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ÉCOLE — ÉCOLES DE PROPHÈTES

Lui-même ouvrit une école rivale de Schammaï et la laissa à ses successeurs. Son fils Siméon et son petit-fils Gamaliel y enseignèrent. Saint Paul étudia la Loi aux pieds de ce dernier. Act., xxil, 3. Ces écoles furent continuées après la ruine de Jérusalem par l’école rabbinique de Tibériade, dont nous n’avons pas à nous occuper ici. Cf. E. Stapfer, La Palestine au temps de Jésus-Christ, Paris, 1885, p. 138-139, 285-296 ; Trochon, Introduction générale, Paris, 1887, t. ii, p. 681-687 ; B. Strassburger, Geschichte der Erziehung und des Unlerrichts bei den Israeliten, in-8°, Stuttgart (1885), p. 1-91.

III. École grecque.

Il est question accidentellement dans les Actes, xix, 9, d’une école, σχολή, de la ville d’Éphèse, qui est désignée comme l’école d’un certain Tyrannus. Il s’agit probablement d’une maison ou d’une salle où l’on donnait des leçons (fig. 516). Saint Paul, ne voulant plus prêcher l’Évangile dans la synagogue des Juifs d’Éphèse, à cause de leur endurcissement, continua ses prédications dans l’école de Tyrannus. Voir ce mot.

E.Mangenot.


2.ÉCOLES DE PROPHÈTES. On appelle de ce nom, qui n’appartient pas à l’Écriture et qui est assez impropre d’ailleurs, des associations religieuses que formèrent les prophètes Samuel, Élie et Elisée, et sous lesquelles ils groupèrent un certain nombre de membres ou de disciples. On s’est fait souvent une idée fausse ou exagérée de ces associations. Il importe donc de distinguer nettement les renseignements certains qui nous sont parvenus sur leur existence et leur histoire, et les hypothèses que les exégètes ont faites sur leur nature et leur organisation.

I. Leur existence et leur histoire.

1° Les Livres Saints ne font allusion à cette institution qu’incidemment, et ils ne racontent pas son origine. La première mention qui en est faite se lit I Reg., x, 5, 6, 10-13. Samuel venait d’oindre Saül. Parmi les signes d’élection divine qu’il donne au nouveau roi, il lui annonce qu’il rencontrera à Gabaa une troupe (hébreu : ḥébel, « bande, file ; » Septante : χορός, « chœur ; » Vulgate : grex) de prophètes, qui descendraient de la hauteur où ils habitaient et qui chanteraient avec accompagnement d’instruments de musique. Les événements s’accomplirent comme Samuel l’avait prédit. L’Esprit du Seigneur se saisit de Saül, qui se mit à prophétiser avec les prophètes. Les habitants de Gabaa s’étonnèrent d’un changement si soudain et dirent : « Qu’est-il donc arrivé au fils de Cis ? Saül est-il devenu prophète ? » D’autres repartirent : « Les prophètes héritent-ils de leur père ? » voulant dire que la fonction prophétique n’est pas héréditaire et que Dieu en investit qui il veut, Saül aussi bien que d’autres. Et dès lors la formule : « Saül est-il aussi parmi les prophètes ? » devint une locution proverbiale.

Saül revint une seconde fois dans l’assemblée des prophètes (lahäqâh, ἐκκλησία, cuneus), à Ramatha, pour y poursuivre David. Le fugitif s’était réfugié auprès de Samuel, qui l’emmena dans les habitations rustiques, nâyôṭ, dans lesquelles étaient réunis ses disciples. Le roi y envoya des émissaires pour prendre son gendre. Mais ceux-ci, à la vue d’une assemblée de prophètes qui prophétisaient sous la direction de Samuel, furent saisis de l’Esprit du Seigneur et se mirent aussi à prophétiser. Le même effet se produisit deux autres fois sur de nouveaux émissaires de Saül. Ce dernier y vint en personne, et, saisi à son tour de l’Esprit divin, il se dépouilla de ses vêtements royaux, prophétisa avec les autres devant Samuel, et demeura nu par terre tout le jour et toute la nuit. Cette circonstance donna une nouvelle signification au proverbe : « Saül est-il donc aussi devenu prophète ? » I Reg., xix, 18-24.

