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DICTIONNAIRES DE LA BIBLE


le premier le système trilittère des racines hébraïques. Il a adopté les principes des grammairiens arabes, et il complétait’par un noun ou par les quiescentes les lettres qui manquaient dans les mots de deux consonnes. — En Orient, R. Haya Gaon, fils de Scherira, composa en arabe un dictionnaire hébreu, intitulé » ]DND, « Compilateur. »

Les mots y sont rangés suivant l’ordre alphabétique de la dernière radicale. On ne peut établir si ce rabbin connaissait le système trilittère. — Au XIe siècle, lbn-Djanalj perfectionna le système de’Hadjoudj. Son œuvre complète, qui a été publiée par Ad. Neubauer, in-4°, Oxford, 1875, est intitulée Kitâb al-tan’qih, « Livre d’examen, » et comprend deux parties. La première est une grammaire ; la seconde, qui est le dictionnaire, a pour titre Kitâb al-ousoûl, « Livre des racines. » Sous chaque racine on trouve ses différents dérivés, verbes, substantifs, etc. Les racines sont disposées alphabétiquement, et le dictionnaire est divisé en 22 chapitres. Il est très ample et compare l’hébreu avec l’arabe. Il a été traduit deux fois en hébreu, et il est cité souvent par Gesenius. S. Munk, Notice sur Abou’l-Walid Menvan Ibn-Djana’h et sur quelques autres grammairiens hébreux du x* et du xi* siècle, dans le Journal asiatique, 1850, 4e série, t. xv, p. 297-337, et t. xvi, p. 5-50, 201-247 et 353-427.

D’après Aben-Ezra, Abou Ibrahim Yiç’hak ben Baroun, de Cordoue, a fait un dictionnaire semblable à celui de Koreïsch, et intitulé « La balancé ». L’hébreu y était comparé à l’arabe, au syriaque, au berbère et au latin. Le caraïte Ali ben Soleïman a abrégé l’œuvre de David ben Abraham, d’après le résumé d’Abou-Saïd. — Salomon Par’hon, de Kal’ah, a fait en hébreu, à Salerne, à l’usage des Juifs napolitains, qui ne pouvaient consulter les dictionnaires arabes et n’avaient à leur disposition que le recueil de Menahem, un extrait du dictionnaire d’Ibn-Djanalj. Il y a ajouté des explications d’autres commentateurs. Son ^=n7n mana a été publié en 1844, par Sal. Gottl. Stern.

Un dictionnaire hébreu éclipsa celui d’Ibn-Djanah ; il est l’œuvre de David Kimchi, de Narbonne, et il parut vers l’an 1200. Son Y-on, « Perfection, » a été regardé pendant tout le moyen âge comme le chef-d’œuvre de la philologie juive. Il comprend une grammaire et un dictionnaire. Celui-ci est connu ordinairement sous le nom de o>tfi ! ?, « Racines. » Il fut imprimé deux fois àNaples, en 1490 et 1491 ; deux fois à Constantinople, en 1513 et 1530 ; trois fois à Venise, en 1529, 1545 et 1547, toujours in-folio ! Elias Lévite a joint des notes à l’édition de 1545. Robert Etienne l’a publiée à Paris, en 1548 : Thésaurus lingux sanctx ex R. David Kimchi contrattior et emendalior. Tous les chrétiens qui ont étudié la langue hébraïque se sont servis des travaux de Kimchi, qui ont exercé sur l’exégèse une influence considérable. Histoire littéraire de la France, Paris, t. xvi, 1824, p. 363-365, et t. xxvii, 1877, p. 483.

D’autres lexiques hébreux parurent en arabe, en français, en italien et en allemand. Ce sont de simples vocabulaires, qui ne sont guère que la répétition ou l’abrégé des précédents. Il existe à la Bibliothèque Nationale de Paris, ancien fonds 485 et 486, un dictionnaire hébreuprovençal et un dictionnaire hébreu-français. Le manuscrit IV, 1, de la Bibliothèque de Turin renferme un lexique et une grammaire intitulés inp r>73, « Source sainte. » L’arrangement du lexique a un caractère particulier : les mots hébreux que l’auteur explique en français se trouvent régulièrement avec la phrase biblique dans laquelle ils figurent. Le lexique est ordonné alphabétiquement, et l’explication en français est tantôt à droite, tantôt é gauche. Histoire littéraire de la France, t. xxvii, p. 487-488. Un spécimen a été reproduit par Ad. Neubauer, Rapport sur une mission dans le midi de la France et en Italie, dans les Archives des missions scientifiques et littéraires, Paris, 3 « série, t. i, 1873, p. 559-561. Le manuscrit n° 6

de Lyon contient une sorte de dictionnaire hébreu-latin et latin - hébreu avec une table des abréviations en usage chez les commentateurs de la Bible, composé par François Bouton. Ad. Neubauer, Rapport, dans les Archives des missions, ibid., p. 564.

