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1543 ECCLÉSIASTE (LE LIVRE DE L’) — ECCLÉSIASTIQUE (LE LIVRE DE L’) 1544

Der Prediger ûber den Werth des Daseins, Inspruck, 1885 ; G. Gietmann, Commentarius in Ecclesiaslen, Paris, 1890, p. 1-336 (commentaire critique et exégétique très approfondi). — Du côté des protestants et des rationalistes, les travaux sont très nombreux, mais d’inégale valeur. Voici les principaux : H. G. Bernstein, (Juœstiones nonnullx Kohelethanx, Breslau, 1854 ; Bohl, De Aramaismis iibri Koheleth, Erlangen, 1860 ; Bullock, Commentaiand critical notes on Ecclesiastes, dans Speaker’s Commentary, Londres, 1878 ; 0. Zôckler, Dos Hohelied und der Prediger, Bielefeld et Leipzig, 1868 ; édition américaine avec annotations et dissertations par Taylor Lewis, Edimbourg, 1872 ; Frz. Delitzsch, dans Hoheslied und Koheleth, Leipzig, 1875, p. 191-462 ; A. H. Mac Neile, An introduction to Ecclesiastes, in-8°, Cambridge, 1904. — On peut voir une histoire de l’interprétation de ce livre dans C ; D. Ginsburg, Cohelet, Londres, 1861, p. 27-243, 495, histoire mise au courant par C. H. H.Wright, The Bookof Koheleth commonly called Ecclesiastes, in-8, Londres, 1883, p.xiv-xvii. Cf. B. Scliâffer, Neue Untersuchengen, p. 7. E. Philippe.

1. ECCLÉSIASTIQUE, un des livres sapientiaux de l’Ancien Testament.

I. Titres du livre. — Le livre de l’Ecclésiastique a porté des noms divers. Son titre hébreu n’est pas connu d’une manière certaine. D’après un passage de saint Jérôme, Prssf. in lib. Salomonis, A. xxviii, col. 1242, il se serait appelé en hébreu d’un mot qu’il traduit par « Proverbes », et qui aurait été par conséquent Mislê Yèsû’a ben Sirach. Le titre grec : 20ç ! o’lrjiioù u’oO Sstpi-/, suppose cependant un autre titre hébreu : ffokmat Yêsû’a ben Sirach. Il est possible que l’Ecclésiastique ait été désigné, dans la langue originale, tantôt sous le nom de MiSlê, tantôt sous celui de Ifokmâh. En grec, le titre du livre est quelquefois abrégé en <ro ?îa Eapdfy, ou même simplement vi ao ?ia. Ce livre partage aussi en grec, avec les Proverbes, l’Ecclésiaste, le Cantique des cantiques et la Sagesse, le nom générique de r) fcavdpsTOç uoçîa (G. Cédrénus, Hist. cômp., t. cxxi, col. 377), d’où le nom latin de Panssrelus Jesu filii Sirach liber, qu’on lit dans saint Jérôme, Prsef. in lib. Salom., t. xxviii, col. 1242. — Chez les rabbins, il est cité sous le nom de Ben Sirach, et beaucoup plus communément sous celui de Ben Sirà (Sirâ étant, d’après certains critiques, la forme primitive, et Sirach une forme corrompue). — En syriaque, il est appelé « La Sagesse du fils d’Asiro (le lié, le captif) », et plus complètement : « Livre de Jésus le fils de Simon Asiro. » — Dans l’Eglise latine, on trouve parfois le titre de Liber Jesu filii Sirach ; mais le titre communément admis est celui d’Ecclesiasticus, que le concile de Trente a employé dans sa définition du canon des Écritures. Ce nom d’Ecclésiastique a été diversement expliqué. — « Le titre d’Ecclésiastique, que les Latins donnent à cet ouvrage, dit dom Calmet, marque ou l’usage que l’on en a fait en le lisant dans les assemblées de religieux et dans l’Église, ou il sert seulement à le distinguer de celui de Salomon, qui est intitulé l’Ecclésiaste ou le Prédicateur, l’un et l’autre contenant des exhortations à la sagesse et des instructions sur les devoirs communs de la vie. » Ecclésiastique, 1730, Préface, p. 1. Voir d’autres explications dans Rufin, In Symb. Apost., 36, t. xxi, col. 374 ; Rhaban Maur, Comment, in Eccli., t. cix, col. 764. L’explication d’après laquelle le nom d’Ecclésiastique équivaut à celui de Livre de lecture -à l’usage de l’Eglise paraît être la vraie. — Des critiques, tels que Westcott, pensent que le mot Ecclesiasticus, appliqué au livre de Ben Sirach, est d’origine africaine, qu’il fat admis d’abord par la Velus lalina, et devint commun en Occident après que saint Jérôme eut adopte cette traduction pour le livre quinous occupe. — Quant au titre grec de jtavâpEto ; , il doit avoir été employé pour insinuer que le groupe de livres ainsi nommé contient

la règle de toutes les vertus. — Le titre syriaque de « Sagesse de Jésus, fils de Simon le prisonnier », est dû à l’interprétation fautive du mot Asiro, qui représente en le défigurant le nom propre Sirach de l’hébreu. En faisant d’Asiro un qualificatif, « le captif, » on a éprouvé le besoin de préciser le nom propre que l’on regardait comme sous-entendu, et l’on a supposé au hasard le nom de Simon, peut - être en l’identifiant avec le nom de l’un des grands prêtres qui ont jeté le plus d’éclat.

