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DUMA — DUPIN

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traie, non moins que la forme ae son territoire encaissé au milieu des plateaux plus élevés qui l’entourent, a fait donner à la province le nom qu’elle porte, Djôf, « entrailles. » C’est le lit desséché d’une petite mer. Une large vallée, couverte de palmiers touffus, de groupes d’arbres à fruit, et dont les contours sinueux, descendant par gradins successifs, vont se perdre dans l’ombre projetée par des rocs rougeâtres ; au milieu de cette oasis, une colline surmontée de constructions irrégulières ; plus loin, une haute tour, semblable à un donjon féodal, et au-dessous de petites tourelles, des maisons aux toits en forme de terrasse, cachées dans le feuillage des jardins, le tout inondé par un flot de lumière : tel est l’aspect sous lequel le Djôf se présente au voyageur qui arrive par la route de l’ouest. La localité la plus importante, la seule que l’on décore du titre de ville, est appelée Djôf-Amèr, du nom du pays même auquel est joint celui de la tribu qui forme la population principale de la ville. Elle a été formée par la réunion de huit villages autrefois séparés, qui, avec le temps, se sont agrandis et confondus ; sa longueur totale est de six à sept kilomètres, mais sa plus grande largeur n’excède pas huit cents mètres. Les jardins sont à juste titre renommés dans l’Arabie entière. On y voit le palmier-dattier, dont les fruits sont préférables à tout ce que peuvent offrir l’Egypte, l’Afrique et la vallée du Tigre. Les pêches et les abricots, les raisins et les figues surpassent eu saveur et en beauté ceux de Syrie et de Palestine. Dans les champs, on cultive le blé, les plantes potagères, les melons,-etc. Des courants d’eau limpide favorisent la végétation de ces plaines fécondes. Mais c"est la datte qui constitue l’une des richesses du pays ; elle joue dans l’existence de l’Arabe un rôle incroyable : elle est à la fois le principal élément du commerce, le pain de chaque jour, le soutien de la vie. Outre sa capitale, le Djôf contient plusieurs villages, qui obéissent au même gouverneur central. Ses habitants sont richement pourvus des dons extérieurs. Grands et bien faits, ils ont des traits réguliers, une physionomie intelligente, de longs cheveux noirs et bouclés, un maintien noble et imposant ; on retrouve en eux le pur type ismaélite. Leurs membres bien proportionnés, leur expression pleine de franchise, forment un contraste frappant avec la petite taille, le regard soupçonneux et timide du Bédouin. Les Djôiites ont aussi une santé robuste, et gardent jusque dans un âge avancé l’activité de la jeunesse. L’habitude de vivre au grand air, la salubrité du climat, la sobriété, contribuent puissamment à maintenir la vigueur des Arabes. Cf. "W. G. Palgrave, Central and Eastern Arabia, 2 in-8°, Londres et Cambridge, 1865, t. i, p. 46-89 ; traduction française, 2 in-8°, Paris, 1866, t. i, p. 48-85 ; Ch. Huber, Voyage dans l’Arabie centrale, dans le Bulletin de la Société de géographie, Paris, 7° série, t. v, 3 8 trimestre 1884, p. 318-326 ; lady Anna Blunt, Pèlerinage au Nedjed, dans le Tour du monde, t. xliii, p. 16-18.

Faut-il appliquer à la contrée que nous venons de décrire la prophétie d’Isaïe, XXI, 11, 12 ? Elle est ainsi conçue :

Oracle sur Duma.

On me crie de Séir :

Gardien, où en eston de la nuit ?

Gardien, où en est-on de la nuit ?

Le gardien répond :

Le matin vient, et la nuit aussi ;

Si vous cherchez, cherchez ;

Convertissez-vous, venez.

Les commentateurs ne sont pas d’accord sur ce sujet. Quelques-uns prennent Dûmdh dans son sens étymologique, et lui donnent une signification symbolique : Oracle « du silence ». Cf. E. Reuss, Les Prophètes, t. i, p. 293. Mais les versions anciennes ont vu ici un nom propre : paraphrase chaldaïque, Dûmâh ; syriaque, Dûmâ’; arabe, Edûm. — La plupart des exégètes pensent

