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DOMMAGE — DONS SURNATURELS


conseil de renoncer à son droit ne peut être suivi que dans certains cas particuliers. Les exemples donnés par le divin Maître lui-même, Joa., xviii, 22, 23 ; par saint Paul, Act., xvi, 37 ; xxxiii, 3, etc., le montrent assez. Le devoir de réparer le dommage et le droit d’exiger cette réparation subsistent donc sous la Loi évangélique, aussi bien que sous l’ancienne. Seulement l’Évangile laisse aux pouvoirs humains le soin de régler l’application de ce

droit et de ce devoir.

H. Lesêtre.
    1. DOMMIM##

DOMMIM, localité ainsi appelée dans la Vulgate, I Reg., xvii, 1, mais dont le nom complet est en hébreu’Éfés Dammim (Septante : ’Eçeppilv ; Codex Alexandiinus : ’A(p£(r50|i[isîv). Saint Jérôme a traduit’Éfés par in finibus, « sur les frontières » (de Dommim). Au premier livre des Paralipomènes, xi, 13, nous retrouvons le même nom de lieu sous la forme abrégée Pas Dammim (Septante : 4>a(jo80[iri ; Vulgate : Phesdomim). — 1° Le texte sacré nous apprend que l’endroit ainsi appelé était situé entre Socho et Azéca, sur le versant d’une colline. I Reg., xvii, 3. Les Philistins, du temps de Saûl, ayant avec eux Goliath, y avaient établi leur camp. Au bas de cette hauteur était la vallée du Térébinthe. Elle séparait les ennemis de la colline opposée, sur les lianes de laquelle campaient les Israélites. Voir Térébinthe (Vallée du). Quand David eut terrassé le géant, les troupes de Saùl poursuivirent les Philistins, qui s’enfuirent de leur camp, depuis la vallée du Térébinthe jusqu’aux portes d’Accaron. I Reg., xvii, 52. — 2° Dans

I Par., xi, 13, Phesdomim ou Dommim est nommé une seconde fois, à l’occasion d’une défaite infligée aux mêmes Thilistins par les gibborîm ou forts de David. Van de Velde, Narrative of a Journey through Syria, 21n-8°, Londres, 1854, t. ii, p. 193, a cru retrouver le site de Dommim dans les ruines de Dàmîm, près de la route de Jérusalem à Beit-Djibrin, à une heure et demie au nordest de Socho (Schoueikéh).

DONS SURNATURELS. Cette expression comporte, dans la langue biblique, deux significations générales, qui ont entre elles une certaine affinité, mais sont néanmoins tout à fait distinctes. Elle désigne d’abord les dons qui ont pour objet la sanctification personnelle de celui qui les reçoit, et que les théologiens caractérisent en conséquence par la formule générale de « grâce qui rend agréable à Dieu, gratia gratum faciens », terme calqué sur un passage de l’Épître aux Éphésiens, I, 6. Elle désigne également certaines faveurs extraordinaires, qui ne sanctifient pas de leur nature, et ne sont accordées qu’en vue de l’utilité du prochain. I Cor., xii, 7. Ces dons sont bien inférieurs aux premiers. I Cor. 1, xii, 31. Les théologiens les appellent ordinairement « des grâces gratuitement données, gratise gratis datas ». Leur vrai nom biblique, du moins dans la Vulgate, et celui qui les spécifie bien, est charismata, I Cor., xii, 30, simple reproduction du mot grec -/àpiij|iaTa. Cette expression sans doute désigne aussi, dans le grec des Épitres, la première catégorie des dons surnaturels : par exemple, Rom., v, 15-16 ; vi, 23 ; I Tim., iv, 14 ; II Tim., i, 6. Mais le contexte permet toujours de déterminer le sens ; et la Vulgate alors emploie le mot générique gratia, « grâce. »

II est donc facile de voir, dans le texte sacré, à quelle espèce de dons on a affaire. Notons d’ailleurs que les charismata sont non seulement distincts, mais séparables de la grâce sanctifiante. Saint Paul admet clairement la possibilité de cette séparation, quand il affirme que ces dons ne sont rien sans la charité, qui est un des éléments essentiels de l’état de grâce. I Cor., xiii, 1, 2. Jésus-Christ le dit d’ailleurs dans l’Évangile. Matth., vii, 21, 22.

