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    1. ECCLÉSIASTIQUE##

ECCLÉSIASTIQUE (LE LIVRE DE L’)

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doit se comporter dans les diverses situations où il se trouve et éviter le péché. — xxiv, 1-xxxvi, 16. La sagesse, la Loi, et les rapports de l’auteur avec la première. Proverbes, développements et avis sur la conduite de l’homme au point de vue social. — xxx, 28-xxm, 11 ; xxxvi, 16 b -22 (d’après le grec). La conduite sage et juste de l’homme. Le Seigneur et son peuple. — xxxvi, 23- xxxix, 11. Avis et exhortations sur les rapports sociaux. — xxxix, 12-xui, 14. La création et la place que l’homme y occupe. — Comme on le voit, la plupart des subdivisions de cette première partie rentrent les unes dans les autres ; il est impossible qu’il en soit autrement avec un livre tel que l’Ecclésiastique.

2° La secondé partie forme, au contraire, un tout complet parfaitement ordonné, consacré à l’éloge des œuvres divines, xlii, 15-XLlll, et au panégyrique des ancêtres d’Israël. Le plan de l’auteur est facile à suivre. Dans l’hymne au Créateur, Ben Sirach commence par célébrer la grandeur de Dieu et de ses attributs, xlii, 15-25 ; puis il passe en revue les principales merveilles de la création : le soleil, xliii, 1-5 ; la lune, 6-8 ; les étoiles, 9-10 ; l’arc-en-ciel, 11-12 ; la neige, les nuages, la grêle, la tempête, le tonnerre, 13-22 ; la mer et les lies, 23-25 ; il termine en déclarant que ce dont il vient de parler n’est rien en comparaison de ce qu’il ignore. — Dans l’éloge des ancêtres et après un assez long préambule, xuv, 1-15, l’auteur parle successivement d’Enoch, 16 ; de Noé, 17-18 ; d’Abraham, 19-21, d’Isaac, 22, et de Jacob, 23 ; de Moïse, xlv, 1-5, d’Aaron, 6-22, et de Phinées, 23-26 ; de Josué, xlvi, l-#, et de Caleb, 9-12 ; de Samuel, 13-20 ; de Nathan, xlvii, 1 ; de David, 2-1 1 ; de Salomon, 13-25 ; d’Élie, xlviii, 1-11, et d’Elisée, 12-16 ; d’Ézéchias et d’Isaïe, 17-25 ; de Josias, xlix, 1-5 ; de Jérémie, 6-7 ; d’Ézéchiel, 8-9 ; des douze petits prophètes, 10 ; de Zorobabel, 11 ; de Josué fils de Josédec, 12 ; de Néhémie, 31, et de Simon fils d’Onias, ii, 1-21. Les f$. 22-20 sont comme l’épilogue de l’éloge des ancêtres : c’est une invitation à bénir Dieu pour toutes les merveilles qu’il a opérées dans son peuple. Suit la première conclusion de tout le livre, 27-29, et le cantique final additionnel du chapitre u.

XL Doctrine de l’Ecclésiastique. — On peut caractériser d’un mot la doctrine de l’Ecclésiastique : Ben Sirach est avant tout traditionnel. C’est la vieille doctrine juive sur Dieu, sur l’homme, sur les destinées d’outre-tombe, qu’il nous transmet. Il est étranger aux développements qui s’étaient accomplis dans les idées juives en certains milieux, particulièrement à Alexandrie. Les progrès que l’on peut constater en comparant son livre avec ceux de l’ancienne littérature hébraïque ne portent que sur quelques points spéciaux.

1° Dieu. — 1. Le monothéisme de Ben Sirach dérive en droite ligne de celui du Pentateuquè, des prophètes et des sages. Dieu est un, et il n’y a pas d’autre Dieu que Jébovah, xxxvi, 5. Il existe en dehors du monde ; il est absolu, éternel, parfait, xviii, 1-5, 8, 14 ; ses attributs de toute-puissance et de bonté, de justice et de miséricorde, sont décrits comme dans les anciens livres de la Bible, xvi, 13-20. — 2. Ben Sirach en ditil davantage sur la nature divine ? Est-il initié à la conception de la pluralité des personnes divines en une seule nature ? 11 ne le paraît pas : le texte de Eccli., i, 9, « [Dieu] lui-même l’a créée (la sagesse) dans l’Esprit-Saint, » si clair en faveur de la Trinité elle-même, n’est que dans le latin ; le texte de Eccli., li, 14 : « J’ai invoqué le Seigneur, père de mon Seigneur », n’est pas sans difficulté aux yeux de la critique. Toutefois par ce qu’il dit de la sagesse, Ben Sirach nous fait faire un grand pas vers la doctrine du Logos et de sa génération éternelle. — 3. Par rapport au monde, Dieu en est le créateur. xviii, l-5. D’une parole il a produit tous les êtres ; la création est la manifestation de sa toute-puissance et de sa sagesse, xvi, 23-31 ; tous les êtres sont bons et utiles en leur temps. xxxix, 39. Après avoir créé le monde, Dieu le conserve

et le dirige : la création se continue par la Providence. xli, 19-20.