Joseph ben David Ha-Yevani, c’est-à-dire le Grec, est l’auteur du Menorath hamaor, dont des extraits ont été publiés par Dukes, dans le journal Der Orient, 1847, p. 486. Son ouvrage est une belle compilation des lexiques et des commentaires. Il en existe à la Bibliothèque d’Oxford un manuscrit incomplet, qui ne va que jusqu’au milieu du n. Moïse han-Naqdan, de Londres, a composé un lexique intitulé Drwn nsD, « Livre de la pierre précieuse, » dont on possède un manuscrit à Oxford. Histoire littéraire de la France, t. xxvii, p. 484-487. Nous avons du savant logicien David ben Kaspi (1330) un dictionnaire logique, qui a pour titre *]D3 rmw "iw, « Chaînettes d’argent. » Selon lui, chaque racine n’a qu’une signification principale, dont les autres ne sont que des parties ou des dérivations. Ce plan conduit l’auteur à des interprétations minutieuses. Des extraits ont paru dans Der Orient, 1847, p. 482. Sur la fin du xv « siècle, Sa’adyah ben Danân, fils de Maïmoun, écrivit en arabe un dictionnaire hébraïque qui a une certaine originalité. Les articles sont très courts et paraissent être une compilation des lexiques précédents. On y remarque des explications ingénieuses. Cf. Ad. Neubauer, Notice sur la lexicographie hébraïque, avec des remarques sur quelques grammaires postérieures à Ibn-Djanàh, dans le Journal asiatique, 5° série, t. xviii, 1861, p. 441-476 ; t. xix, 1862, p. 47-81, et t. xx, 1862, p. 201-267.

3° Vers la fin du xve siècle et au commencement du xvie, sous la double influence de la Renaissance et de la Réforme, les chrétiens, catholiques et protestants, étudièrent avec zèle la langue hébraïque. Ils se mirent naturellement à l’école des rabbins, et leurs premiers travaux sont fortement empreints de l’esprit de leurs maîtres. Leur science est toute rabbinique. Les deux premiers livres De rudimentis hebraicis, in-4°, Pforzheim, 1506, de Jean Reuchlin, sont un lexique, dont Sébastien Munster a donné une édition séparée, Dictionarium hébraicum, in-f", Bâle, 1537. — Un Juif converti, Alphonse de Zamora, composa le Lexicon hebraicum de la Polyglotte d’Alcala, 1517, qui fut publié à part sous le titre de Vocabularium brève omnium fere primitivorum hebraicorum, in-4°, Alcala, 1526. Voir t. i, col. 420.

— Sébastien Munster rédigea un Dictionarium hebraicum, in-8°, Bâle, 1523. Une deuxième édition beaucoup augmentée parut au même lieu et dans le même format, en 1525 ; elle fut reproduite en 1535, 1539, 1548 et 1564. Signalons encore son Dictionarium trilingue, latinum, grsecum et hebraicum, in-f% Bâle, 1530, 1543 et 1562. — Le dominicain Santé Pagnino publia

WTjîn jWS lïiN, hoc est, Thésaurus linguse sanctx, sive

lexicon hebraicum, in-f", Lyon, 1529 et 1536, d’après Kimchi. Cet ouvrage fut mis en ordre et augmenté par Jean Mercier, Antoine Chevallier et Bonaventure-Corneille Bertram, in-f°, Lyon, 1575, 1577, et Genève, 1614. Il fut aussi abrégé, Thésaurus linguse sanctx contractus et excerptus ex David Kimchi, in-4°, Paris, 1548. F. Raphalengius (Ravlenghien) revit et corrigea cet abrégé et l’adjoignit à la Polyglotte d’Anvers, in-f°, 1572. Cet Epitome thesauri lingux sanctx fut plusieurs fois réimprimé à part, in-8°, Anvers, 1572, 1578, 1588, 1609 et 1616 ; Leyde, 1599. — André Placus fit un Lexicon biblicum, id est, grxcarum, hebraicarum et aliarum peregrinarum dictionum qux in sacris Litleris habeniur interpretatio, in-f », Cologne, 1536, 1543 et 1553.

Nous retrouvons des rabbins. Anschef est l’auteur du Mirkébéf hammiméh, Le second char. Voir t. i, col. 656. — Elias Lévite composa cnaT rnnif, id est, Nomina rerum, traduit par Paul Fage, in-4°, 1542. Jean Drusius