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DINA — DIOTRÈPHE


permit de venger de la manière la plus terrible et la plus cruelle Y outrage fait à leiir sœur. Gen., xxxiv, 7-31. On voit par diverses circonstances du récit que Dina avait dû passer plusieurs jours en la possession de son ravisseur lorsque ses frères la délivrèrent. Gen., xxxiv, 3, 11, 20, 25-26.

La faute et l’infortune de Dina ne sont qu’un épisode d’une importance fort secondaire dans l’histoire patriarcale ; elles eurent néanmoins, dans les vues de la Providence et pour seconder ses desseins, une grande influence sur la suite de cette histoire. Si Jacob s’était définitivement établi au milieu des Sichémites, comme il parait en avoir formé d’abord le projet, Gen., xxxiii, 17-19, ce séjour aurait été extrêmement dangereux pour la foi et les mœurs de ses enfants. C’est à ce péril que Dieu voulait arracher les descendants d’Abraham en ne leur permettant de se fixer nulle part d’une manière permanente dans le pays de Chanaan avant d’être devenus un peuple capable de résister, par la force du nombre et par l’organisation sociale et religieuse, aux influences corruptrices du paganisme et de la civilisation des indigènes. La vengeance sanglante de Siméon et de Lévi (voir ces noms) servit à l’exécution de ce plan divin ; elle rendit impossible la prolongation du séjour de la famille de Jacob au milieu d’un peuple désormais hostile. Gen., xxxiv, 25-30. Le patriarche replia donc ses tentes et reprit Je cours de cette vie errante à laquelle Dieu l’appelait. Gen., xxxv, 1, 16, 21, 27 ; cf. xxxvii, 12, 17.

L’Écriture se tait sur la suite de l’histoire de Dina, et nous ne savons plus rien d’elle. La tradition juive, conservée dans la paraphrase chaldaïque, d’après laquelle la femme de Job ne serait autre que la fille de Jacob et de Lia, n’a aucune vraisemblance. E. Palis.

    1. DINÉENS##

DINÉENS (chaldéen : Dînâyê’; Septante : Aetvaïoi ; Vulgate : Dinsei), captifs transplantés par les Assyriens dans l’ancien royaume d’Israël. Nous voyons dans I Esdr., iv, 9, qu’ils voulurent s’opposer, après le retour des Juifs dans leur patrie, à la reconstruction des murailles de Jérusalem ; ils écrivirent dans ce sens à Artaxerxès. Mais ils ne sont plus mentionnés 1 Esdr., v, 6, et vi, 6, parmi ceux qui firent une tentative analogue sous Darius, pour empêcher la reconstruction du Temple. — On place généralement ces Dinéens à l’est ou au nord-est de l’Assyrie ou dans la Médie ; mais on ne sait rien de certain sur ce sujet. Keil, Ezra, 1870, p. 437, croit que les Dinéens venaient de la ville mède de Deinaver, nommée par Aboulféda ; d’Herbelot, Bibliothèque orientale, Deinour ; Bertheau, Ezra, 1863, p. 62, d’après Ewald, Geschichte des Volkes Israël, 1866, t. iii, p. 727. — Clair, Esdras et Néhémie, 1882, p. 24-25, rapproche les Dinéens des Dayaini ou Dayani des textes cunéiformes, qui habitaient aux environs du lac de Van et non loin des sources de l’Euphrate. Cf. Eb. Schrader, Keilinschriften und Geschichtsforschungen, 1878, p. 134, 150154. Assurbanipal et Asarhaddon, en qui l’on croit voir l’Asénaphar d’Êsdras, ne les attaquèrent pas, ou du moins ne les mentionnent pus ; mais on pourrait supposer qu’ils sont, en effet, compris parmi les Minni ou habitants de l’Arménie, entre les lacs de Van et d’Ourmia, qu’Assurbanipal attaqua et subjugua dans sa campagne contre Ahseri (iv « ou v « expédition, les chiffres variant suivant les textes). Menant, Annales des rois d’Assyrie, p. 279 et 259 ; Schrader, Keilinschriftliche Bibliothek, t. ii, p. 176.

— Leur mention à côté des Apharsatachéens et des Apharséens permettrait aussi de les placer dans le voisinage de la Médie ou d’un district contigu, nommé Parsoua dans les inscriptions assyriennes, ce qui ne les éloigne pas beaucoup du pays des Minni. On sait qu’Asaraddon fit la conquête de ces provinces et en transplanta les habitants dans le pays de Chanaan ou en Syrie. Voir Apharsatachéens et Apharséens, t. i, col. 724 et 726.

