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DOCH — DODANIM


mène plutôt dans le voisinage immédiat de Jéricho : « Simon… descendit à Jéricho… Et le fils d’Abob lès accueillit… dans un petit fort appelé Doch. » Là aussi le nom ancien est conservé dans celui du’Ain el-Dûq, source située à six kilomètres au nord-ouest du village actuel d’Irifyâ, au pied nord du Djebel el-Qaranfel, « montagne de la Quarantaine. » C’est par conséquent dans les environs de cette source que les savants modernes ont cherché l’emplacement de Doch. Malheureusement leurs descriptions, mises en regard l’une de l’autre, ne semblent pas assez claires. V. Guérin, Samarie, 1. 1, p. 218, décrit « des ruines voisines [de la source] » sous le nom de Khirbet Nasbeh ; Conder, Memoirs, t. iii, p. 173, 209, parle d’un Khirbet Abu Lahm, situé également « près de la source », ou plutôt sur une colline voisine dominant le sanctuaire musulman Maqâm Irnâm’Ali ; Clermont-Ganneau, Archœological Iiesearches in Palestine, Londres, 1896, t. ii, p. 21 ; cf. Conder, p. 231, indique une colline « d’une grande importance stratégique », dont la source « n’est pas loin », sous le nom de Muedden Eblâl, du à une légende musulmane, empruntée à l’histoire de Josué. L’imam’Ali, dans une bataille contre les infidèles, aurait fait retourner le soleil, prêt à se coucher, vers l’horizon oriental ; après quoi son serviteur Eblâl aurait donné sur ladite colline le signal (iddn) de la prière du matin. Il n’est pas impossible que les trois noms ne désignent qu’une seule localité. Mais, quoi qu’il en soit, nous préférons une autre hypothèse que Conder lui-même a mentionnée, Memoirs, t. iii, p. 205, comme une opinion « probable ». Il s’agit des restes d’une petite forteresse sur le sommet de la montagne de la Quarantaine, qui s’élève à 450 ou 500 mètres au-dessus de la plaine et à 114 mètres au-dessus de la Méditerranée. Ces ruines portent maintenant le nom de Tâhûnet el-Hawâ, a. moulin à vent. » Le fort était protégé an nord et au sud par des vallées à pente raide, à l’est par un précipice immense. À l’ouest un fossé en forme de croissant, mesurant de sept à huit mètres de large, a été taillé dans le roc pour séparer le fort du reste du sommet. Les fondations ne sont guère visibles, mais la construction paraît avoir occupe un rectangle d’environ cent mètres de long et quarante mètres de large. On y trouve aussi les restes d’une chapelle avec abside. Conder .pense que ces restes datent du moyen âge ; mais évidemment cela n’exclut pas une occupation antérieure.

Quant aux raisons qui nous font préférer cette dernière hypothèse, notons d’abord que les ruines près de’Aïn edDûq semblent répondre plutôt au village de Neâpx, mentionné par Josèphe, Ant. jud., XVII, xiii, 1, d’où Archélaùs, au moyen d’un aqueduc, tira l’eau nécessaire pour arroser ses plantations de palmiers dans la plaine ; quelques-uns l’identifient avec la Naaralha de Josué, xvi, 7, et avec le Noran de I Par., vii, 28. Voir Clermont-Ganneau, Researches, p. 21-22. — En second lieu, il y a des preuves certaines que la montagne de la Quarantaine a porté le nom de Dûq avant et après l’occupation arabe. Le fait est constaté par Clermont-Ganneau, Researches, p. 21, sur l’autorité d’un manuscrit arabe, qui le dit expressément, — et c’est en nous appuyant sur cette source, où le nom est écrit avec qof, que nous suivons la même orthographe pour le nom de la fontaine, quoique tous les auteurs récents que nous connaissons emploient le kaf. — La littérature chrétienne en fournit d’autres preuves. Au VIIIe siècle, saint Etienne le Thaumaturge habita quelque temps « les cavernes de Douka, toù Aouxâ » ; il y retourna quelques années plus tard, pour y passer quarante jours de jeûne en l’honneur de saint Sabas, en compagnie de quelques autres anachorètes, parmi lesquels se trouvait l’hagiographe Léonce, qui nous raconte les faits dans sa Vie de saint Etienne. Acta sanctorum, Paris, 1867, julii, t. iii, p. 540, 559. Il s.’agit évidemment des cavernes qu’on voit encore sur les lianes du Djebel cl-Qarantel, et dont quelques-unes, par leurs inscriptions

