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ÉGYPTIENNE (LANGUE) — ÉGYPTIENS (ÉVANGILE DES)


binaison de la racine verbale des pronoms personnels et des verbes auxiliaires : au, « être ; » tu, « être ; » un ( id.) ; àr, « faire, » où il y a à noter que le pronom personnel est quelquefois répété après l’auxiliaire et après la racine du verbe principal, par exemple : àu-à, àri-à, « je fais ; » àu-k, àri-k, « tu fais, » etc. — Aux verbes auxiliaires on peut ajouter aussi des prépositions et très souvent hir (sur), par exemple : àu-f hir djed en-f, « il fut sur dire à lui » (il lui dit). — Le temps du verbe égyptien peut être considéré toujours comme un aoriste ou indéfini qui est capable d’exprimer le présent, le passé et le futur. De cette manière, mer-à veut dire « j’aime, j’aimerai » et « j’ai aimé ». — Néanmoins il y a des marques spéciales pour distinguer les temps, et on peut dire en général que la particule en est la marque du passé, et la particule er est celle du futur, par exemple : au-à en mer, « j’ai aimé ; » au-à er mer, « j’aimerai. » — Enfin le verbe passif est formé avec l’auxiliaire tu, par exemple : mertu à, « je suis aimé. »

3° Particules. — 1. Voici quelques adverbes entre les plus usuels : àm, « là ; » hir, « dessus ; » kher, « dessous ; » djet, « toujours ; vmati, « pareillement. » — 2. La conjonction est henâ, « et. » — 3. La négation est an, « non. »

Bibliographie. — Th. Benfey, Ueber dos Verhâltniss der âgyptischen Sprache zum semitischen Sprachstamm, in-8°, Leipzig, 1844. — Comme grammaires, on peut citer : E. de Rougé, Chrestomathie égyptienne, 4 in-4°, Paris, 1867-1876 ; H. Brugsch, Grammaire hiéroglyphique, in-4°, Leipzig, 1872 ; Rossi, Grammatica copto-geroglifica, Turin, 1878 ; Loret, Manuel de la langue égyptienne (grammaire, tableau des hiéroglyphes, textes et glossaire), Parjs, 1889. — Dictionnaires : H. Brugsch, Hieroglyphisch-detnotisches Wôrterbuch, 7 in-4°, Leipzig, 1867-1882 ; P. Pierret, Vocabulaire hiéroglyphique, in-8°, Paris, 1875 ; S. Levi, Vocabolario geroglifico copto-ebraico, 7 in-f°, Turin, 1887-1889. H. Marucchi.

3. ÉGYPTIENNES ( VERSIONS j DE LA BIBLE. Voir

Coptes (versions) de la. Bible.

4. ÉGYPTIENS (ÉVANGILE DES). L’Évangile selon les Egyptiens, EùafréXtov iat’Aîyu « tîo - JÇ, est un évangile apocryphe, qui est signalé par les écrivains ecclésiastiques anciens, mais dont nous ne possédons que quelques fragments. Saint Épiphane écrit, Hxr., lxii, 2, t. xli, col. 1052 : « L’erreur des sabelliens et l’autorité de leur erreur est puisée par eux dans certains apocryphes, surtout le prétendu évangile égyptien, ainsi que quelques-uns l’ont nommé : dans cet évangile se rencontrent maintes maximes semblables [au sabellianisme ], soi-disant énoncées en secret et mystérieusement par le Sauveur enseignant ses disciples : par exemple, que le Père est le même que le Fils et le même que le Saint-Esprit. » L’auteur des Philosophoumena, v, 7, t. xvi, col. 3130, écrit des gnostiques naasséniens : « Ils enseignent que l’àme est insaisissable et inintelligible : car elle ne demeure pas en la même figure ou la même forme toujours… ; et ces transformations diverses, les naasséniens les trouvent exprimées dans l’évangile qui s’intitule Évangile selon les Égyptiens. » Origène, Homil. i* in Luc, t. xiii, col. 1803 : « L’Église a quatre Évangiles, les hérésies plusieurs, parmi lesquels un est intitulé selon les Égyptiens. » Clément d’Alexandrie surtout connaît et cite un même passage de ce faux évangile à maintes reprises, Strom., iii, 6, 9, 13 ; Excerpta ex Theod., 67, t. viii, col. 1149, 1165, 1192 ; t. ix, col. 689 ; il le donne comme une autorité chère aux encratites, pour la parole que cet évangile prêle au Sauveur sur la continence, et dont les encratites tirent la condamnation du mariage. —Ainsi au n « siècle l’Évangile des Égyptiens circulait dans les milieux gnostiques et encratites. Le

