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DRACHME — DRAGON


Tient plus probablement du mot daragmana, division de la mine. Voir Darique. Il désigne chez tous les peuples helléniques l’unité-monétaire d’argent. La plus ancienne de toutes les drachmes est la drachme d’Égine, qui pesait environ six grammes. En Asie, on se servit dès l’époque de Crésus d’une autre drachme, qu’on appelle phénicienne, du nom du pays où elle a eu le plus d’extension, et qui pesait 39 r, 540. Cette unité fut adoptée par les Ptolémées, dans les pièces qu’ils firent fabriquer par les ateliers de Tyr et de Sidon. La mieux connue de toutes les drachmes est la drachme attique (fig. 505), qui se répandit dans tout le monde ancien, surtout après Alexandre.

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505. — Drachme d’Athènes.

Tête d’Athéné, à droite. — i^. Chouette sur un vase, dans une couronne d’olivier. Autour de l’oiseau : A0E TIMA N1K APXE. — Poids : i&, 30. Frappée vers l’an 200 avant J.-C, d’après E. Beulé, Les monnaies d’Athènes, 1858, p. 372.

Elle pesait 4a r, 36. C’était la six millième partie du talent euboïque. Après Alexandre, ce poids s’abaissa jusqu’à celui de l’étalon des Ptolémées, c’est-à-dire jusqu’à 39 r, 54. Voir J. Wex, Métrologie grecque et romaine, trad. franc., in-16, Paris, 1886, p. 49-71 et 77.

E. Bedrlier.

1. DRAGON (FONTAINE OU) ( hébreu : ’En hattannin ; Septante : izrifi] tûv uuxûv ; Vulgate : Fons Draconis), source ou dérivation d’eau d’une fontaine des environs de Jérusalem. Elle est mentionnée une seule fois sous ce nom dans l’Écriture. Néhémie raconte qu’étant sorti la nuit pour inspecter les murs en ruine de Jérusalem, il sortit par la porte de la Vallée (dans les environs de la porte de Jaffa actuelle, d’après un grand nombre d’exégèles, mais sa situation est douteuse) et passa près de la Fontaine du Dragon pour rentrer par la porte du Fumier, au sud de la ville. II Esdr., ii, 13. L’identification de cette fontaine est incertaine. D’après l’opinion la plus commune, elle était située à l’ouest de Jérusalem, dans la vallée de Ben-Hinnom, et l’eau qui l’alimentait devait venir d’ailleurs, amenée probablement par quelque aqueduc, car il n’existe aucune source connue dans la vallée de Hinnom. Les uns l’identifient avec le Bir-Éyoub de nos jours, les autres avec la piscine du Birket Mamilla ou du Birket es -Sultan. D’autres encore, à cause du nom de’en, « source, » qui lui est donné, croient que la Fontaine du Dragon est la fontaine appelée aujourd’hui Fontaine de la Vierge, au sudest de Jérusalem, la seule véritable source des environs de la ville. Josèphe, Bell. jud., y, iii, 2, nomme une tûv "Oçeuv xoXuu, ë7|6pa, « piscine des Serpents. » L’analogie du nom a porté à penser que c’était la Fontaine du Dragon ; mais ce n’est pas certain, et l’emplacement de la piscine mentionnée par Josèphe est d’ailleurs aussi douteux que celui de la Fontaine de Néhémie.

2. DRAGON, animal fabuleux, à formes monstrueuses, -que l’imagination des anciens avait composé à l’aide ^’éléments empruntés à la constitution de différentes bêtes féroces ou sauvages. Les versions de la Bible emploient assez souvent le mot ôpàxwv, draco ; mais c’est pour traduire des noms qui dans le texte original désignent, dans le sens propre, des animaux réels. Les termes hébreux rendus par dragon sont les suivants : 1° nâbal, c serpent, » Exod., vii, 15 ; — 2° tannin, « serpent, » Exod., vii, 12 ; Deut., xxxii, 33 ; II Esdr., ii, 13 ; Ps. xci