en couleurs et leurs fresques religieuses, gardent encore le souvenir des pieux solitaires d’autrefois. — Le nom se retrouve encore dans les Actes de saint Elpide, Actasanctorum, sept., 1. 1, p. 385 ; mais, par suite d’une confusion de deux lettres très semblables, À et A, il y est transformé en Aouxâ, et sous cette forme corrompue il a passé en latin dans VHistoria Lausiaca de Pallade, ch. cvi, Patr. lat., t. lxxiii, col. 1193. De fait, le saint abbé Elpide, au rv « siècle, avait déjà habité la même laure, et sous sa conduite il s’y était établi une nombreuse communauté d’anachorètes. Aussi dans le Pré spirituel, cuv (Patr. lat., t. lxxiv, col. 198), la laure porte tout simplement le nom du saint. Et comme elle retenait en même temps le nom de « la laure de Dùq » (toj Ao-jxâ, toî) Aovxô ; [ ?]), des moines postérieurs ont fini par y reconnaître le mot SoOÇ (dux, « chef d’armée » ), et en faire une épithète de saint Elpide. En effet, le biographe anonyme de saint Chariton nous raconte, Acta Sanctorum, sept., t. vii, p. 578, que saint Elpide « avait reçu le nom de 600Ç, parce qu’il avait pris le commandement de la laure comme un 8001 ; , en la défendant contre les attaques des Juifs d’une localité voisine, appelée Noepôv » : ce dernier nom rappelant sans doute la Neapà de josèphe, dont nous avons parlé. Il paraît donc établi que la montagne de la Quarantaine, avant de recevoir son nom moderne d’origine franqué, portait le nom de Dûq, qui est resté attaché depuis à la source qui en baigne le pied. Ce point étant admis, il est difficile de ne pas retrouver l’ancien château de Doch dans le fort dont le sommet garde les ruines.

J. van Kasteren.

DOCTEUR DE LA LOI. Voir Scribe.

    1. DODANIM##

DODANIM (hébreu : Dôdânim, G tn., X, 4 ; Iïôdânîm, I Par., i, 7 ; Septante : T<S8toi, dans les deux passages), quatrième fils de Javan, fils de Japheth. Gen., x, 4 ; I Par., i, 7. La forme plurielle indique un nom ethnique, celui d’une peuplade descendant de Javan, père des Ioniens ou des Grecs. Mais quelle est cette peuplade ? La difficulté d’une détermination précise vient des divergences du texte sacré, et les opinions émises à ce sujet roulent autour des deux variantes que nous allons expliquer.

I. Variantes du texte. — L’hébreu massorétique porte o>rn, Dôddnîm, dans la Table ethnographique, Gen.,

x, 4. La critique des manuscrits signale à peine deux ou trois exceptions présentant Rôdânîm. Cf. B. Kennicott, Vêtus Testamentum hebr. cum variis lectionibus, Oxford, 1776, t. i, p. 15 ; J. B. de Rossi, Varix lectiones Vet. Testant., Parme, 1784, t. i, p. 13. Mais au premier livre des Paralipomènes, i, 7, le texte actuel offre D>rm,

Rôdânîm. Cependant un assez grand nombre de manuscrits et d’éditions ont Dôdânim, comme la Genèse. Cf. B. Kennicott, Vet. Test., t. ii, p. 644 ; J. B. de Rossi, Variée lect., t. iv, p. 168. La confusion entre le i, daleth, et le i, resch, se comprend facilement et se retrouve en maint endroit de la Bible. Faut-il l’admettre pour la leçon des Paralipomènes, et les textes opposés sont-ils une correction inspirée par celui de Moïse ? Nous n’avons aucun élément certain pour trancher la question ; nous ne pouvons que constater les données positives des documents. Les versions anciennes sont elles-mêmes en désaccord et sont partagées entre les deux variantes. On trouve ainsi : dans le Targum d’Onkelos, Dôdânim ; dans la Peschito, Dûdânîm, Gen., x, 4, et I Par., 1, 7 ; dans la Vulgate, Dodanim ; dans le Targum de Jonathan ben Uziel, N’JTii, Dôrdanyâ’; tandis qu’on lit Rôdânîm

dans le samaritain, et que les Septante, dans les deux endroits, portent’Pôêiot, sans variantes, à deux exceptions près, AwSavetpt, AuSaviv. Cf. R. Holmes et J. Parsons, Vêtus Testam. grsecum cum variis lect., Oxford, 1798-1824, t. i et u (sans pagination) ; H. B. Swete, The