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DONS SURNATURELS — DOR


l’Esprit-Saint dans l’Église. Cette manifestation était éminemment utile à l’aurore du christianisme, pour deux motifs principaux. D’abord, c’était le seul moyen d’accréditer comme il faut les propagateurs de l’Évangile auprès des Juifs et des païens, tout remplis de préjugés ou de superstitions difficiles à extirper. Les obstacles tombaient plus vite en présence d’une intervention divine si tangible. D’autre part, ces dons permettent de comprendre comment les Apôtres pouvaient quitter presque aussitôt les chrétientés naissantes, qu’ils venaient de fonder, et porter ailleurs la semence évangélique. En réalité, ils ne livraient pas ces jeunes églises à elles-mêmes ; ils les laissaient entre les mains de l’Esprit-Saint, qui communiquait ses dons les plus variés aux néophytes. La présence des Apôtres était suppléée, en partie du moins, par les charismata. Il y avait sans doute dès le début un commencement de hiérarchie ecclésiastique. Mais, comme elle venait elle-même de naître, elle ne pouvait encore suffire à tous les besoins des jeunes chrétientés. Aussi la voit-on fonctionner, entre autres à Corinthe, parallèlement aux pouvoirs extraordinaires dont nous parlons. Ce n’est que plus tard, au fur et à mesure des développements de la hiérarchie ecclésiastique, que disparaissent peu à peu les charismata, qui n’avaient plus guère leur raison d’être. — Voir Knabenbauer, Commentarius in Isaiam prophetam, Paris, 1887, t. ii, p. 269-273 ; Bodewig, Die Nothwendigkeil der G-aben des hl. Geisles zum Heile, dans la Zeitschrift fur kalholische Théologie, 1882, p. 113-140, 248-282 ; 1883, p. 124-147, 230-250 ; Cornely, Commentarius in sancti Pauli priorem Epistolam ad Corinthios, Paris, 1890, p. 355 et suiv. ; Godet, Commentaire sur la première Epitre aux Corinthiens, Paris, 1887. J. Bellamy.

DOR (hébreu : Dôr, Jos., xi, 2 ; xii, 23 ; Jud., i, 27 ; I Par., vii, 29 ; Dô’r, avec aleph, Jos., xvii, 11 ; III Reg., iv, 11 ; précédé de nâfaf, Jos., xii, 23 ; III Reg., IV, 11 ; nàfôt, Jos., xi, 2 ; de là en grec : Codex Alexandrinus, Nayeêwp, NaseOôwp ; Codex Vaticanus, « JevæSSwp, Jos., xi, 2 ; Cod. Alex., NiçeSSwp ; Cod. Vat., $evve68w ?, Jos., xii, 23 ; Cod. Alex., NEyaBBrâp, IV Reg., iv, 11 ; on trouve aussi : « ÊswsaXBwp et NsçûocSûp ; ailleurs, Awp, Jos., xvii, 11 ; Jud., i, 27 ; I Par., vii, 29 ; Cod, Vat., ’EXôw(i. ; Cod. Alex., AÔSwp, Jos., xii, 23 ; Awpa, I Mach., xv, 11, 13, 25 ; Vulgate : Dor, Jos., xi, 2 ; xii, 23 ; xvii, 11 ; Jud., i, 27 ; I Par., vii, 29 ; Dora, I Mach., xv, 11, 13, 25 ; Nephath Dot ; III Reg., iv, 11), cité royale chananéenne, Jos., xi, 2 ; xii, 23 ; assignée primitivement à la tribu d’issachar ou à celle d’Aser, Jos., xvii, 11, plus probablement à cette dernière, et enfin donnée à Manassé occidental. Jud., i, 27 ; I Par., vii, 29. Elle était située sur les bords de la Méditerranée, Jos., xi, 2 ; I Mach., xv, 11, 14, et sur son emplacement s’élève aujourd’hui Tantourah, entre Jaffa et le Carmel.

I. Nom. — Le mot-p, i, Dôr, ou int, Dô’r, signifie, en hébreu et en phénicien, « habitation, demeure ; » c’est l’arabe A>, dâr. Le nom de cette très ancienne ville se retrouve, avec la même orthographe, sur les monuments des peuples voisins. Il paraît en assyrien sur une liste

géographique, sous la forme ^ij 4*~*"I £111 1 Du-’ru,

qui maintient l’aspiration médiale. Cf. II Rawlinson, 53, n° iv, ligne 57 ; E. Schrader, Die Keilinschriflen und dos Alte Testament, in-8°, Giessen, 1883, p. 167 ; Fried. Delitzsch, Wo lag das Paradies ? in-8°, Leipzig, 1881, p. 285. L’inscription funéraire d’Eschmounazar, roi de Sidon, le reproduit aussi exactement : 4X/*4> n>n Cf. Corpus inscriptionum semiticarum, part. i, Paris, 1881, t. i, p. 13, 14, ligne 19. Le papyrus Golénischeff le