2° L’homme. — Créé lui aussi par Dieu et à son image, l’homme est le prince de la nature, xvii, 1-5. Il est doué d’intelligenCe et de science : Dieu lui a fait connaître la grandeur de ses œuvres, afin qu’il pût célébrer son saint nom. xvii, 6-8. Mais les jours de l’homme sont comptés, et toutes ses voies sont sous les yeux du Seigneur, xvii, 10-13. L’homme est libre et peut choisir entre le bien et le mal, xvi, 14-21 ; mais Dieu est juste à son égard, quoiqu’il reçoive avec miséricorde celui qui revient à lui. xvii, 16-28. Ben Sirach connaît d’ailleurs ce qui est raconté du premier couple humain dans Gen., ni ; il sait que de 1° femme nous sont venus tous les maux, xxv, 33. — L’auteur dit très peu de chose sur les destinées de l’homme. La récompense terrestre occupe la place principale, on pourrait dire unique, dans l’Ecclésiastique comme dans les anciens livres de la Bible, xiv, 22- xv, 6 ; xvi, 1-14. La mort n’a le caractère de récompense ou de châtiment qu’en tant qu’elle est calme pour le juste ou qu’elle vient le délivrer de maux plus terribles que la mort même, xli, 3, 4, tandis que pour le pécheur elle le surprend au beau milieu de la vie, alors qu’il croit ses plaisirs éternels, ix, 16-17. Quant au scheol, c’est toujours le séjour morne et triste où l’on ne loue pas Dieu, xvii, 27-28.

3° Israël. — Dieu s’occupe de tous les hommes et de tous les peuples ; il donne un roi à chaque nation. Mais Israël a une place à part ; il est le peuple choisi, xxiv, 12-16. Au moment où Ben Sirach écrit, le peuple de Dieu est humilié, avili sous le joug étranger. Mais le Sage espère en des jours meilleurs : Dieu, qui a châtié Israël, se montrera à nouveau son protecteur, et bientôt il le délivrera de ses ennemis, xxxvi, 1-19. Le prophète Élie aura une place à part dans cette restauration : c’est lui qui apaisera la colère du Seigneur, lui qui affermira la paix, xlviii, 10. C’est uniquement par cette espérance de la restauration d’Israël que Ben Sirach touche à l’idée messianique : en nul endroit il ne parle directement du Messie.

4° La sagesse. — 1. Comme le livre des Proverbes, l’Ecclésiastique donne une très grande place à la doctrine de la sagesse ; et à cet égard Ben Sirach est en progrès sur les auteurs qui l’ont précédé. La sagesse a son origine en Dieu ; elle vient du Seigneur et demeure avec lui à jamais, i, 1. Elle est éternelle ; elle a été produite la première de toutes choses, avant le temps, dès le commencement, dès l’éternité. I, 4. Venue de Dieu et demeurant en Dieu, la sagesse se manifeste en toutes les œuvres divines ; Dieu l’a répandue sur toute la création. I, 9. Quant à l’homme, Dieu la lui communique ; il l’a répartie à ceux qui l’aiment et ils en retirent d’immenses avantages : la sagesse, qui produit en eux la crainte du Seigneur, réjouit leur cœur, leur assure une longue vie et une fin tranquille, i, 10-13. Toutefois c’est en Israël surtout que la sagesse fixe son séjour, xxiv, 11 - 20, — Un trait particulier à Ben Sirach consiste en ce qu’il regarde la sagesse en tant qu’elle se communique à l’homme et qu’elle est l’objet de sa connaissance, comme incarnée dans la loi mosaïque, xxiv, 32-33. D’ailleurs la sagesse est un abîme de science : les prophètes y ont puisé ; les sages y ont puisé ; Ben Sirach y puise à son tour, et la source n’est jamais tarie, xxiv, 38-47. — 2. Si la sagesse est ainsi offerte par Dieu à l’homme et si elle produit de si précieux fruits, l’homme doit faire tout son possible pour l’acquérir et pour y faire participer les autres. VI, 18-23. — Or, en lui et dans les autres, cette sagesse doit produire des résultats pratiques. Elle doit produire la foi en Dieu, l’espérance ; elle doit engendrer l’amour, qui lutte jusqu’à la mort pour la justice et contre la tentation ; la religion ou la crainte de Dieu sera la perfection, le comble de la sagesse, i, 16. Comme la Loi occupe une grande place dans les préoccupations de Ben Sirach, le sage est invité à en observer toutes les ordonnances cultuelles, vii, 32-35 ; là toutefois, Ben Sirach