E. Pannier.
    1. DIODATI Jean##

DIODATI Jean, théologien calviniste, né à Genève le 6 juin 1576, mort dans cette ville en 1649. Il appartenait à une famille de Lucques, qui, ayant embrassé les erreurs de Luther, avait dû abandonner l’Italie. Grâce à la protection de Théodore de Bèze, il était à vingt et un ans professeur d’hébreu. Pasteur de l’église réformée, en 1608, il était l’année suivante appelé à enseigner la théologie. Ayant fait un voyage en Italie, il se lia avec Fra Paolo Sarpi, et essaya, sans succès, de répandre à Venise leserreurs de Calvin. Il prêcha à Nîmes pendant les années 1614 et 1617. Quoiqu’il fût d’origine étrangère, il représenta l’église de Genève au synode de Dordrecht, dont il fut chargé de rédiger les articles. On avait cependant à lui reprocher ses violences contre ceux qui n’admettaient pas complètement les opinions de Calvin. Il traduisit la Bible en italien, en accompagnant le texte de notes et de courts commentaires : La Biblia, cioe, i libri del Vecchio e del Nuovo Teslamento ; nuovamente traslatati in lingua italiana da Giov. Diodati di Nation Lucchese, in-f°, Genève, 1644 ; la seconde édition a pour titre : La Sacra Biblia, tradotta in lingua italianae commentata, seconda editione, migliorata ed accresciuta, con l’aggiunta de’sacri Salini messi in rime, in-f°, Genève, 1641. Une traduction française fut publiée sous le titre : La Sainte Bible interprétée par J. Diodati, in-f°, Genève, 1644. Ces ouvrages eurent de nombreuses éditions, et les éditeurs publièrent séparément diverses parties de la Bible, avec les notes et les commentaires de cet auteur.

— Voir Richard Simon, Histoire critique du Vieux Testament, p. 340 ; Tiraboschi, Storia délia letteratura italiana, t. viii, p. 227 ; Schotel (G. û. J.), I. Diodati, in-8°,

la Haye, 1844.

B. Heurtebize.
    1. DIODORE D’ANTIOCHE##

DIODORE D’ANTIOCHE, évêque de Tarse. Voir t. i, col. 684.

DIORYX. Mot grec, îiwpuÇ, employé dans la version grecque de l’Ecclésiastique, xxiv, 31, 33 (Vulgate, 41, 43). Dans le second passage, la Vulgate a traduit exactement le mot grec par trames, « chemin » suivi par l’eau ; dans le premier, notre, version paraît reproduire deux fois le même membre de phrase, la première en rendant le mot 8101pu| par trames, la seconde en le transcrivant simplement en latin, diorix. Quelques commentateurs ont cru à tort que diorix était un nom propre de fleuve et désignait l’Araxe, une des rivières du paradis terrestre auquel l’auteur sacré fait allusion. Voir J. Frd. Schleusner, Novus thésaurus philologico-criticus Veteris Testamenti, 1820, t. ii, p. 182 ; Calmet, Commentaire littéral, l’Ecclésiastique, 1730, p. 325.

    1. DIOSCORE##

DIOSCORE (grec : Aio<rxopfv910 « ; Vulgate : Dioscorus), mois macédonien inconnu. II Mach., si, 21. Voir Mois.

DIOSCURES. Voir Castor.

    1. DIOTRÈPHE##

DIOTRÈPHE (grec : AiorpÉçr^, « élevé par Jupiter ; » Vulgate : Diotrephes), personnage influent d’une Église à laquelle appartenait Gaïus, le destinataire de la troisième Épitre de saint Jean. III Joa., 9-10. Cette Église paraît être de l’Asie Mineure, mais on ne saurait préciser davantage. Tandis que Gaïus avait exercé une généreuse hospitalité envers les ouvriers évangéliques, Diotrèphe, au contraire, les accueillait mal et ne souffrait pas que d’autres les reçussent, jaloux qu’il était de faire sentir son autorité. Dans ses paroles il ne ménageait pas l’apôtre lui-même. Cette situation influente, jointe au soin des étrangers, qui paraît lui incomber, permet de voir en Diotrèphe un des surveillants ou plutôt un des diacres de cette Église, dont la doctrine paraît avoir été irréprochable, mais qui manquait des vertus requises pour ces fonctions : l’humilité dans le commandement et l’hospitalité. E. Levesque.