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CANATH — GANDAGE


incorrectes rendent la lecture douteuse. Cf. M. de Vogué, Syrie centrale, Inscriptions sémitiques, Paris, 1869, p. 97 ; Corpus inscriptionum semiticarum, pars H, t. i, p. 193-200, Paris, 1893. Les inscriptions grecques sont assez nombreuses et bien expliquées par M. Waddington, Inscriptions grecques, etc., p. 533-540. Nous y voyons que l’ethnique de Canatha est Kocva6r)véî (n 08 2216, 2331 a) ou KsvaO’ivôî (n 2343). On ne signale que deux ou trois monnaies de cette ville. Cf. F. de Saulcy, Numismatique de la Terre Sainte, in-4°, Paris, 1874, p. 400. Elle figure dans les Notices ecclésiastiques et fut le siège d’un évêché. Pour le plan et les détails des ruines, voir G. Rey, Voyage dans le Haouran, atlas in-f°, pi. v-vm.

A. Legexdre.

    1. CANCER##

CANCER (grec : Y*YïP°" va > <( gangrène » ). D’après le grec, II Tim., ii, 17, saint Paul compare les fausses doctrines des hérétiques à la gangrène, dont le virus infecte le corps et corrompt peu à peu les parties saines avoisinantes, et, si l’on n’y apporte un remède énergique, amène la mort. Ainsi l’erreur, pénétrant dans une Église, en envahit peu à peu les membres et la ravage jusqu’à ce qu’elle l’ait corrompue en entier, à moins que par le glaive de l’excommunication on ne sépare promptement les membres gangrenés : c’est ce que fit saint Paul à l’égard d’Hyménée et d’Alexandre. — La Vulgate traduit yâyYpœcva par cancer, qui diffère sans doute de la gangrène, mais, comme elle, gagne de proche en proche et dévore les chairs jusqu’à ce que le corps entier périsse : ce qui ne change pas le sens de la comparaison. Plutarque, De discrimine adulatoris et amici, xxiv, 40, édit. Didot, Scripta moralia, t. i, p. 78, dans une comparaison analogue, unit les deux mots ; il compare la calomnie à la gangrène et au cancer.

E. Levesque.

    1. CANDACE##

CANDACE (grec : Kïvoaxri), reine d’Ethiopie (fig. 55). Le livre des Actes, viii, 26-40, rapporte que le diacre Philippe convertit à la foi un Éthiopien, eunuque de cette reine, et surintendant de tous ses trésors, qui était venu à Jérusalem pour y adorer Dieu, et s’en retournait par Gaza dans son pays. — Quelle est cette Candace, reine d’Ethiopie ? Le nom d’Ethiopie, à l’époque du livre des Actes, désignait constamment chez les Juifs les régions situées au sud de l’Egypte (voir Chus, Ethiopie) ; pour personne il ne saurait être douteux qu’il ne faille chercher de ce côté le royaume de Candace. Les chrétiens d’Abyssinie, qui revendiquent pour eux tout ce que la Bible rapporte des Couschites (ou Éthiopiens, comme traduisirent les Septante), n’ont pas manqué de faire de Candace une de leurs reines, et de l’eunuque le premier apôtre de leur pays. C’est ce que nous lisons, par exemple, dans le Masehafa Mesefîr ou Livre du Mystère (Bibl. Nat., fonds éthiopien, n. 113, fol. 59-60). Le P. de Almeida, missionnaire jésuite portugais du XVIIe siècle, dans son Ilistoria de Ethiopia, 1. ir, c. vin et x (en manuscrit au British Muséum, fonds portugais, n. 9861), ainsi que le P. Tellez (Historia gênerai de Ethiopia, 1. 1, c. xxviii, 1660), ont défendu ces traditions locales de l’Abyssinie. Malheureusement, cette opinion ne repose sur aucun fondement historique ; tous les éthiopisants en conviennent depuis Ludolf jusqu’à nos jours (Ludolf, Historia Aithiopise, 1. ii, c. iv, 1880 ; Dillmann, Zur Geschichte des axumilischen Reichs, 1880, p. 4). C’est au pays de Méroë, situé au confluent du Nil et de l’Astaboras (aujourd’hui Tacassi), et dont les anciens géographes, et Ludolf lui-même (ibid.), faisaient à tort une île, qu’il faut placer le royaume de Candace. En voici la preuve. On a trouvé dans les inscriptions hiéroglyphiques de l’île de Méroé le

nom dune reine

Ca, , dace’C~JI"HI%J’Kan raconte qu’au temps de César Auguste, pendant que Gallius jElius guerroyait en Arabie avec des troupes retirées d’Egypte, les Éthiopiens se révoltèrent, attaquèrent les garnisons romaines et renversèrent les statues de César. Pétronius rassembla aussitôt ses troupes, attaqua les rebelles, les repoussa jusqu’à Pselchis, ville d’Ethiopie, et finalement les mit en pleine déroute. Or, nous dit Strabon, XVII, i, 54, et c’est là le passage important à noter ici : « Parmi ces rebelles se trouvaient les généraux de la reine

taki. Lepsius, Denkmàler, Abth. v, Bl. 47, a et h ; II. Brugsch, Entzifferung der meroilischen Schriftdenkûiàler, in-4°, Leipzig, 1887, Abth. i, p. 7. Strabon nous


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55. — Candace ou reine de Méroé frappant un groupe

d’ennemis vaincus.

D’après Lepsius, Denkmàler, Temple de Naga,

Ethiopie, Abth. v, Bl. 56.

Candace, qui, de notre temps, a commandé aux Éthiopiens, femme vraiment courageuse, qui avait perdu un œil. » Toûtwv SVjffïv %aX oi tïj{ Ba<jeXÎ<J<JT] ; mparqy ot tt| ; KorvSxxy] ; , ^ xa9’r l ii, à ; ^pU TÛv AiOiôituv, àvSptxrj tiç ywri 71£7 ; ï]pw|jiv7) ^ô 7 ÊTspov tùv ôç8a).|i(ôv. Suivent quelques hauts faits de cette reine Candace, que Pétronius finit par atteindre dans sa ville royale, fixée à Napata, au-dessous de Méroé, l’île prétendue des anciens. — Pline, à son tour, dans son chapitre sur l’Ethiopie, nous dit que dans l’île de Méroé, dont il donne la description, règne une femme appelée Candace, nom commun depuis longtemps aux reines de ce pays : « Regnare fœminam Candacem, quod nomen multis jam annis ad reginas transiit. » Pline, H. N., vi, 35. Dion Cassius, Histor. rom., liv, â, rapporte les mêmes faits que Strabon, et nous dit que sous les consuls M. Marcelluset L. Aruntius, 732 de Rome, 22 avant notre ère, Candace commandait les Élhiopiens rebelles. Enfin, Eusèbe de Césarée nous atteste que selon la coutume de l’Ethiopie, où avait régné Candace, les femmes, encore de son temps, exerçaient le pouvoir. H. E., II, i, t. xx, col. 137. Il résulte de tous ces témoignages que l’ancien royaume de Méroé était gouverné, au 1 er siècle de l’ère chrétienne, par des reines qui portaient le nom de Candace. On est donc de ce fait autorisé à placer dans ce

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