transcrit : n 1 ç., D-ira. Cf. W. Max Millier, Asien

und Europa nach altâgyptisçhen Denkmâlern, in-8°,

Leipzig, 1893, p. 388. Josèphe met tantôt le féminin Ampôc, tantôt le pluriel neutre, xi Ampi. Ant. jud., XIII, vu, 2 ; V, i, 22 ; Bell, jud., i, ii, 2, etc. Le mot nâfat, pluriel : nàfôt, qui le précède en quelques passages, a embarrassé les traducteurs et les commentateurs : les Septante, nous venons de le voir, l’ont uni à Dor pour en faire un nom propre, NaysOBiip, avec ses variantes, que la transposition des consonnes et le changement des voyelles ont, en certains manuscrits, transformé en $ÊvæSB<op, $Evv£8811p, etc. La Vulgate l’a rendu par regiones, Jos., xi, 2 ; provincia, Jos., xii, 23 ; et Nephalh. III Reg., iv, 11. Eusèbe et saint Jérôme, Onomast irasacra, Gœttingue, 1870, p. 115, 142, 250, 283, ont : Aù>p toû NaçàO, Naçeûôiip ; DorNafeth, Nefeddor, et rapportent la traduction de Symmaque : napaXîa A<ip, Dor maritime. L’expression hébraïque, nàfah, a simplement, le sens de « hauteur, montée ». Elle indique, suivant les uns, le promontoire de Dor ; suivant les autres, la région des collines avoisinantes. — Le nom actuel, l.^Xiï, Tantoura, selon V. Guérin, Samarie, t. ii, p. 306 ; i.jij-ik, Tanfourah, suivant le Survey of Western

Palestine, Naine Lists, Londres, 1881, p. 141, rappelle l’ancien, au moins par sa finale. Mais quelle peut être son origine ? Les uns le regardent comme une corruption de Dandoura, dérivé lui-même de Doura ou Dora. V. Guérin, loc. cit. D’autres, le rattachant au vieux mot Tortura ou Tartoura, qu’on trouve dans Pococke et le chevalier d’Arvieux (cf. Winer, Biblisches Realwôrterbuch, Leipzig, 1847, t. i, p. 274), cherchent à l’expliquer par l’arabe.j> n>^, Tour Doura, « la montagne de

Dor. » Cf. Gesenius, Thésaurus, p. 331. Les habitants du pays auraientils trouvé dans la configuration de la côte en cet endroit ou dans quelque ruine un rapprochement avec le singulier ornement que les femmes druses portent encore et qui, appelé tantoura, consiste en une corne creuse en argent, parfois assez haute, et fixée sur le sommet de la tête ? Nous ne pouvons faire ici que des conjectures plus ou moins plausibles. Ce que nous savons, c’est qu’un des historiens des croisades, Foucher de Chartres, Historia Hierosolymitana, lib. I, cap. xvii, t. clv, col. 851, désigne Dora sous le nom de Pirgul, qui paraît être une corruption du mot grec TTJpYoç, « tour, » par lequel les Grecs désignaient peut-être alors ce lieu, à cause de la tour qui S’élevait sur le promontoire septentrional du port et dont la vue attirait de loin l’attention. La même localité s’appelait aussi Merla au moven âge. Cf. E. Rev, Les colonies franques de Syrie, . in-8°, "Paris, 1883, p. 422.

II. Situation et description. — Si l’origine du nom actuel est incertaine, la situation de l’antique Dor est nettement déterminée. Elle se trouvait sur les bords de la mer, Jos., xi, 2 ; I Mach., xv, 11, 14, près du mont Carmel, Josèphe, Conf. Ap., ii, 10, à neuf milles (treizekilomètres ) de Césarée de Palestine, Eusèbe et saint Jérôme, Onomaslica, p. 115, 142, 283, sur la route de Ptolémaïde (Saint -Jean-d’Acre), dont elle était éloignée de-vingt milles (vingt-neuf kilomètres), suivant la carte de Peutinger ; ce dernier chilfre est un peu trop faible. Toutes ces indications conduisent incontestablement à la moderne Tantourah. Ce gros village, de douze cents habitants environ, a été bâti en grande partie avec des matériaux tirés de l’ancienne ville, au sud de laquelle il s’éiève. On y voit deux mosquées à moitié renversées, et : dans l’une d’entre elles plusieurs colonnes de granit évidemment antiques. En avant s’arrondit une anse peu profonde, protégée, du côté du large, contre les ventsd’ouest, par trois ou quatre ilôts, qui brisent la violence des vagues ; elle est, en outre, défendue au nord par une pointe rocheuse qui avance dans la mer en forme de promontoire.

Le port antique de Dora est au nord et à Une faible dis-