I. Première classe. — Il faut distinguer, dans la première catégorie, une acception générale et une acception spéciale. — 1° Dons en général. — Celle-là s’applique

indifféremment à tout l’ordre surnaturel ou à l’une de ses parties les plus importantes, comme l’Incarnation et la Rédemption. Les principales formules bibliques où elle se rencontre sont les suivantes : le don que Dieu a fait au monde de son Fils unique, Joa., iii, 16 ; le don du Saint-Esprit, Act., ii, 38 ; Rom., v, 5 ; I Joa., iii, 25, etc. ; le don de la grâce, Ephes., iii, 7 ; le don de Dieu, Joa., îv, 10 ; le don inénarrable, II Cor., ix, 15 ; le don céleste, Hebr., vi, 4 ; le don (pur et simple) par opposition au péché d’Adam, Rom., v, 15 ; le don de la vie éternelle (en principe et en espérance). Joa., x, 28 ; I Joa., v, 11.

— 2° Dons du Saint-Esprit. — L’acception spéciale du mot s’applique aux sept dons du Saint-Esprit. Si la teneur même de cette formule n’est pas strictement biblique, mais plutôt traditionnelle et théologique, il faut pourtant reconnaître que les Pères et les théologiens qui l’ont employée n’ont pas fait autre chose, en définitive, que traduire en langage technique une doctrine qui est contenue dans l’Écriture. En effet, la Bible nous apprend deux choses : d’abord que tous les justes sont formés à l’image du Christ et configurés à sa ressemblance, Rom., viii, 29, ou, en d’autres termes, qu’ils reçoivent une participation du même Esprit -Saint qui a présidé au mystère de l’Incarnation, Rom., viii, 9 et suiv. ; en second lieu, que les grâces du Saint-Esprit se sont déversées dans l’âme de Jésus-Christ, sous la forme d’effusions particulières annoncées par le prophète Isaïe, xi, 2-3. Ces deux vérités, combinées entre elles, sont l’équivalent biblique de cette formule théologique : « Les justes reçoivent les sept dons du Saint-Esprit. » Or, de ces deux vérités, la première est indiscutable et indiscutée. Quant à la seconde, elle a été contestée pour le nombre des dons. Voici le passage d’Isaïe : « Et sur lui reposera l’Esprit du Seigneur : esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de piété ; l’esprit de la crainte du Seigneur le remplira également. » Étant donné que ce texte est certainement messianique (voir Almaii), il y a là, d’après beaucoup de théologiens, sept manifestations distinctes d’un seul et même principe, l’Esprit de Dieu, qui concernent le Messie ou le Christ. Le texte hébreu n’en contient que six, attendu que là où la Vulgate a mis l’esprit de piété et l’esprit de crainte, il y a dans l’original un seul et même mot, yire’ap. Quelques interprètes catholiques, entre autres Calmet, Commentaire littéral, Isaïe, 1714, p. 142, n’admettent en conséquence que six dons dans l’hébreu. Voir aussi Huiler, Compendium theologise, in-8°, 1893, t. iii, n° 206, p. 165. — Un mot seulement de la signification particulière des dons mentionnés par Isaïe. Pour quatre d’entre eux, voir Sagesse, Intelligence, Science, Crainte de Dieu. L’esprit de conseil est un don qui nous aide pratiquement à tenir la meilleure conduite possible dans les circonstances critiques. C’est son influence qui explique l’admirable prudence du roi Salomon, quand il rendit le jugement célèbre qui l’a immortalisé. III Reg., m, 16-28. L’esprit de force est un don qui nous aide à triompher des obstacles extraordinaires qui entravent la gloire de Dieu ou s’opposent à notre salut. L’action de David allant au combat contre Goliath, I Reg., xviii, 32, est une manifestation de l’esprit de force. L’esprit de piété est un don qui nous fait apporter un empressement affectueux au service de Dieu, et met dans notre cœur un désir ardent de lui plaire en toutes choses. C’est à son impulsion qu’il convient d’attribuer les élans d’amour qui apparaissent à chaque instant dans les Épitres de saint Paul.

IL Secomie classe : cbasisxata. — Les données bibliques qui concernent les charismata sont assez obscures. Saint Jean Chrysostome en faisait déjà la remarque, Hom. in I Cor., xxix, 1, t. lxi, col. 239, attribuant cette obscurité à la disparition des phénomènes dont parle saint Paul. Aussi ne fautil pas s’étonner des divergences qui séparent les interprètes, quand ils veulent expliquer,