II. Auteur. — Un certain nombre d’écrivains anciens ont attribué l’Ecclésiastique à Salomon ; mais « les plus doctes », dit saint Augustin, De Civ. Dei, xvil, 20, t. XLl, col. 554, n’ont pas voulu dire que le livre était de Salomon ; ils voulaient seulement laisser entendre que par son caractère littéraire ce livre se rattachait au genre gnomique, dont la paternité était attribuée au grand roi d’Israël. Cf. S. Isidore de Séville, In libros Vet. et Nov. Test. Proœmia, 8, t. i.xxxm, col. 158. L’Ecclésiastique nous fait connaître lui-même son auteur. On lit l, 29, en un passage qui est comme la conclusion de tout le livre avant le cantique final : IlaiSei’ocv ouvéuew ; xa’t è(*i<TTir l jjLif]ç l](dipa|a Iv tù (SiëXiqi tovtgi’Irinoûç uiôç 2eipâj(’Iepona-Xv (j.i’ttic. « Jésus, fils de Sirach, de Jérusalem, a écrit la doctrine de sagesse et de science dans ce livre. » Ce texte désigne donc comme auteur du livre un certain Jésus fils de Sirach. Ce renseignement, parfaitement en rapport avec les titres mentionnés plus haut, est confirmé par le prologue du traducteur, qui désigne ainsi l’auteur du livre : 6 jiccjitio ; [iou’Iyiooûç, « mon aïeul Jésus ». Le premier texte nous fournit en outre un second détail sur la personne de l’auteur : il était de Jérusalem.

Ces renseignements sont précis, mais peu abondants. Diverses traditions ont tenté de les compléter. C’est ainsi que saint Isidore de Séville, De officiis, i, 12, t. lxxxiii, col. 749, croyait savoir que Ben Sirach était petit-fils du grand prêtre Jésus, dont parle Zacharie, iii, 1. Le grand prêtre dont il est ici question ne saurait être que Josué ou Jason, fils de Josédec (536 avant J.-C). Nous verrons que cette date est de trois siècles antérieure à celle qu’il faut attribuer à notre livre. — Georges le Syncelle, Chronog. , édit. de Bonn, 1829, t. i, p. 525, identifiait à son tour Ben Sirach avec le grand prêtre Jésus, successeur d’Onias III (175-172). Ainsi Jésus ben Sirach aurait été grand prêtre pendant six ans et le treizième pontife après la captivité de Babylone. Il aurait été le fils de Simon II et le frère et successeur d’Onias III. Toutes ces données sont basées sur de fallacieuses assimilations de noms. On ne saurait confondre l’auteur d’un livre aussi religieux et aussi patriotique que celui qui nous occupe, avec le grand prêtre Jason qui mit tout en œuvre pour introduire les coutumes grecques chez les Juifs, au dépens de l’esprit national. — C’est par des conclusions tout à fait hasardées que l’on a voulu déduire de son livre que Ben Sirach était prêtre. Les passages sur lesquels on s’appuie (vu, 31-35) prouvent simplement qu’il était un pieux Israélite. C’est également sans raison qu’en s’appuyant sur l’éloge qu’il fait de la médecine (xxxviii, 1-15), on a conclu que Ben Sirach était médecin.

Ce que l’on peut déduire plus sûrement de son livre, c’est que Ben Sirach était très versé dans la littérature religieuse des anciens. Il imite le style des écrivains antérieurs, il en reproduit les expressions et parfois des phrases entières. Il connaît tous les livres protocanoniques existant à son époque. Il les mentionne ou s’en inspire dans les fameux chapitres xliv-xlix, consacrés à l’éloge des ancêtres. Il est facile d’établir des rapports entre ces chapitres et les livres suivants : Pentateuque (Eccli., xliv-xlv) ; Josué (Eccli., xlvi, 1-12) ; Juges (Eccli., xlvi, 13-15) ; Samuel (Eccli., xlvi, 16-xlvii, 13) ; les Psaumes de David (Eccli., xlvii, 9-12) ; Rois (Eccli., xl vii, 14-xlix, 9) ; Proverbes, Cantique, Ecclésiaste {Eccli., xlvii, 18 ; douteux en ce qui regarde l’Ecclésiasle ) ; Isaïe (Eccli., xlviii, 23-28, où l’on voit des allu-