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DIACONESSE — DIACRE


les femmes, vierges ou veuves, qui étaient officiellement chargées, dans les premiers siècles de l’Eglise, de certaines fonctions attenant au ministère ecclésiastique. L’Écriture donne peu de renseignements sur cette institution. Saint Paul est le seul qui la mentionne. — 1° Parlant des évêques et des diacres dans sa première Épitre à Timothée, il intercale au milieu du passage qu’il consacre aux diacres un verset où il dit : « Que les femmes également soient graves, exemptes de médisance, sobres et fidèles en toutes choses. » iii, 11. Il est clair que l’Apôtre ne parle pas des femmes en général, mais d’une catégorie spéciale parmi elles. A-t-il voulu désigner les épouses des diacres, comme le pense saint Thomas, ou même celles des prêtres et des évêques, comme le veut Estius ? C’est possible. Toutefois une grande partie des interprètes catholiques croient qu’il s’agit là des diaconesses. — 2° Un autre passage concerne les veuves : « Pour être inscrite comme veuve, il faut n’avoir pas moins de soixante ans, n’avoir eu qu’un mari, mériter bon témoignage sous le rapport des bonnes œuvres, avoir bien élevé ses enfants, exercé l’hospitalité, lavé les pieds des saints, secouru les affligés, accompli toutes sortes de bonnes œuvres. Mais écartez [de ce nombre] les jeunes veuves. » I Tim., v, 9-11. Selon plusieurs interprètes, ce passage concernerait les veuves pauvres en général, qui étaient nourries aux frais de la communauté chrétienne. Mais d’autres pensent, et nous sommes de leur avis, qu’il s’agit là d’un collège de veuves consacrées à Dieu, qui aidaient plus ou moins les ecclésiastiques dans leur ministère. Autrement, on ne s’expliquerait pas la sévérité des conditions posées par l’Apôtre. Il serait exorbitant d’exiger à la fois un âge si avancé et une perfection si haute pour l’admissibilité à des distributions de secours matériels. En revanche, ce sont des conditions toutes naturelles pour faire partie d’un collège d’élite. Tel était précisément le cas des diaconesses. Aussi plusieurs interprètes les identifient avec les veuves dont parle saint Paul. Cf. entre autres : Tertullien, Ad ûxorern, i, 7, t. i, col. 1286 ; saint Épiphane, Hmres., lxxix, 3-4, t. xlii, col. 744-745. Peut-être cependant y aurait-il lieu de les distinguer. Des personnes de soixante ans ou davantage auraient pu difficilement remplir toutes les fonctions que l’histoire des premiers siècles chrétiens attribue aux diaconesses. Le collège des veuves en question était plutôt, selon nous, un collège parallèle, qui aidait celui des diaconesses et servait en partie à le recruter. Cf. Van Steenkiste, Actus Apostolorum illustrati, Bruges, 4e édit., 1882, append. vi, De diaconissis.

— 3° Enfin saint Paul mentionne une certaine Phœbé, comme « employée », in ministerio, oùo-av Btâxovov, dans l’église de Cenchré. Rom., xvi, 1. Mais nous n’avons aucun renseignement sur son ministère. — Voir Pien (Pinius), De Ec.clesix diaconissis, dans les Acla sanctorum des Bollandistes, en tête du premier tome de septembre. J. Bellamy.

    1. DIACRE##

DIACRE (grec : Siâxovoç ; Vulgate : diaconus). Le grec êiixovoç, « serviteur, » a dans le Nouveau Testament deux acceptions, qui sont bien diflérenciées en latin par les mots minister et diaconus. La première, celle qui correspond à minister, « serviteur, ministre, » est une acception large, qui s’applique à toutes sortes de services ou fonctions, par exemple, au service des anciens, II Cor., XI, 23, etc. La seconde, celle qui correspond à diaconus, « diacre, » est une acception stricte, qui désigne uniquement les clercs placés au troisième rang de la hiérarchie ecclésiastique, c’est-à-dire après les évêques et les prêtres. Quand il s’agit de ces clercs, la Vulgate emploie toujours le mot diaconus.

