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DIANE

[Image à insérer] 496. — Temple de Diane sur une monnaie d’Éphèse
ΑΥ. ΜΑΡ ΑΥΡ ΑΝΤΩΝΕΙΝΟϹ. Buste de Caracalla lauré, à droite. ꝶ. ΔΙΣ ΝΕΟΚΟΡΩΝ. ΕΦΕΣΙΩΝ. Temple à huit colonnes, au milieu desquelles on voit la statue de la Diane d’Éphèse.

Giessen, 1888, p. 22-24, Ils lui faisaient de nombreuses offrandes et célébraient des fêtes pompeuses en son honneur, en particulier les Artemisia, pendant le mois d’Artemision, qui lui était consacré. Corpus inscript, graecar., n° 2954 ; Wood, Discoveries, suscript, from the gr. Theat., col. vii, 1. 14-15 et 29, p. 40 ; Inscript, from the Temple of Diana, n° 17, p. 19. Des redevances étaient assignées pour l’entretien et l’ornementation de la statue, des fondations étaient faites dans le même dessein par des particuliers ou des magistrats. Wood, Discoveries, suscript, from the gr. Theat., n° 1, p. 2 ; col. iii, l. 15, p. 10 ; col. iv, l. 39, p. 14 ; col. vi, l. 46, p. 32, col. vii, l. 30-42, p. 42 ; cf. col. ii, l. 20-30, p. 6-8. Les jours de fête tous ces trésors étaient portés en procession.

Un temple magnifique était consacré au culte de la déesse. Ce monument, tel qu’il était sous l’empire, est représenté sur un grand nombre de médailles (fig. 496). Il avait huit colonnes de lace et était d’ordre ionique. D’après Pline, H. N., xxxvi, 14, il avait en tout cent vingt-sept colonnes, de soixante pieds romains, c’est à-dire de vingt mètres de haut. Trente-six d’entre elles étaient ornées à la base de hauts-reliefs. Les inscriptions qu’elles portent montrent qu’elles avaient été offertes par des adorateurs de la déesse. Le temple était bâti sur un marais. Il avait été élevé aux frais de l’Asie tout entière, et sa construction avait duré plus de deux siècles, ou même plus de quatre, d’après certains manuscrits. Un grand nombre de rois avaient offert les colonnes. La plate-forme sur laquelle il était bâti avait 137 mètres 40 de long sur 71 mètres 85 de large. Le monument lui-même avait 104 mètres de profondeur sur 50 mètres de façade. Les fouilles ont amené la découverte de trois pavements superposés. Au-dessous du plus bas, on a trouvé une couche de charbon, entre deux couches d’une sorte de béton. Ce sont les couches dont parle Pline, H. N., xxxvi, 14, et qui étaient, selon lui, destinées à garantir l’édifice contre les tremblements de terre. Cf. E. H. Plumptre, St. Paul in Asia Minor, in-16, Londres, sans date, p. 98-99 ; W..T. Conybeare et J. S. Howson, The Life and Epistles of St. Paul, nouv. édit., in-8°, Londres, 189), p. 419-423.

Les fouilles les plus importantes et les plus fructueuses qui aient été faites à Éphèse ont été dirigées, de 1863 à 1874, par J. T. Wood, et consignées dans le livre cité plus haut : Discoveries, etc. Le temple de Diane avait été plusieurs fois reconstruit. Le premier monument, qui était en marbre de Prion, avait été édifié par l’architecte Chersiphron. Strabon, XIV, I, 22. Toutes les cités grecques d’Asie avaient concouru aux frais de l’édifice. Crésus, roi de Lydie, y avait également contribué. Le travail n’avait pas duré moins de cent vingt-cinq ans, sous la direction d’habiles architectes, notamment de Pœonius. La dédicace du monument fut célébrée par le poète Timothée, contemporain d’Euripide. Peu après, la nuit même où naissait Alexandre le Grand (356 avant J.-C), Érostrate mit le feu au temple. Le roi de Macédoine, après la victoire de Granique, célébra à Éphèse une fête solennelle en l’honneur de la grande déesse, et offrit de reconstruire le temple à ses frais, à condition qu’il y inscrirait son nom. Les Éphésiens refusèrent, et Alexandre dut se contenter de faire diriger les travaux par l'architecte Dinocrate, et d’y placer son portrait peint par Apelles. Strabon, XIV, 1, 23 ; Pline, H. N., vii, 38. Cet édifice était celui qui subsistait encore au temps de saint Paul. C’était un des chefs-d’œuvre du style ionique.