On a conclu de ces renseignements que Samuel avait été le fondateur de ces réunions de prophètes. On sait que, lorsqu’il était enfant, la parole de Dieu était rare et que Dieu ne se manifestait pas clairement. I Reg., iii, 1. Comme dans son âge mûr il a autour de lui des prophètes en grand nombre, il en résulte qu’il peut passer avec vraisemblance pour l’instigateur de ces assemblées de prophètes, dont nous déterminerons plus loin la nature. Nous ignorons si des colonies semblables existaient ailleurs et si celle de Ramatha s’est perpétuée. On a présupposé, malgré le silence des Livres Saints, qu’elle avait persévéré jusqu’au temps d’Élie, où il est de nouveau question de réunions de prophètes. Il est permis aussi de penser qu’après avoir disparu ces associations furent alors rétablies.

2° A la seconde période de leur histoire, elles reparaissent incidemment encore dans les récits bibliques, qui en parlent comme d’une institution établie et connue, mais sous le terme nouveau de réunions de « fils de prophètes ». Comme l’expression « fils » a le sens de « disciple », l’usage s’est introduit de désigner ces assemblées par le nom d’« écoles de prophètes ». Quand l’impie Jézabel faisait mourir les prophètes du Seigneur, Abdias, l’intendant de la maison d’Achab, cacha cent « fils de prophètes », en les plaçant par groupes de cinquante dans les cavernes du pays, et leur donna la nourriture nécessaire. III Reg., xviii, 4 et 13. Voir t. 1, col. 23. Les autres périrent par le glaive. Élie pouvait donc se dire seul en présence des quatre cent cinquante prophètes de Baal. III Reg., xviii, 22, et xix, 10 et 14. On pense qu’il était le chef des fils de prophètes tués ou cachés.

La persécution finie, ceux qui avaient échappé sortirent de leur retraite, et au moment de l’enlèvement d’Élie, leur maître, nous les retrouvons réunis à Béthel et à Jéricho. Ils savaient la disparition prochaine du prophète, et ils l’annoncèrent à son disciple Elisée. Cinquante de ceux qui habitaient Jéricho furent témoins de l’enlèvement d’Élie, et ils reconnurent Elisée comme leur chef. IV Reg., ii, 3-7, 15-18. Leur histoire sous son gouvernement est tout épisodique. La femme de l’un d’eux, après la mort de son mari, eut recours à Elisée, qui multiplia l’huile pour payer les dettes du défunt. IV Reg., iv, 1-7. Ceux qui demeuraient à Galgala eurent à souffrir de la famine, et se crurent empoisonnés pour avoir mangé des coloquintes, que le cuisinier de la communauté avait cueillies dans les champs. Elisée enleva l’amertume du potage en y mélangeant un peu de farine. IV Reg., iv, 38-41. Voir col. 859. Ces fils de prophètes étaient au nombre de cent. IV Reg., iv, 43. Giézi demanda à Naaman un talent d’argent et deux vêtements de rechange pour deux jeunes disciples des prophètes, qui venaient d’arriver des montagnes d’Éphraïm. IV Reg., v, 22. Un jour les fils des prophètes dirent à Elisée : « Vous le voyez, le lieu que nous habitons avec vous est trop petit pour nous ; allons nous bâtir une maison auprès du Jourdain. » Ils y allèrent, et c’est en travaillant que l’un d’eux laissa tomber dans le fleuve sa hache, qu’Elisée fit surnager. IV Reg., vi, 1-7. Ce prophète chargea un de ses disciples d’oindre Jéhu, roi d’Israël. IV Reg., ix, 1-10. De ces textes isolés on a conclu que les fils des prophètes vivaient en communauté, et qu’ils avaient à Galgala, à Béthel, à Jéricho et sur les bords du Jourdain, des centres où ils se trouvaient cent ou au moins cinquante. Comme, pour justifier sa mission divine, Amos répond à Amasias qu’il n’est ni prophète ni fils de prophète, mais un simple berger, vii, 14, on a pensé que les écoles de prophètes existaient encore de son temps (804-799). Trochon, Les petits prophètes, Paris, 1883, p. 181. On ignore quand et comment elles disparurent.

II. Leur nature et leur organisation.

1° Les anciens commentateurs à la suite des Pères, saint Jérôme, Epist. Lviii ad Paulinum, n° 5, et cxxv ad Rusticum monachum, n° 7, t. xxii, col. 583 et 1076 ; Cassien, De cœnobiorum instituits. l. i. c. ii, et Collatio xviii, c. vi, t. un, col. 61 et 1101 ; saint Isidore, De ecclesiastiers officiis, 1. ii, c. xvi, t. lxxxiii, col. 794, tenaient généralement les communautés de prophètes pour de véri-