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ÉCONOME — ÉCRITURE

que l’économe dilapidait ses biens, lui ordonna de rendre ses comptes et lui signifia que sa charge allait lui être ôtée. L’économe, habitué à commander et à être bien traité, réfléchit sur sa situation et conclut qu’il ne pourrait se faire ni au travail des champs ni à la mendicité. Il résolut en conséquence de se ménager des amis parmi les débiteurs de son maître. Il les appela donc les uns après les autres, prit leurs créances et leur en fit substituer de nouvelles, dans lesquelles le montant des dettes était considérablement diminué. Aussi peu scrupuleux que l’économe, les débiteurs se prêtèrent à cette opéralion malhonnête, qui servait si bien leurs propres intérêts, et les disposait à accueillir chez eux l’économe, quand celui-ci aurait quitté la maison de son maître. La prudence de cet économe est louée dans l’Évangile, sans qu’on puisse déterminer si le « maître » qui formule cet éloge est le maître de la maison ou NotreSeigneur lui-même. La seconde hypothèse paraît plus probable, car les débiteurs durent garder pour eux le secret de ce qui s’était passé, sous peine de s’exposer aux revendications du maître. Il est évident que ce qui est loué par Notre-Seigneur, ce n’est pas la malhonnêteté de l’économe, qu’il range lui-même parmi « les fils de ce siècle » ; mais son habileté, offerte en exemple aux « fils de la lumière ». Cette parabole rappelait aux auditeurs du divin Maître un fait qui ne devait pas être absolument exceptionnel. La tentation de s’enrichir aux dépens d’un propriétaire opulent était trop forte pour que, même chez les Juifs de cette époque, on n’y succombât pas de temps à autre. — Tous les économes ne ressemblaient pas à celui de la parabole. Il y avait aussi « le serviteur fidèle et prudent que le maître a préposé à sa famille pour lui fournir la nourriture au temps voulu ». Matth., xxiv, 45. En récompense de sa fidélité, cet économe est mis à la tête de tous les biens de son maître. Luc, xii, 42, 44. Cf. Luc, xiv, 17, 23. — 3° Le trésorier de certaines villes grecques portait le titre de otxovd(io ;. Un disciple de saint Paul, nommé Éraste, était « économe » (Vulgate : arcarius) de Corinlhe. Rom., xvi, 23. — 4° Par une belle image, les Apôtres et les chrétiens qui annoncent l’Évangile sont appelés, I Cor., iv, 1 : oîxovôiiot |ui<JTïip ! uv ©soO, « les administrateurs des mystères divins. » Dans l’Épître à Tite ; I, 7, l’évêque est qualifié oîxov6|ioç 0eoG, « l’économe de Dieu. » Saint Pierre recommande aux fidèles d’être de « bons économes des multiples grâces de Dieu », xotvo oixov<S|*ot itoixiAï]C z » P"o « @eoû. I Petr., IV, 10.

H. Lesêtre.
    1. ÉCRITOIRE##

ÉCRITOIRE (de scriptorium, chambre ou meuble à écrire ; hébreu : qését), petite boîte portative dans laquelle on met les ustensiles nécessaires à écrire, l’encre, les calâmes ou roseaux et le canif. L’écritoire comprenait deux

517. — Scribe égyptien avec son ccritoire. Tbcbos. D’après Wilkinson, llanntrs, t. ii, p. îsr.

compartiments : un vase contenant l’encre et un étui pour les roseaux et le couteau. Elle différait donc de Vencrier, qui peut être renfermé dans l’écritoire ou en être isolé. Les scribes égyptiens se servaient de palettes en bois, en ivoire ou en pierre, dans lesquelles étaient creusés des godets pour détremper l’encre sèche (voir

