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1533

ECBATANE — ECCLÉSIASTE (LE LIVRE DE L’)

1534

d’hui Réï, ville du nord-est de la Médie, n’était pas située à proprement parler dans la montagne d’Ecbatane. On a supposé qn’Ecbatane désignait ici une chaîne de montagnes de Médie qui tirait son nom de la ville d’Ecbatane ; mais il est plus probable que le texte latin actuel est altéré ou la traduction défectueuse. Les textes grecs n’ont rien de pareil, non plus que l’ancienne Italique, quoiqu’elle amplifie dans ce passage le texte grec de la manière suivante : s Rages, ville des Mèdes. Il y a deux jours de marche de Rages à Ecbatane. Rages est dans les montagnes et Ecbatane dans la plaine. » Voir Rages.

F. Vigouroux.

    1. ECCÉTAN##

ECCÉTAN (hébreu : Haqqâtân, « le petit ; » Septante : ’AxxaTav), père de Jobanan, qui revint de la captivité de Babylone au temps d’Esdras. I Esdr., viii, 12.

    1. ECCHELLENSIS ou ECHELLENSIS Abraham##

ECCHELLENSIS ou ECHELLENSIS Abraham,

savant maronite, né à Éckel en Syrie, d’où il tira son nom, mort à Rome en 1664, dans un âge avancé. Après avoir étudié en cette dernière ville, il se fit recevoir docteur en philosophie et en théologie et y enseigna l’arabe et le syriaque. En 1630, il vint à Paris pour travailler à la Polyglotte de Le Jay, où il publia le livre de Ruth en syriaque et en arabe, et le livre III des Machabées en arabe. Son travail sur Ruth fut vivement attaqué par Valérien de Flavigny et Gabriel Sionite, auxquels il répondit par trois lettres apologétiques : Epislolm apologelicse duse adversus Valerianum de Flavigny pro editione syriaca libelli Ruth, in-8°, Paris, 1647 ; Epistola apologetica tertia in qua respondetur libello Gabrielis Sionitx, in-8°, Paris, 1647. À la suite de ces démêlés, il revint en Italie et fut employé par la congrégation de la Propagande à la traduction de la Bible en arabe. Il avait encore composé une Apologia de editione Bibliorum polyglottorutn Parisiensium, in-8°, Paris, 1647 ; Linguse syriacse sive chaldaicss perbrevis institutio, in-4°, Rome, 1628, et autres nombreux ouvrages. — Voir Lelong, Bibl. sacr., p. 24, 28, 39, 593 ; Gesenius, dans Ersch et Gruber, Allgemeine Encyklopàdie, sect. i, t. XXX, p. 360 ; R. Gosche, dans Herzog, Real -Encyklopàdie, 2e édit.,

t. iv, p. 17.

B. Heurtebize.

1. ECCLÉSIASTE (hébreu : Qôhéléf). Titre que prend l’auteur du livre de l’Ecclésiaste. Voir Ecclé SIASTE 2.

2. ECCLÉSIASTE (LE LIVRE DE) (hébreu : Qôhéléf ; Septante : ’ExxXr]<ria<jTrjç ; Vulgate : Ecclesiastes), un des cinq livres sapientiaux de l’Ancien Testament. Il est le second de ces livres dans les Septante et dans la Vulgate. Dans la Bible hébraïque, il occupe la septième place parmi les hagiographes (ketûbîm) et il est le quatrième des cinq megillôf, « rouleaux » que les Juifs lisent dans leurs cinq principales fêtes. L’Ecclésiaste se lit dans les synagogues à la fête des Tabernacles.

I. Nom du livre. — Il est difficile d’expliquer avec certitude le sens du nom hébreu du livre, Qôhéléf. nSnp vient de bnp, qâhal, inusité, dont la notion radicale offre l’idée d’  « appeler, convoquer », et de « parler, prêcher ». Du moins est-ce l’opinion de plusieurs. rnnp (participe présent féminin) peut donc se traduire : « celui qui parle dans une réunion, en public ». Cf. S. Jé-TÔme, In Eccle., i, 1, t. xxiii, col. 1011 (concionator). L’étymologie, l’opinion de graves auteurs, et le ton général de l’écrit, qui est comme un discours véhément sur la vanité des choses humaines, telles sont les raisons qui appuient ce sens.. La forme féminine s’explique probablement par l’usage hébreu assez récent de mettre au féminin les noms d’offices ou de dignités. I Esdr., ii, 55, 57 ; I Par., iv, 8 ; vii, 8. Cf. J. Olshausen, Lehrbuch der hebr. Sprache, Brunswick, 1861, p. 224. Voir d’autres significations du mot et d’autres explications de sa termi. liaison féminine dans G. Gietmann, In Ecclesiasten,

Paris, 1890, p. 58-64. — Le mot grec’Ev.yà^maT-rf^, « Ecclésiaste, » signifie le prédicateur qui parle et enseigne dans une assemblée (èxx).r, (7Îa).

