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ECBA’TÂNË

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dore de Sicile, II, xiii, 5), nom de deux villes de Médie, dont l’une était la capitale de la Médie du Nord ou Médie Atropatène ; l’autre, située plus au sud, était la capitale de la grande Médie.

1. Ecba.ta.ne du nord. — I. Description. — L’Ecbatane du nord est la capitale du royaume de Cyrus, la « cité aux sept murailles » dont parle Hérodote, i, 98-99 ; Il, 153. La plus ancienne description de cette ville nous est donnée par le Zendavesta, Vendidad, Fargard II. Cf. De Harlez, Avesta, t. i, p. 96-98. Elle est représentée comme une ville fortifiée et très peuplée. Hérodote en attribue la fondation au roi Déjocès. D’après lui, les sept murailles qui entouraient la ville se dépassaient l’une l’autre de la hauteur des créneaux. Ces créneaux étaient de diverses couleurs ; les premiers, en commençant par l’extérieur, étaient de pierres blanches, ceux de

O 100 ZOO 300mÀtres

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508. — Bulnes de Takti - Soleiman.

la muraille suivante de pierres noires, ceux de la troisième couleur de pourpre, ceux de la quatrième bleus, ceux de la cinquième rouge de sardoine. Quant aux deux derniers murs, ils étaient plaqués l’un d’argent, l’autre d’or. Hérodote, i, 98. Le livre de Judith, I, 1-4, donne aussi une description de l’Ecbatane du nord. « Arphaxad entoura Ecbatane de murailles de pierres de taille de trois coudées de largeur et de six coudées de longueur, et il éleva les murs à la hauteur de soixante-dix coudées et leur largeur fut de cinquante coudées. Il flanqua les portes de tours de cent coudées de haut ; leurs fondations avaient soixante coudées de large. Il construisit aussi des portes ; elles s’élevaient à la hauteur de soixante-dix coudées ; leur largeur était de quarante coudées, pour la sortie des troupes et pour la mise en ordre de bataille des fantassins. » Plusieurs commentateurs ont identifié l’Arphaxad dont il est question ici avec le Déjocès d’Hérodote. Cf. Gillet, Judith, in-8°, Paris, 1879, p. 74, mais c’est à tort. Le mot grec <j>xo8d(jiï)<7s, comme le mot latin xdificavit qu’emploie la Vulgate, comme le mot hébreu bânâh, dont ils sont la traduction, ont aussi le sens de rebâtir, de reconstruire, d’agrandir. Cf. Gesenius, Thésaurus linguse hebrsese, t. i, p. 215. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique rationaliste, 4e édit., in-12, Paris, 1891, t. iv, p. 568-569. Arphaxad, qui est très vraisemblablement le même que Phraorte, reconstruisit et agrandit Ecbatane. Voir Arphaxad, t. i, col. 1029-1031.

L’Ecbatane du nord a été identifiée par les géographes avec le lieu appelé Takti-Soleiman, que Moïse de Chorène, Hist. Armen., ii, 84, appelle la seconde Ecbatane, la cité aux sept, murailles. À cet endroit se trouve une éminence conique couverte de ruines massives et d’un . caractère tout à fait primitif. On y voit une enceinte ovale

formée de larges blocs de pierres carrés (fig. 508). On y remarque un bassin irrégulier rempli d’une eau limpide et agréable au goût dont la source est cachée. La colline n’est pas~ entièrement isolée. De trois côtés, au sud, à l’ouest et au nord, la pente est assez raide, mais â l’est il y a peu de différence entre le niveau de la colline et celui du plateau voisin. Quoique les ruines soient nombreuses on ne trouve aucune trace de remparts autres que celui que nous venons d’indiquer. H. Rawlinson, dans le Journal of Ihe geogr. Society, t. x, 1841, p. 46-53. Cf. Id., The History of Herodotus, 2e édit., in-8°, Londres, 1862, t. i, p. 185. L’Ecbatane du nord resta une place forte jusqu’au xiii » siècle après JésusChrist. Sa décadence commença à l’invasion moeole et sa ruine totale

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509. — Plan de la ville d’Hamadan.

date du xv » ou du xvi" siècle. H. Rawlinson, Journal of the geographical Society, t. x, p. 49.

IL Ecbatane dans l’Écriture. — L’Ecbatane du nord n’est point nommée dans les livres prolocanoniques de l’Ancien Testament, mais elle l’est plusieurs fois dans les livres deutérocanoniques. Le livre de Judith, i, 1-4, en donne la description, comme on vient de le voir. Le livre de Tobie en parle à plusieurs reprises. C’est là que demeuraient Raguel et sa fille Sara, qui devint l’épouse du jeune Tobie, iii, 7 (texte grec ; la Vulgate porte Rages dans ce passage, mais c’est par erreur, comme le montre la suite du récit). Là se passèrent les événements racontés dans Tobie, iii, vii-vm. Cf. aussi le texte grec, vi, 6. Après la mort de ses parents, Tobie alla y habiter avec Sara et ses enfants, et c’est là qu’il mourut. Tobie, xiv, 14-16. La Vulgate ne nomme pas Ecbatane dans son récit, mais le texte grec la désigne expressément, XIV, 12, 14. — Cf. F. Vigouroux, Les Livres Saints et la critique, t. iv, p. 553 ; H. Rawlinson, dans le Journal of the geographical Society, t. x, 1841, p. 65-158 ; Gutberlet, Bas Buch Tobias, in-8°, Munster, 1877, p. 117-119, 200.

2. Ecbatane du sud. — 1° Il est question dans I Esdras, VI, 2, d’une ville dont la Vulgate traduit le nom par Ecbatane. Il s’agit ici, selon toutes les probabilités, de l’Ecbatane du sud, capitale de la grande Médie, quoique divers commentateurs y voient l’Ecbatane du nord. C’est là que fut trouvé le volume sur lequel était inscrit le décret par lequel Cyrus permettait aux Juifs de reconstruire le temple de Jérusalem. I Esdr., vi, 30. Le texte original désigne la ville sous le nom de’Ahmetà*, les Septante traduisent par iv nôXti, et selon plusieurs manus-