qu’il est question de ridumée. C’est ainsi que l’ont compris les Septante en traduisant :-tô ôpxLa-rii ; ’I80U(i.a ; a ; . Les manuscrits hébreux cependant ne présentent que-deux variantes avec’Edôm, et encore n’est-ce là qu’uneexplication ajoutée par les rabbins. Cf. B. de Rossi, . Varise lectiones Veteris Testamenti, Parme, 1784-1798, t. iii, p. 23 ; Supplem., p. 49-50. L’opinion est donc plutôt fondée sur ce que la question, ou, si l’on veut, le cri d’angoisse, vient de Séir, c’est-à-dire des montagnes d’Édom. Le prophète aurait ainsi préféré le nom de Dûmâh à ce dernier plus connu, afin de marquer par son sens même le sort réservé à l’Idumée, qui devait tomber un jour’dans « le silence » de la mort (cf. Ps. xcm [hébreu, , xciv], 17 ; cxiii [hébreu, cxv], 17). Cf. J. Knabenbauer, . Comment, in Isaiam, in-8°, Paris, 1887, 1. 1, p. 411-414 ; Trochon, haïe, in-8°, Paris, 1878, p. 119 ; Fillion, La Sainte Bible, Paris, 1894, t. v, p. 355 ; E. F. C. Rosenmùller, Scholia in Vet. Testam., Jesaia, Leipzig, 1833, t. ii, p. 88-91. — D’autres ne voient aucune raison pour distinguer Duma d’Isaïe de Duma de la Genèse et des. Paralipomènes. Si le prophète s’adresse à un gardien de’Séir pour avoir des nouvelles de cette oasis, c’est que’de son temps la plupart des territoires ismaélites étaient ; des possessions iduméennes. Lam., iv, 21 ; Abd., 1, 9. Cf. J. Halévy, Recherches bibliques, in-8°, Paris, 1895, t. i, p. 474, et Arabie, t. i, col. 863. Cette identité est’également admise par Gesenius, Thésaurus, p. 327, et Der Prophet Jesaia, in-8°, Leipzig, t. ii, p. 665-667. Et, , au fait, cette prophétie se relie bien à celles qui suivent, et terminent le chapitre. Voir Dadan2, co1.1203 ; Cédar2,

col. 357.

A. Legendre.

2. DUMA, nom, dans le texte hébreu, d’une ville de’Juda appelée Ruma dans la Vulgate et’PeLwi dans les ; Septante. Jos., xv, 52. Voir Ruma.

    1. DUPIN Louis Ellies##

DUPIN Louis Ellies, né à Paris le 17 juin 1657, mort dans cette ville le 6 juin 1719. Il appartenait à une’ancienne famille de Normandie et fit ses études au collège d’Harcourt. En 1684, il était reçu docteur en Sorbonne, et obtint une chaire de philosophie au collège royal. L’ardeur qu’il déploya pour défendre les erreurs ; jansénistes le fit exiler à Chàtellérault, et, lorsqu’il put rentrer à Paris, sa chaire ne lui fut pas rendue. Son principal écrit : Bibliothèque universelle des auteurs ecclésiastiques, lui attira de vives réclamations ; le parlement en décréta la suppression ; il put toutefois continuer cet important ouvrage, grâce à une légère modification du titre. Il aurait désiré amener un rapprochement entre l’Église romaine et l’église anglicane, et à ce propos ; il a été accusé de se montrer trop favorable aux doctrines ; de celle-ci. Clément XI juge très sévèrement cet auteur, qu’il appelle « un homme d’une très mauvaise doctrine, coupable de plusieurs excès vis-à-vis le siège apostolique ». Il est certain que, mêlé fort activement à toutes, les controverses qui agitèrent l’Église de France à la fin du xvii » siècle, il se laisse souvent entraîner par l’esprit : de parti. Nous citerons parmi ses écrits : Le livre des Pseaumes en latin et en français, avec de courtes notes pour faciliter l’intelligence du texte, in-12, Paris, 1691 ; Liber Psalmorum latini, ex duplici vevsione una Vulgata, altéra eadem ad textum hebraicum reformata, cum notis, in-8°, Paris, 1691 ; Le livre des Pseaumes traduit en françois selon l’hébreu, avec de courtesnotes, in-12, Paris, 1692 ; Prolégomènes sur la Bible, 3 in-8°, Paris, 1699 : cet ouvrage est la dissertation, considérablement augmentée, sur l’Ancien et le Nouveau Testament, qui se trouve au commencement de la Bibliothèque universelle des auteurs ecclésiastiques ; Pentateuchus Mosis cum notis, quibus sensus litteralis exponitur, in-8°, Paris, 1701 ; Dissertations historiques, chronologiques, géographiques et critiques sur la Bible, ’m-8°, Paris, 1711 ; Analyse de l’Apocalypse contenant-