IL Doctrine. — L’Ecclésiaste tend, en somme, â montrer que la félicité ici-bas consiste à craindre Dieu et à observer sa loi, en jouissant modérément de tous les biens que la Providence a départis à l’homme, xii, 13. Ce livre est ainsi une sorte de traité de la béatitude terrestre. L’idée de piété envers Dieu y est exprimée nettement comme condition d’une vie heureuse. L’usage modéré des choses y est cent fois répété. Qôhéléf prouve donc, par une série de petits paragraphes : 1° que la félicité ne consiste ni dans la science, i, 18 ; — 2° ni dans le rire et le plaisir, qui est « une folie », ii, 2 ; — 3° ni dans l’éclat et la magnificence, le luxe et l’abondance des biens : « J’ai reconnu, dit-il, que tout cela est vanité et pâture de vent » (Vulgate : afflictio animi). ii, 11. Dieu a fixé un temps pour chaque chose, et ainsi il n’y a de bon pour l’homme que de se réjouir et de mener une vie honnête ici-bas. iii, 12. — Il arrive à la même conclusion par ses observations sur ce qui se passe dans la vie civile. L’injustice et l’impiété le révoltent. L’oppression partout triomphe. Il s’indigne. À quoi bon ? Le succès est jalousé. L’envie se ronge. Vanité encore et pâture de vent. Ainsi en est-il de l’homme solitaire et morose. Il rompt avec ses semblables ; mais « malheur à l’homme seul ». Toujours vanité et affliction d’esprit, iv, 16. « Ne vaut-il pas mieux manger, boire et jouir en paix de son travail : ce qui est un don de Dieu ? » v, 17-18. — Toutes ces maximes sont reprises dans le reste du livre, et récapitulées et amplifiées, un peu au gré de l’auteur. Dieu a voulu que l’effort de l’homme servît à son honnête jouissance, vu, 7. Il faut éviter les extrêmes, le rire insensé, la tristesse exagérée, les passions excessives. La vraie sagesse rend fort, plus fort que « dix princes ». vii, 19. Avec elle j’ai cherché la cause de cette infinie misère, et j’ai trouvé que c’était la femme en général, car Dieu a fait la nature humaine droite ; ce sont les hommes qui inventent les mensonges sans fin et les maux, vii, 24-30. Cf. Gietmann, In Eccle., p. 251-257. Il ne faut cependant pas se tromper. L’honnête jouissance des biens de la vie ne doit pas exclure l’assiduité dans l’action, ni la piété et la crainte de Dieu. Il y a un Dieu, providence suprême réglant le temps et les choses ; il faut y être attentif. Parmi les injustices dont ce bas monde est rempli, attendons. Encore une fois il n’y a rien de bon pour l’homme que de manger, de boire, de se réjouir pendant les jours que Dieu lui a donnés sur terre, viii, 15. Même la science, modères-en l’ardeur : l’homme ne sait rien de rien. Affranchis-toi des vains désirs. Jouis de la vie honnêtement gagnée. Une fois dans le scheol, on ne peut plus agir. Applique-toi à la vraie sagesse. Surtout prends garde à l’indignation qu’éveille la vue des iniquités sociales, x, 4-15. Il vaut mieux se donner au silence, à la paix. Du reste travaille matin et soir, quoique les affaires de ce triste monde se règlent non sur le mérite, mais par le hasard. Pratique enfin la piété et la religion dès tes jeunes années jusqu’à ce qu’arrivent ces jours dont tu diras : Rien ne m’y plait. Voilà donc le résumé de tout : se garder de l’excès dans le savoir, le plaisir, les richesses ; user modérément, avec joie, des biens de la vie, et craindre Dieu en obéissant à sa loi ; car, en dehors de cela, vanité des vanités et tout est vanité. — Telle est la doctrine du livre. Qohélét regarde la vie par ses côtés douloureux, et c’est dans les constatations de l’infinie misère des choses humaines qu’il cherche ses raisons et ses arguments. Tout est vanité, tel est le résultat vingt fois exprimé de toutes ses expériences. Ce qui ajoute à l’impression d’acre tristesse causée par ce livre, c’est la vigueur et la profondeur du sentiment exprimé. Toutes ces misères, qu’il décrit par aphorismes, l’une après l’autre, il en a senti lui-même personnellement, à une profondeur incroyable, l’amer-