passage mentionné par les Philosophoumena fait penser que cet évangile ne répugnait pas à la métempsycose ; le passage mentionné par saint Épiphane, qu’il préludait au monarchianisme modaliste ; le passage cité par Clément, qu’il abondait dans la morale rigoriste et antipénitentielle. Ces trois passages, tout ce qui nous reste de sûr de l’Évangile des Égyptiens, ont été souvent reproduits : on les trouvera au mieux dans E. Nestlé, Novi Testamenti grxci supplementum, Leipzig, 1896, p. 72-73. Clément d’Alexandrie, dont le canon est si peu sûr, Revue biblique, 1895, p. 630, n’exprime aucune réserve sur l’autorité attribuée par les encratites à l’Évangile des Égyptiens ; il n’est même pas prouvé que Clément cite Cet évangile directement, et l’on peut penser que l’unique passage qu’il produit est pris par lui à l’encratite Cassianos. On a voulu retrouver l’Évangile des Égyptiens, mis au rang des Écritures canoniques, dans le morceau que l’on désigne sous le titre de seconde Épltre de saint Clément Romain, et qui est sans doute une homélie romaine datant de 150 environ. L’auteur a connu l’Évangile des Égyptiens ; il cite, en effet, une parole qu’il attribue au Sauveur, et cette parole est précisément celle que Clément d’Alexandrie rapporte d’après Cassianos comme empruntée à l’Évangile des Égyptiens. Il est à noter que la Secunda démentis attribue cette parole au Sauveur, sans exprimer qu’elle soit prise à une écriture quelconque. — Mais il y a dans la Secunda démentis d’autres citations de paroles du Christ : trois sont prises dans les Synoptiques textuellement, d’autres sont des citations infiniment plus libres, trois sont tenues par des critiques comme Hilgenfeld, Lightfoot, Harnack, pour des emprunts faits à l’Évangile des Égyptiens. — 1° « Le Seigneur dit : Si vous êtes avec moi réunis dans mon sein, et si vous n’observez pas mes préceptes, je vous rejetterai et vous dirai : Retirez-vous de moi, je ne sais d’où vous êtes, artisans d’iniquité. » IV, 5. — 2° « Le Seigneur dit : Vous serez comme des brebis au milieu des loups. Et Pierre répondant lui dit : Et si les loups déchirent les brebis ? Jésus répondit à Pierre : Que les brebis ne redoutent point les loups après leur mort : et vous ne redoutez point ceux qui vous tuent et après ne vous peuvent plus rien faire ; mais redoutez celui qui, après que vous serez morts, a pouvoir sur votre âme et sur votre corps, et vous peut jeter dans la géhenne du feu. » v, 2-4. — 3° « Le Seigneur dit dans l’Évangile : Si vous n’observez pas le petit, qui vous donnera le grand ? Je vous dis : Qui est fidèle dans le moindre sera fidèle dans l’important. » viii, 5. — Le fait que ces trois textes proviendraient de l’Évangile des Égyptiens est « supposé avec une haute vraisemblance », nous assuret-on (Harnack), et cette « haute vraisemblance » tient uniquement à ce que l’on trouve dans la Secunda démentis un emprunt à ce même évangile. À quoi nous répondons : 1° Il n’est pas établi que l’auteur de la Secunda démentis ait eu en mains l’Évangile des Égyptiens, cité par Clément d’Alexandrie d’après l’encratite Cassianos, et il est plus vraisemblable qu’il rapporte le même propos que Cassianos, mais de mémoire et comme un propos courant : la preuve en est que l’auteur de la Secunda démentis^ interprète le propos en question en un sens qui n’est nullement encralite, c’est-à-dire qui n’est nullement celui du propos même, et qu’il l’attribue à Jésus parlant à un personnage innommé, tandis que Cassianos l’attribue à Jésus parlant à Salomé. — 2° Il n’est pas établi même comme vraisemblance que les trois propos ci-dessus doivent appartenir à l’Évangile des Égyptiens : le premier dépend pour sa majeure part de saint Luc, xin, 27 ; le second de saint Matthieu, x, 28, et de saint Luc, x, 3 ; le troisième de saint Matthieu, xxv, 21-23, et de saint Luc, xvi, 10. Et si quelques traits, comme « Si vous êtes avec moi réunis dans mon sein… Et si les loups déchirent les brebis… », peuvent faire penser à un évangile apocryphe, l’idée que l’âme et le corps sont ensemble