fig. 17, col. 51), et aussi de petits vases contenant de l’encre noire et de l’encre rouge (fig. 517). L’écritoire n’est mentionnée qu’une fois dans la Bible. Le prophète Ézéchiel, ix, 2-11, vit sept anges que le Seigneur envoyait châtier Jérusalem. L’un d’eux, vêtu comme les scribes, portait à la ceinture le qését hassôfêr. Le Seigneur lui ordonna de passer au milieu de la ville et de marquer d’un (av (voir col. 1131) le front des pieux Israélites qui devaient échapper au carnage de leurs concitoyens. Étymologiquement, le qését paraît désigner exclusivement l’encrier, la fiole qui contient l’encre ; mais il pouvait fort bien, en vertu de l’usage, signifier l’écritoire. Les Septante avaient lu un autre mot et avaient traduit îwvt) aampefpou, « une ceinture de saphir. » Aquila, dans la première édition de sa version, et Théodotion avaient transcrit en caractères grecs le mot hébreu qu’ils ne comprenaient pas, xi(rru Ypau.u, aTé{. Aquila traduisit dans sa seconde édition |i£).avo80-/£ ; ov ypa<fiu>i, et Symmaque tcivoxJSiov Ypapéoi ;. Un Juif, interrogé par Origène, lui dit que le xiuru d’Aquila et de Théodotion correspondait au x « Xou.âpiov

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518. — Écritoire orientale moderne, en cuivre.

ou écritoire des Grecs. Selecta in Ezech., vii, 2, t. xiii, col. 800 ; Hexapl., Ezech., ix, 2, t. xvi, col. 2451-2455. Saint Jérôme a traduit atramentarium, « encrier. » Le saint docteur savait cependant que beaucoup de commentateurs donnaient à ce passage d’Ézéchiel un sens plus précis, et entendaient le qéséf de l’écritoire, « thecae scribentium calamorum. » In Ezech., 1. iii, t. xxv, col. 86-87. On a découvert à Pompéi des encriers en terre cuite ou en bronze, ordinairement munis d’un couvercle. Parfois deux encriers étaient soudés : l’un contenait l’encre noire, l’autre l’encre rouge. Ces objets ont souvent une anse ou un anneau, qui permet de les pendre à la ceinture. Voir fig. 20, col. 53. Aujourd’hui encore, les écrivains do profession en’Orient portent toujours appendu à leur ceinture un tube de métal (fig. 518) ou d’ébène, qui renferme le roseau et l’encrier. — Dans le Nouveau Testament, il est plusieurs fois question d’encre ; mais l’écritoire n’est pas nommée. Voir Encre.

E. Mangenot.

1. ÉCRITURE, ÉCRITURE SAINTE, c’est-à-dire écriture par excellence, un des noms par lesquels on désigne les « écrits » inspirés qui composent l’Ancien et le Nouveau Testament. L’origine de cette expression se trouve dans les livres de l’Ancien Testament postérieurs à la captivité de Babylone. L’auteur des Paralipomènes désigne les prescriptions de la loi en disant kakkâtûb, « comme il est écrit, » ce que les Septante traduisent : xotà Trp ypocç-rçv, rcapà Tiyv çpaç-rçv, « selon l’Écriture ». II Par., xxx, 5, 18. La même locution se lit dans Esdras et dans Néhémie. I Esdr., iii, 4 ; II Esdr., viii, 15. De là l’usage d’en appeler à l’autorité des livres inspirés par la formule ylYp « 7rt « t, Matth., iv, 4, 6 ; x, 21, etc. ; xa6ù> ; yÉ-ypatTat, Bom., i, 11 ; ii, 24, etc., ce qui est la traduction de l’hébreu kakkâtûb, et d’appeler simplement ces livres par antonomase l’Écriture. Les écrivains du Nouveau Testament nomment l’Ancien » i Tpaipri, Scriptura, Joa., vii, 38 ; x, 35 ; Act., viii, 32 ; Rom., iv, 3 ; ix, 17 ; Gal., iii, 8, 22 ; iv, 30 ; II Tim., iii, 16 ; Jac, ii, 8 ; I Petr., ii, 6 ; II Petr., i, 20 ; al rpocçai’, Scriptural, Matth., xxi, 42 ; xxii, 29 ; xxvi, 54 ; Marc, xii, 24 ; xiv, 49 ; Luc, xxiv, 27, 45 ; Joa., v, 39 ; Act., xvii, 2, 11 ; xviii, 21, 28 ; I Cor., xv, 3, 4 ; Tpaça’i âfi », Scriptwrat Sanctse, Rom.,