catalogue semblable à celui de Laodicée, est apocryphe. Pair, gr., t. cxxxvii, col. 211. Il doit dater de la seconde moitié du IVe siècle.

2° Église d’Afrique. — Saint Augustin (354-430) est la gloire et la lumière de l’Église d’Afrique au IVe siècle. Dans son livre De Doctrina christiana, ii, 8, 13, t. xxxiv, col. 41, publié en l’an 397, il a inséré un canon des Livres Saints tout à fait conforme à celui du concile de Trente, et aussi aux trois célèbres conciles d’Afrique tenus de son temps et dont il fut l’àme, celui d’Hippone en 393, ceux de Carthage en 397 et 419. Voir le canon 39 du concile de Carthage de 397, dans Mansi, Conril., t. iii, col. 891.

A ces catalogues depuis longtemps connus, nous pouvons en ajouter un autre découvert depuis peu. 51. Mommsen a trouvé en Angleterre, dans la collection Phillips, à Cheltenham, pendant l’automne de 1885, un manuscrit du Xe siècle, qui porte le n » 12.266, et contient, entre autres choses, un canon de l’Ancien et du Nouveau Testament avec stichométrie. Il l’a publié dans V Hermès, Zeitschrift fur klassische Philologie, t. XXI, 1886, p. 144-146. Comme une note paraît fixer à ce catalogue la date de 359 de notre ère, il a une véritable importance. Il paraît être d’origine africaine, et l’omission de l’Epitre aux Hébreux, qui fut expressément admise, i

dans cette province, par le concile de Carthage tenu en 397, dont nous venons de parler, est un nouvel indice que ce canon est antérieur à cette époque. Voici le catalogue des livres de l’Ancien Testament :

. Incipit indiculum veteri (sic) testamenti qui sunt libri cannonici (sic).

Genesis versus fiÎDGCC [3800]

Exodus versus ÏÏÎ [3000]

Numeri versus m [3000]

Leviticum versus. ÎÏCCC [2300]

Deuteronomium versus ÏÏDCC [2700]

Ihû Nave versus MDCCL [1750]

Iudicum versus MDCCL [1750]

fiunt libri VII versus xvHfC [18100]

Rut versus CCL [250]

Regnorum liber I versus… ÎÏCCC [2300]

Regnorum liber II versus… ÎÏCC [2200]

Regnorum liber III versus… ÎÎDL [2550]

Regnorum liber IIII versus… ffCCL [2250]

fiunt versus VIÏÏÏD [9500]

Paralipomenon lib. I versus.. iïXL [2040]

Paralipomenon lib. II versus.. îîc [2100]

Machabeorum lib. I versus… ÏÎCCC [2300]

Machabeorum lib. II versus… MDCCC [1800]

lob versus MDCCC [1800]

Tobias versus DCCC [800]

Hester versus dcc [700]

Iudit versus mc [1100]

Psalmi Davitici CLI versus… v [5000]

Salomonis versus vîD [6500]

profetrc majores versus XVCCCLXX [15370] n° IIII

Ysaias versus TflDLXXX [3580]

Ieremias versus ÎÎÏTCCCCL [4450]

Daniel versus MCCCL [1350]

Ezechiel versus ÏTÏCCCXL [3340]

profetae XII versus ÏÏÏDCCC [3800]

erunt omnes versus n LXV1IIID [69500]

Sed ut in apocalypsis (sic) Iohannis dictum est : Vidi xxini seniores mittentes coronas suas ante thronum. Majores nostri probant, hos libros esse canonicos et hoc dixisse seniores.

Tel est ce catalogue, pour la partie relative à l’Ancien Testament. Nous le reproduisons d’après Erwin Preuschen, Analecta, Kùrzere Texte zur Geschichte deralten Kirche und des Kanons, in-8°, Fribourg-en-Brisgau, 1893, p. 138-139. Voir aussi Th. Zahn, Geschichte des Neutestam. Kanons, t. ii, p. 143-156, 1007-1012.

Ce catalogue paraît incomplet à première vue, mais il ne l’est qu’en apparence. Les deux livres d’Esdras n’y sont pas nommés ; c’est certainement par suite d’une distraction du scribe. La liste doit contenir, en effet, d’après la note finale, vingt-quatre livres, or elle n’en énumère que vingt-trois : Heptateuque, 7 ; Ruth, l ; Rois, 4 ; Paralipomènes, 2 ; Job, 1 ; Tobie, 1 ; Esther, 1 ; Judith, 1 ; les Psaumes, 1, Salomon, 1 ; les prophètes, 1 ; total : 23. Le livre oublié, le 24e, est Esdras I et II (qui ne comptait que pour un, comme dans un grand nombre d’anciens catalogues, où le livre de Néhémie (II Esdras) ne fait qu’un avec I Esdras). Quant au livre appelé « de Salomon », le canon de Cheltenham désigne par là les cinq livres sapientiaux, que plusieurs anciens catalogues rangent indistinctement sous le nom de Salomon, parce qu’il est l’auteur de la plupart d’entre eux. La preuve qu’il en est bien ainsi dans le cas présent nous est fournie par la somme des versets, qui est de mille cinq cents, total des cinq livres. Sur ces chiffres, voir C. H. Turner, The Old Testament Stichometry, dans les Studia biblica, t. iii, Oxford, 1891, p. 306. Le chiffre des vingt-quatre livres de l’Ancien Testament rapproché de celui des vingt-quatre vieillards de l’Apocalypse, lv, 10, qu’on retrouve dans beaucoup de Pères, fut sans doute primitivement un procédé mnémotechnique pour se rap-