1° Origine des diacres. — Rien n’appuie l’opinion de Vitringa, De synag. vet., p. 895, qui croit que le diacre correspond au hazzân (ùotipéttk, Luc, iv, 20) ou « serviteur s de la synagogue. L’occasion et le but de l’insti tution du diaconat sont clairement racontés dans les-Actes. Un abus qui s’était glissé dans la distribution des secours matériels que donnait aux veuves la primitive Église de Jérusalem fut l’occasion de leur institution. Les Apôtres, estimant avec raison qu’il leur était impossible de sacrifier le double ministère de la prièreet de la prédication à des services économiques d’ordre inférieur, jugèrent à propos de s’adjoindre des auxiliaires d’élite, qui s’occuperaient à l’avenir « du service des tables », sans préjudice, bien entendu, de fonctions plus importantes. Au lieu de choisir eux-mêmes leurs auxiliaires, les Apôtres préférèrent abandonner ce choix aux fidèles, afin sans doute d’avoir comme auxiliaires des hommes jouissant de la confiance publique. Ils fixent néanmoins le nombre des exigibles (sept), en même temps qu’ils se réservent la consécration des élus~ Act., VI, 1-6. Ces derniers eurent-ils immédiatement hr titre officiel de « diacres » ? Le texte ne leur donne pas ce nom ; mais il caractérise pourtant leurs ionctions par les mots Seaxovîâ et Siaxovetv, ministeriuni, ministrare.

— En comparant ce passage des Actes aux autres endroits où il est question nommément des diacres, I Tim., iii, 8-10 ; Philip., i, 1, on voit qu’il s’agit non d’un ministèretransitoire et d’origine purement humaine, mais d’une institution plus haute, ayant un caractère définitif et suggérée aux Apôtres par l’Esprit-Saint. Autrement on nes’expliquerait bien ni l’importance majeure qu’attachent les Apôtres au choix des sept premiers diacres, ni la préoccupation visible qu’ils apportent à marquer les conditions que doivent remplir les futurs élus, ni la solennité dont ils entourent l’institution nouvelle, ni l’énumération des rares qualités qu’exige saint Paul de la part des diacres, ni l’étroite association qu’il établit entre eux et les évêques.

2° Fonctions des diacres. — La Bible n’en mentionne que trois : le service des tables, Act., VI, 2 ; la prédication, Act., vii, 2-53 ; viii, 5 ; l’administration du baptême. Act., viii, 38. Encore la dernière est-elle un fait isolé ; et il n’y a que deux exemples bibliques de prédication ou de controverse par des diacres, saint Etienne et le diacre Philippe. Act., viii, 5 ; vii, 2-53. « Dans la première Épître à Timothée, où il est encore parlé d’eux assez longuement, il n’est pas donné de détails bien précis sur la nature de leurs fonctions ; mais les qualités que l’Apôtre requiert en eux sont bien celles qui conviennent à des ministres sacrés préposés au soin des choses extérieures. I Tim., iii, 8-13. » Leurs fonctions primitives sont clairement marquées dans les Pères apostoliques et les apologistes. Voir De Smedt, Organisation des églises chrétiennes jusqu’au milieu du m" siècle, dans le Congrès scientifique international des catholiques, Paris, 1888, t. ii, p. 297-338.

3° Ordination des diacres. — À l’instar des évêques, ils étaient constitués dans leurs fonctions par une cérémonie qui comprenait deux choses principales : la prière et l’imposition des mains. Act., vi, 6. Mais une épreuve préalable était nécessaire. Avant d’être ordonnés, ils devaient être jugés « irréprochables, àvéy>n)XTOi 6’vte ; ». I Tim., iii, 10.

4° Qualités des diacres. — Saint Paul les énumèredans sa première Épitre à Timothée, iii, 8-10, 12. Les unes, exprimées sous forme négative, exigent surtout l’absence de défauts qui sont incompatibles avec l’état ecclésiastique. « Que les diacres ne soient pas doubles dans leurs paroles, ni adonnés au viii, ni à la recherched’un gain sordide. » Les autres, exprimées sous formepositive, sont au nombre de quatre : l’honnêteté ou la dignité de la vie en général, o-e^oûc ; la connaissance des mystères chrétiens, la pureté de la conscience, et enfin la continence, sinon absolue, du moins relative, qui exclut les secondes noces. L’opinion protestante, qui voit seulement dans ce dernier passage l’exclusion de la bigamie simultanée, est inadmissible. Voir Bigamie, 1. 1, col. 1792.