Le temple de Diane était desservi par de nombreux prêtres. Les inscriptions nous font connaître des grands prêtres, ἀρχιερεῖς. Corpus inscript. graecarum, n°2955 ; cf. n° 2987, I. 7. Ces grands prêtres portaient aussi le nom d’ἐσσῆναι, c’est-à-dire de rois. Wood, Inscriptions from the great Theater, VI, 1. 56-57. Sous ses ordres : étaient les μεγάβυζοι ou μεγαλόβυζοι, qui étaient eunuques. Strabon, XIV, 1, 23 ; Pline, H. N., xxxv, 93. Il y avait aussi des devins ou théologiens, θεολόγοι ; des chanteurs d’hymnes, ὑμνοδοί ; des porteurs de sceptres, σκεπτοῦχοι, Wood, Inscript. from the gr. Theat., p. 22, 1. 61 ; des purificateurs, καθαρσίοι, l. 84-85 ; des interprètes d’oracles, θεσμῳδοί, ibid., et des acrobates, ibid., p. 36 ; cf. col. vii, 1. 13, p. 40 ; des sacrificateurs, ἐπιθυμίατροι ou ἀκριτοβάται, Corpus inscript. graec., n° 2983 ; des hérauts sacrés, ἱεροκήρυκες, Corpus inscript. graec., n° 2982, 2983, 2990 ; Wood, Inscript, from the Augusteum, vi, 8 ; des curateurs du temple, etc. Les prêtresses étaient aussi très nombreuses ; elles portaient le nom de μελλιέραι ἱέραι ou παριέραι. Corpus inscript. graec. n° 3001-3003. Enfin des femmes, qui portaient le titre de κοσμητεῖραι ou femmes de chambre de la déesse, étaient chargées de prendre soin de la statue, Wood, Inscript. from the city and suburbs., n° 14, p. 36, et des joueuses d’instruments prenaient part aux fêtes. Corpus inscript. graec. n° 2983. Il y avait donc un personnel considérable attaché au temple, et l’on comprend l’émoi de tout ce monde à la pensée que la prédication de saint Paul allait ruiner le culte de la déesse.

De plus, les pèlerins avaient l’habitude d’emporter en souvenir des objets qui leur rappelaient le sanctuaire et la divinité. Les commentateurs ont beaucoup discuté sur la question de savoir quelle était la nature de ces objets. Saint Jean Chrysostome pense qu’il s’agit de petits coffrets contenant des amulettes, des statues de Diane ou des lettres magiques appelées lettres éphésiennes (voir t. 1, col. 528), qui étaient censées protéger contre les maladies, les dangers et le mauvais sort. Baronius croit qu’il s’agit de statues de Diane enfermées dans des sortes de niches. Cornélius à Lapide, In Act., xix, 24, édit. Vives, t. xvii, p. 357, est d’avis que les objets en question étaient des réductions du temple. Il en donne pour preuve l’emploi du mot ναούς par saint Luc. Les découvertes archéologiques modernes ont jeté une vive lumière sur la question. On a trouvé, en effet, un grand nombre de ces objets, en marbre ou en terre cuite, se rapportant au culte de Cybèle ou d’Artémis. La déesse est représentée dans une niche. Les ναοί d’Éphèse devaient être semblables (fig. 497). E. Curtius, Mitinctiongen des deutschen archâologisch. Institut in Athen, t. ii, 1877, p. 49, pl. iii. Cf. Journal of Hellenic studies, t. iii, 1882, p. 45. C’étaient de véritables petits sanctuaires, et le mot ναός s’applique très exactement ; car le vase est à proprement parler la niche dans laquelle est placée la divinité. Une peinture de Pompéi représente un ναός de ce genre porté par des ναοφοροί. Th. Schreiber, Kulturhis-