(xc), 13 ; Jer., Ll, 34 ; dans Daniel, xiv, 22-27, le « serpent » adoré dans le temple de Bel, à Babylonè. ; — parfois « le crocodile » désigné par le même mot hébreu, Ps. lxxiv (lxxv), 13 ; Is., li, 9 ; Ezech., xxix, 3 ; xxxii, 2 ; ou un cétacé, Ps. cxlviii, 7 ; — 3° tan, « chacal, » Job, xxx, 29 ; Is., xxxiv, 13 ; xxxv, 7 ; xliii, 20 ; Jer., ix, 11 ; x, 22 ; xiv, 6 ; xlix, 33 ; li, 37 ; Mich., i, 8 ; Mal., i, 3 ; — 4° livyâtdn, « crocodile, » Ps. lxxiv (lxxv), 14 ; ou cétacé, Ps. civ (cv), 26 ; — 3°’ohïrti, « bêtes hurlantes, » Is., xiii, 21 ;

— (y’siyyîm, « bêtes du désert. » Jer., L, 39. — Dans Esther, x, 7 ; xi, 6, le nom de « dragons » s’applique à des animaux que Mardochée voit en songe et qu’on ne peut déterminer en l’absence du texte hébreu. — Dans la Sagesse, xvi, 10, il désigne les serpents qui firent périr les Israélites au désert, et dans l’Ecclésiastique, xxv, 23, une bête féroce quelconque. — Saint Jean se sert du mot « dragon » pour nommer le démon, Apoc, xii, 3-17 ; xiii, 2-11 ; xvi, 13, qu’il identifie expressément avec le « serpent antique » du paradis terrestre. Apoc, xii, 9 ;

xx, 2. Voir t. i, col. 612.

H. Lesêtre.

3. DRAGON, constellation (hébreu : ndhdS bâriah ; Septante : Spâxcov ànouiàrr^ ; Vulgate : coluber tortuosus). L’auteur de Job, xxvi, 13, célébrant la puissance du Seigneur sur la création, écrit :

Son esprit a fait la splendeur des cieux, Et sa main a formé le Serpent bâriah.

Il s’agit ici d’une constellation du ciel. Le mot bâriah vient du verbe bârah, . « traverser » et c< fuir ». Quelques traducteurs s’en sont tenus à ce dernier sens, et ont rendu l’hébreu par « serpent qui fuit ». Septante : àitoc-raT » ) ; , « qui se retire ; » syriaque : « qui fuit ; » Frz. Delitzsch, Dos Buch lob, Leipzig, 1876, p. 339, etc. D’autres ont lu beriah, « traverse, » ou « verrou », au lieu de bâriah. Symmaque] : oçiç <rJfy.).£i(ov, « le serpent qui ferme ; » dans Isaïe, xxvii, 1, où se trouve le même mot, Aquila traduit : oytc (io/Xôs ; Vulgate : serpens vectis : « serpentverrou ; » Rosenmùller, lobus, Leipzig, 1806, t. ii, p. 619, etc. Au premier abord, le nom de fugitive semble peu convenir à une constellation qui reste toujours à sa place relative dans le firmament. Il est donc plus probable que l’auteur sacré a voulu parler d’un serpent qui s’étend à travers les autres constellations et les traversé comme un verrou. Mais comme les étoiles qui composent cette constellation ne sont pas en ligne droite, et forment même une figure assez sinueuse, on comprend l’épithète tortuosus de la Vulgate. — La constellation dont il est ici parlé est celle du Dragon, connue des Arabes sous le nom d’elhajja, « le serpent ; » des Grecs sous celui d’6'91 ?, Aratus, Phænomen., 82 ; des Latins sous celui d’anguis. Cicéron, De nat. deor., 11, 42 ; Virgile, Georg., i, 244. Cicéron traduisant Aratus, au passage cité, appelle le Serpent torvus draco, à peu près dans les mêmes termes que la Vulgate. La constellation du Dragon compte quatrevingts étoiles principales, dont deux de deuxième grandeur, et presque toutes les autres de cinquième. Elle s’étend, dans l’hémisphère boréal, entre les constellations de la Grande et de la Petite Ourse, de Céphée, du Cygne et d’Hercule. Elle occupe pour nous différentes stations autour de la polaire, selon les mois de l’année. Dans l’astronomie égyptienne, le Dragon était représenté à peu près par la constellation appelée Birît, ou hippopotame, que les monuments figurés montrent dressé sur les pattes de derrière et soutenant un crocodile sur ses épaules. Voir Cg. 330, col. 924. Des études de Biot, Becherches sur plusieurs points de l’astronomie égyptienne, Paris, 1823, p. 87-91, il résulte, en effet, que le Birît correspondait probablement au Dragon, augmenté d’un certain nombre d’étoiles environnantes. Voir Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, Paris, t. i, 1895, p. 94, 95r Il est à croire que le